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emmanuelle tixier du mesnil
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Savoir et pouvoir en al-Andalus au XIe siècle
Emmanuelle Tixier du Mesnil
- Le Seuil
- L'univers Historique
- 13 May 2022
- 9782021473636
Al-Andalus continue de susciter fantasmes, nostalgie et projections de toutes sortes. Tour à tour érigée en haut lieu de la tolérance islamique, en paradis perdu dont ne subsistent que de délicats palais et l'écho lointain d'un art de vivre disparu, mais aussi en théâtre d'une lutte à mort entre Islam et Chrétienté, elle est l'une des rares terres ayant donné naissance à des mythes aussi riches que contradictoires.
Ce morceau d'Europe qui fut à l'Islam a heureusement laissé des textes qu'Emmanuelle Tixier du Mesnil se propose de relire, en regardant plus particulièrement la très riche moisson intellectuelle du XIe siècle, lorsqu'une vingtaine de principautés, les royaumes des Taïfas, se partageaient les lambeaux du territoire califal. Ce temps de tous les dangers, alors que menaçaient tant les rois chrétiens du nord de la péninsule que les guerriers berbères du Maghreb, fut celui d'une grande inventivité politique (l'Espagne islamique expérimentait deux cents ans avant l'Orient la disparition du califat), mais aussi celui d'une très belle floraison culturelle. Pouvoir et savoir nouèrent dans ce théâtre d'exception des liens très solides au cours d'un beau XIe siècle dont il faut restituer le déroulement et la complexe histoire. Les princes andalous firent de la culture un projet politique, un ferment de légitimité, le moyen de la concurrence entre eux, contribuant à fixer pour des siècles l'image d'une péninsule savante. -
Géographes d'Al-andalus : de l'inventaire d'un territoire à la construction d'une mémoire
Emmanuelle Tixier du Mesnil
- Editions De La Sorbonne
- Bibliotheque Historique Des Pays D'islam
- 20 May 2014
- 9782859447793
L'Espagne, comme la Sicile, est l'une des rares terres perdues par l'Islam. Al-Andalus s'est effectivement rétractée comme une peau de chagrin durant les huit siècles que dura son existence, depuis l'arrivée des conquérants arabo-musulmans au début du VIIIe siècle jusqu'à la chute de Grenade entre les mains des rois catholiques à la fin du XVe siècle. L'auteur a voulu interroger la littérature géographique de langue arabe, afin de savoir si cette discipline était à même de rendre compte de l'évolution de ce territoire.
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Désordres créateurs ; l'invention politique à la faveur des troubles
Emmanuelle Tixier du Mesnil
- Kime
- 10 April 2014
- 9782841746668
Dans l'Occident des XIIe-XVe siècles, le désordre, en particulier politique, ne saurait à l'évidence être tenu pour un bien. Les chroniqueurs donnent volontiers à sa forme radicale, l'anarchie, des accents diaboliques. Ces phases déplorables et les périodes qui les suivent immédiatement fournissent tout au plus l'occasion de réaffirmer l'idéal monarchique. Au lendemain de la guerre civile anglaise qui oppose Étienne de Blois à la reine Mathilde (1135-1154), Henri II place le début de son règne sous le double signe d'une reprise en main et d'un changement de style : rompant avec la mansuétude coupable de son prédécesseur, il s'emploie à récupérer les châteaux illégalement tenus, à recevoir les hommages de toute l'aristocratie et à frapper une nouvelle monnaie unitaire.
Le désordre, sous différentes formes, est fréquent, qu'il s'agisse de schismes, de sécessions, de révoltes ou de désobéissance à des degrés divers. Il n'est pas seulement suivi d'un simple retour à la normale, car il peut stimuler la capacité d'invention des sociétés politiques. Il paraît certes difficile à l'historien d'appliquer à son objet le savant dosage d'évolutionnisme et de catastrophisme qui a cours aujourd'hui dans les sciences de la nature : les pires troubles viennent rarement à bout des vieilles formes politiques pour en faire surgir de nouvelles. Après tout, même la Peste Noire n'a fait tomber aucun gouvernement. Il est toutefois incontestable que les crises ont suscité des réactions qui vont bien au-delà des seuls assauts de propagande : les pratiques se transforment (comment comprendre le durcissement opéré par Édouard Ier d'Angleterre sans le rapporter aux tribulations de la guerre des Barons ?), des mutations institutionnelles ont lieu (dans le royaume de France, Charles V prend enfin le temps de formuler des lois de succession et de régence après la terrible secousse du milieu du XIVe siècle), le débat s'enrichit (la notion de réforme doit, elle aussi, énormément à un contexte frondeur), des renouveaux théoriques se font jour (que l'on songe à la créativité manifestée pour faire sortir l'Église du Grand Schisme et au succès d'estime rencontré par un conciliarisme jusque là plutôt timide).
De la sorte, à côté des évolutions lentes, si fréquemment interprétées sous un angle téléologique (la patiente construction par les Capétiens et les Valois du royaume et des institutions.), les désordres doivent être compris comme autant d'opportunités d'articuler des réponses à des problèmes inédits posés avec intensité.