filter
fabien clouette
-
Des vies océaniques : Quand des animaux et des humains se rencontrent
Fabien Clouette
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 14 March 2025
- 9782021545654
Un phoque qui grandit parmi les surfeurs, un dauphin qui préfère vivre dans les ports plutôt que parmi ses congénères, un groupe d'orques qui « attaque » des voiliers : le milieu maritime a ceci de formidable que les interactions avec de grands mammifères y sont plus évidentes que sur la terre ferme ; phoques et cétacés viennent volontiers au contact, particulièrement depuis la fin des grandes exploitations baleinières.
Cet ouvrage va à leur rencontre et retrace la vie « personnelle » de quatre d'entre eux à la destinée exceptionnelle, car partagée avec les humains. You, Zafar, Kalon et Gladis sont des personnages du littoral atlantique dont on lira la trajectoire souvent heurtée, parfois tragique, toujours troublante. Leur parcours déplace la catégorie de « déviance » dans un règne animal que l'on considère généralement comme répondant aux lois de l'instinct et de la survie.
Au fil de ces biographies, des questions inédites émergent : quelle relation possible avec un mammifère sauvage ? Ces animaux poursuivent-ils des existences qui les font déborder des frontières de leur espèce ? En regard, ce sont les politiques de conservation tout autant que celles de la pêche, de la plaisance ou du tourisme qui sont discutées : comment réagir, soigner, préserver, cohabiter avec ces mammifères singuliers qui nous interpellent ? -
Tombant est l'histoire d'un été adolescent frappé par un terrible accident : quatre jeunes roulent de nuit sur une route côtière, la veille d'une cérémonie pour leur ami Cosmos, péri en mer sur un chalutier. La voiture chute d'une falaise, et le conducteur, à mesure qu'elle s'enfonce dans l'eau, revit les souvenirs de l'été qui vient de se dérouler. C'est une histoire tendre dans un décor hostile : un amour et des amitiés adolescentes dans un port, semblable à Saint-Malo, affecté par la montée des eaux et par des incendies à répétition.
-
Speedboat ; manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée
Fabien Clouette, Quentin Leclerc
- L'Ogre
- 21 March 2019
- 9782377560493
-
Cela fait plusieurs années que le roi n?a pas fait d?apparition publique et le bruit court qu?il est mort. Sur le port de commerce, en pleine saison des carnavals, la colère gronde : ce renversement symbolique mènera ses habitants à la révolution.
Fabien Clouette nous plonge dans un embrasement populaire et suit le destin de Danvé, Levant et Yasen lors de cette journée de soulèvement. Le Bal des ardents se présente comme un roman historique sur un fait imaginaire, une fiction brillante sur le pouvoir et la fabrique de l?histoire. L?action du Bal des ardents se déroule le temps d?une journée. Ce jour, on pourrait le placer sur une frise chronologique. D?ailleurs, dans les livres d?Histoire, le « Bal des ardents », aussi appelé « Bal des sauvages », est une date : le 28 janvier 1393, Charles VI et quelques nobles prennent feu en plein charivari. C?est une date de l?histoire du royaume de France qui fonctionne ici comme une métaphore du carnaval du pouvoir, du désordre, de l?inversion des valeurs, de la danse macabre, de la révolution folle et en feu.
Le présent roman ne raconte rien de cet événement historique précis de la France médiévale, mais il reprend la charge symbolique et imaginaire qui fait d?un jour de révolution un événement, au passé comme au présent, ici comme ailleurs. Car nous chantons les sons des orages sans bruit.
-
Un petit village en bord de mer s'est agrégé autour de l'hôtel construit par la famille de Cap Vrai. Les parents vieillissant, il vient à assumer la charge de l'établissement, enfin pas directement, puisqu'il est persuadé que c'est son frère, le Chef, mort prématurément dans son enfance qui assume cette responsabilité. Ainsi Cap Vrai a deux personnalités, celle de son frère décédé et la sienne perdue dans les méandres de l'enfance. Sous son impulsion involontaire et l'ambition d'une famille de notables, le village change et s'ouvre au tourisme. Un deuxième hôtel est construit, mettant en péril le fragile équilibre de sa vie. Cap Vrai assassine le directeur du nouvel hôtel, Nègue-Chin. Un procès s'ensuit, accompagné d'une expertise psychiatrique. Cashon, un assistant médical plus intéressé par les ragots du village que par sa fonction, est chargé de mettre en forme les résultats de l'expertise et de son enquête. C'est ce texte éclaté et tâché de beurre de sandwich qui est donné à lire ici.
Faisant de constants allers-retours entre passé et présent, ainsi qu'entre les différentes subjectivités des personnages, Fabien Clouette parvient, avec une langue neuve qui doit beaucoup au pouvoir d'évocation du cinéma, à perdre le lecteur dans les méandres oppressants de la psyché de Cap Vrai et des commérages de Cashon. Le lecteur croit toujours être sur le point de découvrir le secret du livre, d'être en mesure de combler les trous de l'histoire qu'il est en train de reconstruire, d'aller plus loin que la seule écume, que les allusions et les non-dits, pour enfin mettre au jour le réel qui se tapit sous le témoignage de Cap Vrai, témoignage qui flirte en permanence avec l'hallucination. Mais ce réel, bien évidemment, est destiné à nous rester inconnu. Car ce livre n'est pas un roman policier, et, s'il s'apparente à un polar - au sens de roman noir, de tragédie, de huis clos à ciel ouvert -, c'est avant tout une grande oeuvre littéraire.
Le titre de ce premier roman annonce d'ailleurs cette ambition: tout ce qui est donné à voir et à lire au lecteur, ce sont ces quelques rides qui affleurent à la surface de la réalité, jamais les courants sous-jacents qui sont à l'origine de ces mouvements. Le lecteur, essoufflé, a donc en permanence l'impression qu'il se passe des choses extrêmement importantes sous ses yeux, décisives, sans pour autant être capables d'en percer le sens ultime. Nous voyons s'agiter ces habitants d'un village directement sorti de Twin Peaks comme autant de petites marionnettes dont les ressorts qui les meuvent nous demeureraient incompréhensibles.
Il existe très peu de romans que l'on peut rapprocher de Quelques rides. S'il devait en évoquer un - non seulement pour sa frénésie mystérieuse, mais également en raison de son personnage principal tout en « présence absente », comme s'il était le centre vide d'une révolution -, ce serait sans conteste Les Démons de Dostoïevski.
Cinéaste et diplômé de l'EHESS, Fabien Clouette est né en 1989. Son premier long-métrage Bx46 est sélectionné au festival international de cinéma de Marseille, et il est l'auteur d'une nouvelle, Une épidémie, publiée sur Publie.net. Quelques rides est son premier roman.
Extrait : « L'accident n'a pas tué Nègue-Chin comme il a tué le frère, le jardinier, la muette et les autres. Capvrai a tué le type ; car on l'a pas fait pour lui. Pas les cerfs en tout cas. Fallait y aller. Et les hôtels sont détruits les uns après les autres. Sur le chemin, je présente ma carte de réduction au contrôleur, et nous discutons un temps de la prononciation de mon nom « Cashon ». Alors que ses mains terreuses et mouillées déchirent le ticket, j'ai envie d'un sandwich et d'une bonne douche. »
-
Plus besoin d'une barque depuis que la ville est dépeuplée. Il se fait tard, si la nuit m'emporte, le fard de la nuit tombera sur ma porte. Dans une citadelle étrange et minérale rebattue par les vents, une mise en quarantaine touche à son terme. Tentant de retrouver une vie normale, le narrateur se tourne vers l'écriture. Mais dans quel état l'épidémie a-t-elle laissé la ville ? Et comment s'assurer qu'elle est bien terminée ? Dans un roman court et limpide qui s'inscrit dans un autre temps, Fabien Clouette approche à la fois les figures de Julien Gracq et de Maurice Pons et fait de sa fièvre une quête. Ce texte a paru pour la première fois sur la revue en ligne nerval.fr.