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evelyne toussaint
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Cet ouvrage trace une histoire de l'art du graffiti à travers l'évolution du travail de Tilt. Partant du writing, ce genre de graffiti fondé sur le dessin et la peinture de lettres dont se réclament encore aujourd'hui nombre de graffeurs - parmi lesquels Tilt - qui entendent affirmer leur spécificité et opposer une forme de résistance au tournant « street-art » de la production visuelle actuelle dans l'espace public. Tilt peint son premier tag éponyme en 1990. Il sait dès lors que le graffiti sera une passion à vie. Le graffiti traduit un rapport libertaire, voire anarchiste, invasif, à la ville, contre l'autoritarisme de l'architecture et de l'urbanisme, la sur-implantation de la publicité, l'enlaidissement de certains quartiers. Son contenu, dans la pratique de Tilt, n'a pas besoin d'être explicitement militant : ce qui est politique, ici, c'est le geste lui-même, sous une forme activiste d'intervention sur le territoire. À partir de 2016, Tilt va recréer en atelier des séries d'abstractions. Ces oeuvres provoquent le même effet de surprise que celui que suscite un graffiti dans la ville, elles sont à la fois inscrites dans les origines subversives du graffiti et dans l'histoire de la peinture. Qu'il soit « vandale », dans la rue, où il appartient à tout le monde, ou qu'il devienne objet à vivre comme en décidèrent les premiers graffeurs qui investirent les galeries d'art newyorkaises dès les années 1970, l'histoire du graffiti continue ainsi à s'écrire.
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Postcolonial / décolonial. la preuve par l'art
Evelyne Toussaint
- Pu Du Midi
- Tempus Artis
- 8 July 2021
- 9782810707089
Les liens entre l'art contemporain et les questions de colonialité, postcolonialité, et décolonialité sont anciens et multiples. Des artistes occidentaux et nonoccidentaux, depuis plusieurs décennies déjà, s'en sont emparés pour produire des oeuvres qui témoignent de leurs engagements politiques, sociétaux et esthétiques. Associant 20 historiens de l'art et chercheurs en littérature, philosophie, droit ou psychanalyse, Postcolonial / Décolonial. La preuve par l'art présente des travaux portant sur des démarches artistiques (Betye Saar, Fred Wilson, Sarkis, Lidwien van de Ven, Voluspa Jarpa, des artistes du collectif Mira au Mexique, Iris Kensmil, Jean Renoir, et bien d'autres), mais aussi sur des propositions institutionnelles (notamment initiées par le Centro de Arte y Comunicación de Buenos Aires, la Biennale de Venise ou le Van Abbemuseum d'Eindhoven), associées en de nouveaux réseaux de solidarités. Sous un angle historiographique et épistémologique, on trouvera ici des analyses des fondements historiques, théoriques et idéologiques du postcolonial dont les théorisations, loin de la saturation conceptuelle dont certains veulent les accuser, concernent particulièrement l'histoire de l'art.
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Luc Chery ; la traversée des apparences
Dominique Dussol, Xavier Rosan, Evelyne Toussaint
- Le Festin
- 15 April 2010
- 9782360620074
Catalogue de l'exposition présentée à la Vieille Église Saint-Vincent de Mérignac du 17 avril au 13 juin 2010.
Rassemblant à la fois des séries anciennes et récentes, cet ouvrage consacré au travail photographique de Luc Chery couvre une production s'échelonnant sur plus de vingt ans, de 1985 à nos jours. Le regard rétrospectif permet d'apprécier, au-delà de la diversité des sujets abordés (faune noctambule dans les années 1980, flore de Taravao, dépouilles d'animaux, Jérusalem, habitats précaires...), les permanences et la trés grande cohérence qui s'en dégagent. Contrairement à l'instantanéité que réclame la photographie de reportage, Luc Chery ne vole pas un sujet au débotté, mais l'ausculte longuement, l'apprivoise et s'en infuse au terme d'une longue maturation afin d'établir un rapport de confiance, une sorte de contrat tacite entre son motif et lui-même. Ainsi, plantes exotiques, dépouilles d'animaux, habitations précaires sont méticuleusement observées, recomposées, ordonnées, selon un cérémonial quasi rituel.
D'une indéniable picturalité, ses photographies semblent emprunter au langage du peintre ses effets de composition, de chromatisme, de matière et surtout de lumière. Reflets, transparences, clairs obscurs contribuent à renforcer plastiquement l'impression d'errance entre deux médiums, comme si l'artiste refusait l'arrêt sur image. Car c'est aussi un travail sur le temps et hors du temps, qui constitue une seule et même oeuvre. In fine, les photographies de Luc Chery ne se placent pas tant du côté de la démonstration que de celui de la révélation.
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La fragilité, la mémoire et la nécessité du témoignage sont les thèmes centraux de la démarche commune d'Anne et Patrick Poirier.
Des installations de maquettes de sites archéologiques ruinés, de gigantesques sculptures-écroulements, des dizaines de journaux-herbiers, des centaines d'empreintes et de photographies instaurent des fictions paradoxales qui valent à ces artistes, depuis le début des années 1970, une reconnaissance internationale. Ce livre propose un "retour" aux oeuvres, afin de dissiper ambiguïtés et malentendus ayant pu laisser penser qu'Anne et Patrick Poirier s'adonnaient à la nostalgie d'un mythique passé, alors que l'axe central de leur travail est l'actualité du monde, l'affirmation post-exotique de la nécessité d'opposer l'intelligence à la violence, la culture à l'intolérance, la mémoire à l'amnésie.
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" Le matériau qu'utilise Jean-Philippe Roubaud pour construire ses jeux de langage et d'images est inépuisable. L'histoire de l'art, fonctionnant comme les bandes de Buren, en tant qu'outil visuel, fournira le vocabulaire. Quant à la grammaire, elle relèvera du witz, du mot d'esprit, dans le télescopage d'idées hétéroclites et la condensation de sens multiples. Mêlant références et autoréférence, valeur iconique et signes plastiques, chaîne de signifiants flottants et signifiés plus ou moins repérables. Dès lors un certain nombre de définitions conceptuelles qui donnent par ailleurs lieu à débats (réalité-fiction, abstraction-figuration, réel-symbolique-imaginaire, etc.) sont ici reconsidérées. Pour y gagner en humour. "
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Duchamp à la bibliothèque Ste Geneviève
Yves Peyré, Evelyne Toussaint
- Le Regard
- 2 October 2014
- 9782841053285
L'oeuvre de Marcel Duchamp se présente comme une mythologie en marche, son destin d'homme obéit à la même loi. Tout ce qu'il entreprend est baigné par le mystère et placé dans la distance d'une ironie. Il est évident que la surprise est constante pour celui qui le découvre et que toute la lumière n'est pas toujours faite sur cet itinéraire hors-norme.
L'un des points parmi les moins explorés de son histoire correspond à son séjour à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Il y est resté pendant une assez longue période, très exactement deux ans, de 1913 à 1915. C'est le seul lieu où il entreprit de s'astreindre à un travail, fuyant le statut d'artiste pour se protéger sous le masque du bibliothécaire. Duchamp aura toujours la plus grande nostalgie de ce passage.
Situé entre son voyage à Munich qui marque la fin de sa pratique de la peinture et son séjour à New York qui le voit élaborer une oeuvre sans précédent, son temps à la Bibliothèque Sainte-Geneviève est marqué par un intense effort de réflexion à partir de textes et d'images qu'il découvre dans des livres consacrés à la perspective et à la géométrie. La Boîte verte et une large partie des notes seront l'expression de cette quête. Duchamp cherche du nouveau et il le trouve dans des volumes qui vont du XVIe au XIXe siècle. Il lit, lève des dessins et retient des citations. Tout cela forme le réservoir inépuisable qui permettra à ses chefs d'oeuvre de s'élancer, Le Grand Verre ou Étant donnés, comme aussi à ses productions en marge.
Ce temps intermédiaire qui explique la large explosion Duchamp aux États-Unis n'a jamais été considéré à sa vraie mesure. C'est une prise en compte complète de ce phénomène qu'Évelyne Toussaint et Yves Peyré ont souhaité réaliser, la première au gré d'une approche analytique, le second par le biais d'un regard synthétique. Une part du voile se lève sur les énigmes qui s'attachent à la trajectoire Duchamp, la réponse se tenait entre la richesse des collections de la Bibliothèque, son ambiance apaisante et le plaisir que Duchamp prit à s'y mouvoir et à s'y refonder par l'exercice patient de la lecture qui l'imprégna durablement, qu'il laissa lentement infuser en lui.
Le volume Marcel Duchamp à la Bibliothèque Sainte-Geneviève donne ainsi un aperçu nouveau de la création selon Marcel Duchamp tout en révélant l'une des sources les plus fécondes de son oeuvre.
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Africa remix : une exposition en questions
Evelyne Toussaint
- Lettre Volee
- Essais
- 21 August 2013
- 9782873173913
Six pays d'Europe, d'Afrique et d'Asie ont présenté l'exposition « Africa Remix. L'art contemporain d'un continent » à Dusseldorf, Londres, Paris, Tokyo, Stockholm et Johannesburg, de 2004 à 2007. Le cycle est entré dans l'histoire des grandes expositions d'art contemporain en suscitant enthousiasmes et critiques, réactualisant les débats provoqués en 1989 par les « Magiciens de la Terre » dont le commissaire, Jean-Hubert Martin, faisait également partie de l'équipe curatoriale d'« Africa Remix ». Les polémiques ont d'emblée mis l'exposi- tion « en questions » : comment justifier la perspective géographique annoncée par le titre alors que l'art contemporain ne connaît pas de frontières ? Quelle est la spécificité, s'il y en a une, de l'art contemporain africain ? Les thèmes retenus par les commissaires (« identité et histoire » ; « corps et esprit » ; « ville et terre ») suffisent-ils à construire un concept d'exposition ? Celle-ci est-elle en lien avec les Postcolonial Studies comme invite à le penser le titre d'un colloque organisé à cette occasion au Centre Pompidou - « Les postcolonial studies en débat » ? L'ouvrage revient tant sur les propositions artistiques que sur le point de vue des commissaires, en interrogeant les résonances entre art contemporain et théories postcoloniales.