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dominique sigaud
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Ce livre, elle pensait l'appeler La Colline. Dominique Sigaud avait tout noté dans un carnet lorsqu'elle était à Bisesero, en 1994. Journaliste indépendante sans autre nom que le sien sous lequel se ranger, elle fut l'une des rares femmes à couvrir le génocide des Tutsis au Rwanda. Vingt-cinq ans plus tard, les mots, elle les retrouvait, intacts, comme elle les avait agencés sur les pages pour organiser le chaos du monde, pour raconter les massacres et les assassins ivres d'alcool et de sang. Mais le récit ne s'écrivait toujours pas. La colline où toute l'horreur du génocide s'était écrite n'était pas le lieu central comme elle le pensait. Le lieu central, il lui a fallu trente ans pour comprendre que c'était le corps de cette jeune femme, croisée dans une boîte de nuit.
Réflexion sur la mémoire, le traumatisme et l'écriture, Perdre la main interroge la posture singulière du témoin, lorsque, sans être une victime directe, il est pris dans l'étau des événements. Tout en racontant ses doutes et ses blocages, Dominique Sigaud explore les possibilités de la langue et du corps confrontés à la catastrophe. -
Une fille sur cinq, dans le monde, subit des violences sexuelles avant 18 ans. Des millions subissent des mutilations sexuelles, sont mariées avant 16 ans, sont tuées. En France, 40 % des viols et tentatives de viol concerneraient des mineures de moins de 15 ans. Au Royaume-Uni, 21 % des filles de moins de 16 ans ont été victimes d'abus sexuel. Pourquoi ? Sinon en raison d'un ordre de domination, écartant le légitime désir des filles de ne pas être violées, mutilées, maltraitées et d'accéder à leur propre désir ? Loin de se limiter à recenser des faits dans toute leur brutalité, Dominique Sigaud réunit pour la première fois des situations contemporaines affectant universellement les filles.Une enquête terrible et indispensable. Il faut la lire pour connaître la réalité et réagir. Christilla Pellé-Douël, Psychologies magazine.Cette lecture devrait provoquer un raz-de-marée de décisions politiques, un état d'urgence pour enrayer ce mouvement mortel. Fabienne Faurie, La Montagne.Préface inédite.Édition mise à jour.Prix livre et droits de l'homme 2019.
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Où il est question de masculin, de barbecue, d'écriture et de puissance des mots.
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« Il y a devant moi un jour, enfant, la porte d'une maison où j'accompagne ma mère. Ce que j'étais jusque-là est en entier devant. Pour tenter de dire ce qu'est ma langue, c'est le seul début. Elle est ce qui me fut en quelque sorte accordé ce jour-là. » Telle est l'image fondatrice, la fracture qui inaugure le parcours d'une vie où la narratrice évoque cette tentative jamais achevée d'un arra- chement à tous les déterminismes qui nous privent de parler une langue à soi.
Nous nous heurtons avec elle aux butées insur- montables mais toujours rivées à un amour premier de la lettre, traversons les tensions inté- rieures alimentées par des expériences erratiques et diverses qui nous mènent de l'échappée des années soixante aux terres tragiques du Liban et du Rwanda, en passant par des moments d'émerveillement devant l'enfant surpris à s'es- sayer à la musique du langage.
L'auteur Dominique Sigaud, journaliste, écrivain, est l'auteur d'une dizaine de romans, récits, essais, romans policiers.
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Un matin à Paris, des éboueurs découvrent dans une benne à ordures le corps intact et nu de Justine Blanche, escort girl. Les cadavres, le commissaire Partouche, vingt ans de métier et d'états d'âme, en a l'habitude, mais lorsqu'elle découvre sur son bureau les clichés de la victime, une évidence s'impose : après, j'arrête.
Pourquoi ? Parce que le visage sur ces clichés, ce visage-là, renvoie Régine Partouche à ses failles et à son histoire personnelle : Alger 1961 et son lot de bombes, les morts, le départ précipité. Justine est le cadavre de trop, celui qu'elle ne peut plus tenir à distance, et qui mine son intimité. Qui a tué Justine ? Pourquoi son appartement est-il si maladivement propre ? Dans quelle sphère politique la jeune femme s'est-elle perdue ? Utilisée par qui ? A quelles fins ? Ces hommes qu'elle a baisés, corrompus par le sommet de l'Etat, sont-ils encore capables de dire la vérité ? Un roman noir, comme un écho à nos propres incertitudes, dans lequel le lecteur s'associe au questionnement de la commissaire confrontée à ses zones d'ombre et qui toujours eut en elle cette interrogation : pourquoi un corps vivant devient-il un cadavre ?
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«Quand la grille se referma, Aaron Robbins fit l'effort de se tourner vers Rosalie Witness.Il entendit le bruit de ses talons sur le sol et celui des clés dans les deux portes blindées.Il s'appuya contre le mur et glissa jusqu'au sol. L'horloge marquait dix-huit heures dix ; il restait six heures avant l'exécution. Le dernier repas allait être servi.»
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Peau d'âne et l'ogre : viol et inceste sur mineurs en France, l'enquête explosive
Dominique Sigaud
- Albin Michel
- 28 April 2021
- 9782226457875
En France 400 viols et tentatives de viols sur mineur sont commis chaque jour.
80% sont intrafamiliaux.
80% touchent des filles.
90% ne conduisent à aucun procès.
Quelle est la réalité de l'inceste et du viol sur mineur en France ? Qui concernent-ils ? Commis dans quelles conditions ? Avec quelles conséquences ? Sur les victimes ? L'entourage ? Quelles séquelles ?
S'appuyant sur de nombreux témoignages, des entretiens avec des victimes et avec des professionnels, cette enquête dresse un état des lieux, soulève des tabous comme le déni des droits des victimes, les viols commis chez les nounous ou la question des orgasmes contraints, mais elle aborde aussi ce qui peut aider les victimes à s'en relever et dessine des pistes pour combattre ce fléau.
Utile, pédagogique, ce livre donne conseils juridiques, numéros de téléphone, adresses, et noms d'associations.
Il ouvre enfin une véritable réflexion sur l'état d'une société dont les viols et incestes, mais aussi leur traitement, constituent un symptôme inquiétant. Au passage, il soulève une question essentielle, rarement abordée : comment accompagner ces enfants, violés et incestés, dotés sans le vouloir et beaucoup trop tôt d'un savoir sur les pulsions sexuelles adultes ?
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« Il y a dans ce que je suis, comme elle, Calcutta, des palais à l'abandon. C'est le début, il n'y en a pas d'autre. Quelque chose s'est résumé dans cette phrase. Je ne l'ai pas inventée. » Telle est d'emblée l'impression d'étrange déflagration qui va donner lieu au récit de ce séjour solitaire de la narratrice dans Calcutta, arpentant la ville comme on marcherait au-dedans de soi, assistant à son propre retournement. Elle ignore à son arrivée la place que prendra la voix de Marguerite Duras, résonnant avec ce désir d'ailleurs et de partir qui ne saurait trouver son apaisement que là, dans cet entrelacs de rues, de gens, dans le flux impassible du Gange ou les palais délabrés.
Désir de ce temps de suspens, qui seul permet une véritable disponibilité au monde et une attention à tous les mouvements fugitifs en soi.
Cette parole risquée, tendue, dense, mais aussi ténue et fragile, se tient à la hauteur du défi que se donne l'écriture : « Non pas fixer mais soulever, maintenir la suspension, ne pas décrire mais écrire. »
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Nouveau volet des aventures de la commissaire Régine Partouche. Une enquête sur deux meurtres : un travesti et une peintre. Le premier la mène à un lupanar fréquenté par les hommes politiques et le second, en Allemagne, sur les traces d'un fabricant d'incinérateurs. Un polar cérébral et nerveux servi par une écriture maîtrisée.
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Né en Autriche en 1908, Franz Stangl fut embauché dans la Gestapo, lieutenant à l'hôpital du programme T4 d'extermination et commandant de Treblinka en 1942. Sa dernière promotion. Puis la défaite, la fuite, le faux nom et l'installation au Brésil. Il ne fut arrêté qu'en 1967. La narratrice se penche sur son procès et sur l'énigme d'un homme qui a passé sa vie à « fabriquer » des cadavres. Un homme dont la Mort est le métier.
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"Ma propre impuissance me sidère. Jusqu'au bout, elle me sidérera. Je peux désirer l'enfant que je porte et le perdre. Je peux désirer l'enfant que je porte et faire l'inverse de ce qu'il faudrait. Je peux désirer l'enfant que je porte et que sa présence, dans le même temps, me mette face à ce qui, en moi, rend cette présence difficile.
Je sais que ces contradictions existent, ces contraires en soi. Celle-là est peut-être la plus difficile à admettre. La vie est enjeu."
Une femme se découvre enceinte. La plénitude de la maternité reprend ses droits pour elle une nouvelle fois. Mais l'espoir vacille et se perd. L'enfant à venir ne naîtra pas.
Portée par la nécessité de comprendre ce qui s'est passé, en elle et autour d'elle, l'écrivain analyse, à travers ce récit, non pas sa tristesse mais ce qui accompagne et génère cette tristesse, elle convoque au plus profond d'elle-même la douceur, l'expérience, le souvenir, mais aussi l'ambiguïté et le double enfouis.
Car il s'agit dans ce livre de revenir à cette part de silence, de peur et d'égoïsme mêlés, à tous ces spectres de dureté et d'orgueil entrevus dès l'enfance dans le regard des mères. Il s'agit d'exhumer ces modèles avec - ou contre - lesquels nous constaiisons notre avenir, notre image et notre féminité, avec - ou contre - lesquels nous défendons nos désirs d'enfants.
Interruption, perte, effacement, oubli. Les femmes parlent peu de ces innombrables absents.
Ainsi s'impose ce récit qu'il faut lire et faire lire, porter pour pouvoir dire... -
Anna Maria Maiol de Lagoa est journaliste. Elle vit à Guadaja del Sur, une ville imaginaire au bord de la mer.
Par ambition, par naïveté, par arrogance ou peut-être de façon totalement suicidaire, cette jeune femme va se mettre en danger. Seule, et dans le plus grand secret - son courage doit être remarquable, son indépendance affirmée -, elle quitte la ville pour recueillir le témoignage d'un homme ayant survécu à la torture. Seule, elle note l'insoutenable sans même prendre le temps de regarder celui qui face à elle risque sa vie.
Le récit terminé, les noms, les faits à jamais mémorisés, Anna Maria repart. Elle pense rejoindre la ville, écrire son article, publier.
Elle n'aura pas le temps de prendre la mesure de son erreur, à peine le temps d'avoir peur... Un livre magnifique sur le passage insidieux entre l'orgueil et le mépris, l'assurance et l'arrogance. Un grand roman dans lequel la part animale de chaque personnage semble incarner l'humanité entière et ceci jusqu'au moindre repli de nos âmes. -
La Vie, là-bas, comme le cours de l'oued : Alger, 1995
Dominique Sigaud
- Gallimard
- 14 May 1997
- 9782070749423
«Elle regarde par la fenêtre la nuit tomber. Elle sait déjà qu'elle se sentira seule, trop éloignée parfois, étrangère. À ce moment-là, elle entend un bruit dehors et se lève : des rafales de mitraillette. Elle se rapproche encore mais lui ne bouge pas, rien en lui ne bouge. "La vie désormais ressemble au cours de l'oued, dit-il sans la regarder. Tout semble calme, mais le fleuve déborde en un instant et emporte tout." "Les gens meurent surtout la nuit, on trouve leurs cadavres le lendemain dans la rue ou sur des décharges." Dans son corps, une porte claque. Elle a peur du noir.»
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Sur Mathilde Klein, retrouvée noyée devant l'étrave d'une péniche, on ne saura pas grand-chose. Devant Baptiste Dridi, l'enquêteur d'origine algérienne chargé de l'enquête, son mari Simon Klein, psychanalyste reconnu, soutiendra jusqu'au bout l'hypothèse du suicide. Le policier, à la mémoire troublée par le suicide de sa propre mère quand il était enfant, est tenté de le croire. Simon Klein, jaugeant avec une froideur lucide les faiblesses des êtres humains qu'il a appris à bien connaître à travers ses patients, son fils, sa femme et les cercles intellectuels qu'elle fréquentait, dresse un constat sans espoir des petitesses intimes et des compromis sociaux.Dominique Sigaud nous entraîne progressivement dans une plongée glaciale vers les arrière-pensées des deux narrateurs. À travers leur confrontation, se dessine un portrait rageur, amer et violent de la société contemporaine.
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Une chambre à écrire
Michèle Lesbre, Juliette Mezenc, Sophie Poirier, Dominique Sigaud
- L'Ire Des Marges
- Majuscules
- 1 April 2016
- 9791092173116
Textes de Michèle Lesbre, Juliette Mézenc, Dominique Sigaud, Sophie Poirier.
Que produit aujourd'hui le geste de donner à des auteures une ville à arpenter pour contempler, méditer et en faire littérature, et ainsi la liberté économique de consacrer un temps à l'écriture ?
Plus de quatre-vingts ans après Un lieu à soi de Virginia Woolf, et en écho à cette oeuvre, il a été proposé à quatre auteures de vivre cette expérience dans le cadre d'une résidence d'écriture.
Quatre regards de femmes sur un même espace urbain, quatre chemins de création à l'épreuve de dire l'expérience commune d'écrire. -
Tendres rumeurs
Dominique Sigaud
- Éditions du Sonneur
- Ce Que La Vie Signifie Pour Moi
- 24 September 2015
- 9782916136905
Hiver 2014. Martine Laval contacte Dominique Sigaud. Lui demande : « Écris ce que la vie signifie pour toi. » Exclamations. Stupeur. Et rires. Dominique Sigaud lui répond quelque chose comme : « Ok, ta question tombe à pic. Puisque tu me le demandes. Je m'y colle. Bien obligée. Cadeau de l'amitié. » Regarder dans le rétroviseur, faire le point sur le présent. Tordre les clichés, aller à l'essence. Des labours plus qu'un labeur. Mais c'était déjà sans compter sur le réel, toujours prompt à faire se rencontrer la vie et l'écriture. La mort de la mère, peut-être d'une langue maternelle. Puis, le même jour, la révélation d'un cancer et l'annonce de la tuerie de Charlie-Hebdo. Dès lors le texte sur ce que la vie signifie pour elle, adopte le télescopage, nouveau moteur de l'écriture. Dominique Sigaud, dans une langue au plus près d'elle-même, de sa propre vérité, scande des « comptes à rebours », rageurs, vivifiants, met en résonnance les conflits qu'elle s'est choisis. ou pas. Ceux d'hier, du Rwanda, du Liban, de l'Algérie, ceux d'aujourd'hui. Ceux d'une femme qui ne se résigne pas, qui fouraille l'écriture pour trouver sens. Écrire comme on va à la guerre, comme on défie la mort. C'est du Sigaud.
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À l'occasion de recherches sur les maisons occupées par la Gestapo en France, Dominique Sigaud a été frappée par les parallèles entre la période de Vichy et l'actualité. Ce livre coup de poing prend le parti de remonter, dans les faits, à la source des accusations de connivence idéologique entre le quinquennat de Nicolas Sarkozy et le régime de Vichy. Et lorsque Dominique Sigaud rapproche des lois et discours survenus en 1940 et des propositions lancées dans les années 2010, le parallèle est saisissant.
C'est une proposition de loi sur la déchéance de nationalité en 2010 : l'article 1er de la Constitution sur l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, piétiné. Un rappel amer du décret-loi du 22 juillet 1940 qui déchut 15 154 Français de leur nationalité, dont de Gaulle.
Ce sont les brigades spéciales de terrain créées en 2010 par Brice Hortefeux contre la délinquance, et dont le nom a été rectifié d'emblée, faisant trop explicitement écho aux brigades spéciales ayant pour mission de traquer les « ennemis intérieurs » sous Vichy.
Ce sont les convocations piège en Préfecture - où l'on vient régulariser sa demande d'asile ou de travail, pour être en fait arrêté et reconduit à la frontière - retoquées par la cour de Cassation et la Convention Européenne des Droits de l'homme. Le même procédé que le 14 mai 1941 où « l'examen » se transforma en arrestation pour 3 747 Juifs.
C'est ce slogan de Nicolas Sarkozy lors de son discours d'investiture par l'UMP : « Le travail, c'est la liberté », qui rappelle l'inscription à l'entrée des camps de concentration : « Arbeit macht frei ».
Déchéance de nationalité, retour à la notion de « bons Français », arrestations dans les écoles, responsabilité pénale collective, rétention de sûreté, convocations pièges en Préfecture, délit de solidarité, autant de mesures et de discours à l'étrange parfum de déjà vu, qui valent la peine d'être réunies dans ce pamphlet.
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Le voyageur éveillé et autres nouvelles
Michel Host, Sylvain Jouty, Claude Amoz, Hervé Le Tellier, Olivier Thiébaut, Dominique Sigaud, Dominique Mainard
- Isoete
- 24 October 2009
- 9782913920873
Neuf nouvelles évoquant Cherbourg et le Nord-Cotentin, écrites à l'issue des séjours de leurs auteurs en 2003, 2004 et 2005 à l'initiative des Mercurielles, le réseau des ateliers d'écriture de l'agglomération cherbourgeoise.
Malentendus, disparitions, répétitions, toutes les rencontres et périples qui peuplent ces pages semblent des coups du destin, réel ou fantasmé. La topographie, l'architecture et les éléments naturels de la presqu'île se révèlent être des contextes perturbants, sinon catalyseurs des évènements évoqués. Une palette de fantômes littéraires, historiques ou biographiques est convoquée au fil des nouvelles, sans aucun déterminisme autre que la sensibilité des auteurs au fait du lieu, des ambiances, et de leur pinceau.
Aussi c'est une promenade dans un Cherbourg étrangement habité auquel nous convie ce recueil.
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Confronté à l'absurde cruauté de la guerre du Golfe, John Miller, un soldat américain, déserte son unité. Il traverse la frontière et parcourt seul le désert pendant deux jours et deux nuits, ne s'arrêtant que pour tenir un journal destiné à sa femme Mary. Il ignore que la guerre vient de se terminer. La mort de John Miller va bouleverser l'existence des habitants du désert et celle de Mary, partie à la recherche du disparu. Chaque personnage du roman tente, à travers la mort inexpliquée du soldat, de comprendre ce qui le lie à la violence, qu'il en soit spectateur ou acteur. L'auteur semble dédier chaque page aux vaincus de cette guerre et de toutes les guerres. Mais qui sont les vaincus ?
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«En serrant sa main, elle avait dit : - Désolée, je n'ai pas retenu votre nom tout à l'heure. - C'est Dieu, avait répondu Arturo Clemenza. - Difficile à porter, avait-elle dit dans un sourire. - Non, vous ne comprenez pas. C'est Dieu, Yahvé, Allah. Il avait levé les yeux vers elle en souriant, heureux de ce qu'il lui offrait mais elle le regardait sans rien dire. - Dieu, avait-il répété. - Vous voulez dire... - Oui, c'est ça. Il pensait la voir s'illuminer, ses yeux s'agrandir, briller, mais elle se contenta de passer une main dans ses cheveux. - Et que faites-vous dans la vie ? demanda-t-elle [...] pour gagner du temps. Arturo Clemenza la regarda, déçu. - Vous pouvez le croire, avait alors répondu Dieu.»
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Pourquoi dois-je me taire si on me tue pour rien ? Pourquoi serais-je indigne de crier ? Mais le serais-je vraiment ? Je voudrais l'inverse. Un monde où est digne celui qui hurle qu'on le massacre. Je pressens l'horreur dans ce silence imposé au nom de la dignité. Une loi d'hommes. De celles qui font sourire les femmes dans les supermarchés. La même peut-être. Je préfère celle des mégères. À tout prendre oui, celles-là, hurlant qu'on les égorge, gueulant, gueulardes, qu'on les massacre. (extrait)
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Un portrait intimiste de l'Algrie la croise des chemins, la veille d'un scrutin lgislatif dterminant. A la fois rcit de voyage traditionnel et document de premire main sur le nouveau visage de l'Algrie.
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Sur Mathilde Klein, retrouvée noyée devant l'étrave d'une péniche, on ne saura pas grand-chose. Devant Baptiste Dridi, l'enquêteur d'origine algérienne chargé de l'enquête, son mari Simon Klein, psychanalyste reconnu, soutiendra jusqu'au bout l'hypothèse du suicide. Le policier, à la mémoire troublée par le suicide de sa propre mère quand il était enfant, est tenté de le croire. Simon Klein, jaugeant avec une froideur lucide les faiblesses des êtres humains qu'il a appris à bien connaître à travers ses patients, son fils, sa femme et les cercles intellectuels qu'elle fréquentait, dresse un constat sans espoir des petitesses intimes et des compromis sociaux.Dominique Sigaud nous entraîne progressivement dans une plongée glaciale vers les arrière-pensées des deux narrateurs. À travers leur confrontation, se dessine un portrait rageur, amer et violent de la société contemporaine.
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Un soldat britannique, membre des SAS, attend sa mission du jour dans la chaleur de Bagdad. À Marseille, un homme s'apprête à commettre un infanticide sur son fils de quelques mois. Dans le sud de la France, une romancière écrit sur sa vie chahutée par sa relation houleuse avec l'enfant qu'elle a adopté et sur celle de ces deux hommes. Le point commun entre ces trois personnages ? Une seule et même journée, et les détails qui la composent, ces événements, mineurs ou essentiels, qui, mis bout à bout, construisent un quotidien, une existence, et font « la corpulence du monde ». Trois histoires apparemment aux antipodes et qui, pourtant, s'articulent avec une grande maîtrise. C'est là la force et le talent de Dominique Sigaud : nous confronter au monde, en passant par le singulier et l'intime, par le détail pointilliste ; nous en montrer l'épaisseur, la chair, dans ce qu'elle a de plus lumineux comme de plus sombre. On est happé par ce roman puissant et âpre, à la vérité entêtante, parfois bouleversante.