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antonin crenn
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Antonin Crenn a vécu ses vingt premières années au Pecq, dans les Yvelines. Mais de quelle ville s'agit-il ? interroge son narrateur. Une banlieue qui se cherche entre Paris et Saint-Germain-en-Laye, avec ses histoires de pont disparu et de gare enfouie. Aussi le lieu de l'enfance qui réactive toute la mémoire du jeune homme, l'immeuble au fond de l'impasse, le collège transitoire ou le marchand de bonbons. Terminus provisoire est un récit tendre et nostalgique où la ville, ancrée dans les souvenirs, transforme la vie en devenir.
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Fin observateur du monde qui l'entoure, Martin se pose beaucoup de questions, aussi, cherchant des explications à tout, élucubrant de savantes ratiocinations, scientifiques, mathématiques, logiques. Le monde de Martin est ainsi clair comme de l'eau de roche - cette même eau vive qui serpente dans le square, et dans laquelle se noient les beaux garçons.
Un livre simple sur des choses compliquées.
L'arête d'une vaguelette scintille. C'est une petite tache de lumière qui se déplace en tremblant : elle n'est pas très sûre d'elle-même. Elle se demande ce qu'elle fait là, elle aussi. L'élément aquatique lui semble étranger : elle essaie de ne pas se poser trop de questions, elle se laisse porter. Elle se dit qu'il ne peut rien lui arriver de grave. Elle passe sous le pont. Martin change de côté et surveille le courant : voilà la tache qui reparaît. Elle poursuit sa course comme elle peut. Le mouvement est très lent, c'est apaisant. Martin se dit que cette lenteur serait un bon modèle à suivre pour ses vaisseaux sanguins :
Il demande à son corps de retrouver un rythme plus calme. Déjà, son coeur bat moins fort. Le sang ne brûle plus, le crâne tiédit doucement. Dehors, ça caille. -
La passerage des décombres prospère dans les terrains vagues et les abords des routes et des chantiers ; des coins plutôt tranquilles où jouer quand on est petit, où traîner quand on grandit, où rêver et se souvenir quand l'autre est parti.
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S'il est mort, pourquoi revient-il si souvent ?
Les absents, ce sont encore les présents qui les situent le mieux. Théo est de ceux-là. Enfant, il a perdu son père. Vingt ans plus tard, ce deuil refait surface, après le retour soudain d'une vieille connaissance. A priori, les immeubles haussmanniens, le souvenir d'un père, les barricades révolutionnaires et le navire naufragé du commandant Charcot n'ont rien en commun. Mais pourquoi pas ?
Loin de mener une enquête rigoureuse, mais en acceptant de se mettre en quête de ses origines et de son passé, Théo imagine des vies qui ne sont pas les siennes, mais qui sont connectées, de près ou de loin, à son état présent. Ainsi s'assemblent peu à peu les pièces d'un puzzle qui n'appartient qu'à lui, et s'adresse à chacun.
Après L'épaisseur du trait, entre l'Est parisien et le Finistère, Antonin Crenn poursuit son exploration des espaces et des lignes de fuite. Avec Les présents, il explore une dimension supplémentaire : le temps.
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Lettre ouverte à celui qui ne voulait pas faire long feu
Antonin Crenn
- Le Realgar
- 9 June 2020
- 9782491560010
« La musique, tu n'y comprenais rien. Tu l'accueillais pourtant avec ferveur, tu étais ému chaque fois qu'elle venait toquer à ta porte. Mais le vieux, lui, était professeur de musique : il estimait que cet art devait s'apprendre pour être respecté, il gagnait sa vie en éduquant les oreilles des jeunes gens. Toi, tu ne voulais pas apprendre. Surtout ne pas savoir comment ça marchait. N'être jamais capable de te rappeler un morceau, pour n'être pas tenté ensuite de le comparer à un autre. Ne pas le mémoriser, non plus, ne pas le fredonner seul, dans ta chambre ou dans ta tête. Tu voulais ressentir uniquement les vibrations sur tes tympans, un tambourinement dans ta poitrine ; et, quand la musique s'arrêtait, plus rien. Les ondes t'avaient traversé, elles étaient déjà loin, elles ne reviendraient plus, n'avaient laissé aucune trace. C'était bon, et c'était terminé.
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Quand votre maison n'existait que par intermittences, comment faisiez-vous des projets d'avenir ? Le petit monde d'Alexandre, c'est son appartement, son quartier, son lycée, ses tableaux, ses amis. Mais il vit dans un Paris qui nous échappe, un Paris en deux dimensions tel qu'on peut le représenter sur un plan. Il s'en accoutume bien, même si la vie quotidienne de part et d'autres des pliures est parfois compliquée. Pour autant, quelque chose brûle en Alexandre. Y-a-t-il autre chose à attendre du monde ? Comment se situer dans un environnement sans horizon ? Dans une ville en mouvement instable, il s'en remet aux espaces et aux lignes de fuite pour faire l'apprentissage de sa propre ligne de vie. Adepte des formes courtes, Antonin Crenn réalise avec L'épaisseur du trait une aventure de grande ampleur. Dans la douceur et la sensualité des gestes, des regards, des architectures, il réenchante le thème du passage à l'âge adulte sous la forme d'un conte urbain à géométrie variable.
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Un père emmène seul ses deux enfants en vacances. La maison familiale, les enfants la connaissent par coeur, ils y passent tous leurs étés. Il n'y a pas grand-chose à faire là-bas, c'est la campagne. Une année, le père a une idée : ils vont traverser la France en train pour aller au bord de la mer, comme quand il était petit. C'est le début d'une grande aventure. « Le garçon et la fille comprennent que ce sera un voyage important pour eux aussi, mais ils ne savent pas pourquoi. Ils le sauront plus tard. Le père, lui, le sait sûrement déjà : il n'a pas choisi ce moment par hasard, il sait que chaque moment compte.» éditions Lunatique