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claude fierobe
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Les nouvelles irlandaises rassemblées ici, diverses, irréductibles à un même modèle, ont en commun de privilégier l'irrationnel. On se souvient que Roger Caillois définissait le fantastique comme « l'irruption de l'inadmissible dans l'inaltérable légalité quotidienne ». C'est bien de cela qu'il s'agit dans ces textes où coexistent, outre les fantasmes personnels, une sourde angoisse engendrée par les métamorphoses du monde contemporain et un recours fréquent au mythe, accompagné d'une valorisation du passé légendaire. Des pages sépulcrales de Maturin aux rêveries lumineuses de Clotilde Graves, à travers Griffin, Carleton, Banim, Mangan, Le Fanu, Wilde et Stoker, la palette fantastique se montre ici d'une étonnante diversité dans l'évocation du mystère. William Trevor écrit que, mieux que le roman, la nouvelle irlandaise est capable d'« envoûter » le lecteur. S'il en est ainsi, que dire alors de la nouvelle irlandaise fantastique ?
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Les trois textes présentés ici sont dûs aux pères fondateurs du fantastique irlandais. Le premier est tiré du dernier roman de Charles Robert Maturin, Les Albigeois (1824) ; le second reprend la trilogie des Histoires de fantômes de Chapelizod (1851) de Sheridan Le Fanu ; le troisième, le plus étonnant, comprend les six premiers chapitres duM ystère de la mer (1902) de « Bram » Stoker, récit complet qui peut être facilement isolé du reste de l??uvre. Si lesH istoires de fantômes de Chapelizod constituent une chronique de la petite cité irlandaise, les deux autres textes sont inclus dans de gros romans auxquels ils donnent une coloration particulière, sur le modèle du Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki.
Ils ont été réunis en raison de leur point commun : l?évocation d?une vision surnaturelle, d?une sorte d?hallucination qui déstabilise les certitudes et fait basculer la narration vers le fantastique. Dans tous les cas, l?inspiration « gothique » ? celle qui a donné Melmoth, Carmilla et Dracula ? et le substrat légendaire viennent au secours de la trame historique pour lui donner cette étrangeté que, depuis Walpole, avec Ann Radcliffe ou même Walter Scott, les auteurs associent à la recréation du passé. Ils sont conscients d?écrire des histoires qui feront frissonner dans la quiétude du confort domestique, des histoires qui sont associées à la tempête, celle qui fait rage en dehors des murs, comme celle qui règne à l?intérieur des âmes.
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L'homme à la cape
James clarence Mangan
- Terre De Brume
- Bibliotheque Irlandaise
- 29 May 2009
- 9782843624056
James Clarence Mangan (1803-1849), un des représentants les plus brillants de la littérature irlandaise d'expression anglaise, est poète, nouvelliste, essayiste et traducteur. Il traduit des poèmes écrits en langue irlandaise à partir de versions littérales établies par ses contemporains, s'efforçant de retrouver l'esprit des textes d'origine. Il traduit les écrivains allemands, mais aussi français, espagnols, ottomans, hongrois, et les poètes orientaux, persans, turcs, arabes. Mangan peut-il faire croire qu'il connaissait toutes ces langues, auxquelles il convient d'ajouter, entre autres, le suédois, le norvégien, le russe, l'islandais ou le serbe ? À vrai dire, il travaillait à partir d'une traduction du texte d'origine dans une langue qui lui était familière, ou bien donnait libre cours à son imagination, le texte devenant prétexte. Celui qui veut « réaliser l'irréel », n'en est pas à une supercherie près : parodie, pastiche, réécriture, invention pure et simple, multiplication des noms inventés, des pseudonymes et des attributions fantaisistes, autant de procédés utilisés par l'auteur d'une oeuvre chatoyante qui convie son lecteur à un fascinant jeu littéraire où humour étincelant et sensibilité frémissante font un étonnant ménage.
Mangan admirait Vathek (1782), la flamboyante fantasmagorie orientale de William Beckford, les vertigineuses Confessions d'un mangeur d'opium anglais (1821) de Thomas de Quincey, et surtout le puissant roman « gothique » de son contemporain irlandais C.R. Maturin, Melmoth l'homme errant (1820). L'étrange exerçait sur lui une véritable fascination. Rien d'étonnant donc, à ce qu'il ait traduit deux « Études philosophiques » de Balzac.
Il connaissait bien le français : ses traductions ne se sont heurtées à aucun problème de langue ; mais son penchant inné à la « re-création » du texte s'y montre incoercible. Ni « Les trente flacons » ni « L'homme à la cape » (parus tous deux en 1838 dans le Dublin University Magazine), ne sont des supercheries, mais, avec des différences, des adaptations plus que des traductions. Version burlesque de « La peau de chagrin » (1831), « Les trente flacons » s'écarte de son modèle pour s'ancrer dans un monde autonome où se mêlent les obsessions du « traducteur » et son goût pour le grotesque. « L'homme à la cape » relève d'une autre démarche : traduction de « Melmoth réconcilié » (1834), que Balzac avait écrit comme une suite à Melmoth l'homme errant, c'est une sorte d'hommage à Maturin. Mangan décrivait justement Maturin, comme « L'homme à la cape », et il dressera de lui en 1849, dans The Irishman, un portrait où se mêle amusement pour le comportement de l'homme et admiration pour le génie de l'écrivain. Autre signe, et qui ne trompe pas, Mangan choisira le peudonyme de « l 'homme à la cape », pour signer certains de ses écrits. Dans « Melmoth réconcilié », il est en terrain doublement connu, irlandais et fantastique à la fois : on comprend qu'il se montre alors relativement fidèle à l'original.
Mangan était attiré par les ténèbres, le délire, et l'irrationnel en général ; ses adaptations de Balzac ne sont qu'une partie des écrits qu'il a consacrés à l'exploration de l'étrange. Cette première traduction française permettra la comparaison directe avec les originaux. Elle essaie de donner une idée de l'immense talent d'un homme qui plaçait au-dessus de tout la liberté créatrice de l'écrivain.
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En 1800, la signature de l'Acte d'Union entre l'Angleterre et l'Irlande marque la naissance du " Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande ".
En perdant son propre parlement, l'Irlande perd le symbole de son identité dans le concert des nations européennes, Pourtant, dans le même temps, la littérature irlandaise connaît un essor extraordinaire. En particulier, c'est l'Irlande qui donne à la littérature fantastique de langue anglaise ses oeuvres majeures, tant dans le domaine du roman que dans celui de la nouvelle : C-Robert Maturin, J Sheridan Le Fanu, Fitz-James O'Brien, Lord Dunsany, Oscar Wilde, " Bram " Stoker, sont tous irlandais.
Le fantastique irlandais du XIX, siècle est l'écriture secrète et fiévreuse d'un traumatisme social, celui du déclin irrémédiable d'un ordre séculaire, avec ses normes et ses codes, imposé par la puissance colonisatrice. Les plus éminents représentants du genre appartiennent à l'Ascendancy protestante qui se sait condamnée, et leurs fictions insolites portent le nom de héros asservis par un déterminisme impitoyable : " Melmoth l'homme errant ", " Oncle Silas ", " Carmilla ", " Dracula ", " Le Portrait de Dorian Gray "...
Dépossession, défiguration, errance : les images, empruntées au passé et réactualisées, disent la précarité de l'homme et l'impossible retour au paradis perdu. " De Melmoth à Dracula " explore les arcanes de cette époque fondatrice de la littérature fantastique.
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Les ombres du fantastique
Claude Fierobe
- Terre De Brume
- Terres Fantastiques
- 24 August 2016
- 9782843625862
Le XIXe siècle est la période fondatrice du fantastique irlandais qui demeure une force vivre de la fiction contemporaine.
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La littérature irlandaise
Claude Fierobe, Jacqueline Genet
- L'HARMATTAN
- 1 November 2004
- 9782747567190
Cet ouvrage offre un panorama général, le premier du genre en français et inclut la littérature de langue irlandaise qui, malgré ses éclipses, témoigne d'une inspiration originale, et celle de langue anglaise qui pour des raisons tenant à l'histoire d'un pays déchiré, occupe une position prépondérante. A côté des auteurs reconnus, comme William Butler Yeats, Bernard Shaw , Samuel Beckett et Seamus Heaney, il a paru indispensable de rendre justice à de nombreux écrivains de grand talent qui font de "l'île des saints et des savants" un des hauts lieux de la culture occidentale.