Début 1990, la série télévisée de David Lynch, Twin Peaks, crée l'événement. L'idée que le créateur novateur et sulfureux d'Eraserhead (1977) et de Blue Velvet (1986) travaille pour l'industrie du petit écra, étonne. D. Lynch, pourtant, séduit : il révolutionne le concept et l'écriture de feuilleton de télévision. Une vingtaine d'années plus tard, en 2017, le réalisateur revient à Twin Peaks pour la troisième saison intitulée Le Retour. Entre-temps, il y aura eu TWin Peaks : Fire walk with me (1992), oeuvre de cinéma magistrale qui restera longtemps un film incompris et méprisé, maintenant unanimement réévalué. Par l'exploration de ses dimensions culturelles et esthétiques, Twin Peaks et ses mondes cartographie l'univers et le réseau édifiés pour signaler la cohérence de la vision qui les signe. L'auteur de cet ouvrage a grandi avec Twin Peaks, le destin de ses paysages et de ses personnages. L'essai écrit par Jean Foubert est aussi l'histoire intime d'un cheminement critique.
Jean-Luc Godard a emprunté à la philosophie avant d'être à son tour objet d'études et de colloques. Il s'agit ici de considérer la cinématographie de Jean-Luc Godard comme discours philosophique propre et de comprendre son mode opératoire. Cette proposition est exposée selon quatre approches qui travaillent sur les réalisations du cinéaste, y repèrent l'expression philosophique, en développent la réalité et argumentent ses conditions de possibilité.
D'où le cinéma de Michelangelo Antonioni tire-t-il son étrange pouvoir de fascina-tion ? Assurément de la qualité si particulière du regard que le cinéaste, film après film, a posé sur la matière filmée : un regard qui s'exerce sur fond de vacuité, à fleur de cette béante inconsistance où les choses qu'on ne peut tenir à l'oeil, ni contenir dans un récit, se rechargent constamment de mystère et s'élèvent à la puissance de l'évidement.
"Se penchant sur l imaginaire du western classique américain, ce livre propose une lecture narrative et mythologique des films relatant la construction d un chemin de fer (Railroad Buildind Story). Ces films constituent un sous-genre du western à part entière. Celui-ci parcourt toute la grande époque du western classique sous le signe hautement patriotique qu est le chemin de fer. Sous ces récits se découvre une matrice narrative d une cohérence insoupçonnée, véritable mythe de la nation américaine tirant ses sources dans son histoire."
"Il s'agit ici de considérer les fondements et enjeux d'un « formalisme » que Alain Resnais a abondamment revendiqué, lui même n'ayant eu de cesse de se présenter comme un cinéaste formaliste. Une partie porte précisément sur ce positionnement et ses effets concernant l'accueil critique des films. L'étude de grandes propriétés formelles du cinéma de Resnais atteste de ses remarquables capacités d'invention et de renouvellement. Selon une conception traditionnelle du formalisme, l'oeuvre serait auto-suffisante, sans autre finalité qu'elle-même. Or, le cinéma de Resnais est ici envisagé autant comme exercice de pensée que comme expérience d'écriture."
""La musique doit vous dire quelque chose que vous ne savez pas encore, qu on ne peut pas deviner en regardant uniquement les images."" Cette vision exprimée par le compositeur Carter Burwell se retrouve chez son homologue Bruno Coulais qui donne à la musique la mission de ""capter les choses invisibles du film"". Comme le résume le réalisateur-compositeur Tom Tykwer : ""Lorsque vous écrivez un script, vous étudiez la structure, alors que quand vous écrivez de la musique, c est beaucoup plus porté sur l émotion abstraite. ""
En 1968, avec des réalisateurs comme George Romero ou Stanley Kubrick, le cinéma intègre l'idée que l'humain peut et doit changer. Le « changement » est un prétexte pour faire réfléchir le spectateur sur la place qu'il occupe dans la société ou dans l'univers. Dans la continuité, Saul Bass, graphiste surdoué, sort en 1974, en collaboration avec Mayo Simon, son unique long métrage : Phase IV. Suite à un événement cosmique (solaire), des fourmis deviennent plus intelligentes, plus sociales (entre espèces) et font peser sur l'humanité la menace d'une extinction.
La seconde moitié du XXè siècle a vu émerger dans l'histoire du cinéma mondial "l'Empire du Soleil Levant", puis "le Pays du Matin Calme". Sous une gestuelle superficiellement qualifiée d'exotique, la somptuosité des costumes et la splendeur de l'image ont séduit l'Occident. Mais seule une étude approfondie de ces cultures lointaines permet d'en assimiler tout le raffinement. De l'art du Gandhara à la Route de la Soie, l'impressionnante silhouette de Bouddha ne cesse d'interroger l'éternel dialogue entre l'Orient et l'Occident.
Il suffit de quelques plans pour reconnaître un film de François Truffaut : élégants, mystérieux, ils plongent le spectateur dans un univers de violence et de passion dont il ne ressort pas indemne. La mise en scène est chez lui un travail de traduction, de transposition, de chiffrage du vécu qui sera, au fil des années, de plus en plus précis. C'est au coeur de son expérience que Truffaut a puisé l'inspiration pour nous livrer cette oeuvre magistrale d'autofiction.
C'est à travers une analyse poussée de sa filmographie que cet ouvrage montre comment le réalisateur américain Jim Jarmusch éloigne le spectateur du monde, en parvenant à créer une distance qui lui permet de changer son regard. L'auteur met ici en avant les questions politiques sur le travail, la désindustrialisation ou encore l'anomie soulevées par ses films. Plus encore, c'est au-delà du détour esthétique que Jarmusch parvient à s'adresser au monde intime du spectateur, interrogeant sa solitude et sa difficulté à être soi.
Témoin de la décennie meurtrière des années 70, la commedia all'italiana fut l'une des empreintes cinématographiques laissées par les traumatismes de la société italienne. Aujourd'hui, avec le recul de l'histoire, le cinéma comique itaLien apparaît comme un observateur privilégié. Des auteurs de comédies tels que Dino Risi, Mario Monicelli, Ettore Scola, Lina Wertmüller, Luigi Comencini, Luigi Zempa ou encore Marco Ferreri, se penchèrent sur les problèmes de société et de violence, et proposèrent un vrai examen de conscience et une réelle critique identitaire sur une page obscure de l'histoire de l'Italie.
"Au début de l'ère soviétique, de jeunes cinéastes contribuèrent brillamment à la théorie du cinéma et, plus particulièrement, à la théorie du montage cinématographique. Attrapant au vol le mot français « montage », Kouléchov fit le premier pas, suivi par son ami Poudovkine dont les textes sont négligés à tort. Mêlant la théorie au manifeste militant, Vertov franchit un autre pas. Enfin, Eisenstein apporta à cette construction une esthétique de haute volée. Chacun de ces auteurs expose son regard sur sa propre pratique et simultanément un regard sur le cinéma comme art du film."
"L'attraction n'est-elle que le côté divertissant du cinéma ? Comment, dès lors, justifier sa présence manifeste dans les oeuvres des très grands cinéastes ? À commencer par trois films puissants de Kubrick : ""2001"", ""Orange mécanique"" et ""Barry Lyndon"" qui viennent respectivement, capter, capturer, captiver le spectateur pour le transporter jusqu'au seuil d'un ailleurs où il vibrera d'émotions. Cet essai veut forger théoriquement ces trois modalités de l'attraction et montrer comment elles nous permettent de mieux appréhender le phénomène de la fiction et la question de l'art au cinéma."
"Quelles sont les relations que le film noir américain des années 1940 entretient avec les codes de la tragédie ? Cet essai s'intéresse à une série de films construite autour de la convention narrative et des archétypes suivants : la chute programmée d'un antihéros dont la trajectoire est marquée par une relation adultère avec une femme fatale le menant au crime."
"Quel est le rôle des sons au cinéma, comment agissent-ils sur notre perception des films ? Quels sont les effets créés par les bruits, les voix, les chansons, la musique ? Cet ouvrage s appuie sur des exemples tirés de nombreux films pour mettre en évidence la part des sons au cinéma. Dans cet art audio-visuel, les éléments visuels et sonores ne sont pas simplement additionnés, mais entrent en interaction et produisent des synergies."
"Célèbre cinéaste grec, Théo Angelopoulos (1935-2012) occupe une place à part dans le cinéma mondial. L'histoire de la Grèce contemporaine (1936-1988), insérée dans le contexte de l'histoire de la seconde moitié du XXe siècle en Europe, tisse la toile de fond de ses films centrés sur une critique passionnée de l'idéologie totalitaire. L'oeuvre de Théo Angelopoulos? treize films de La Reconstitution (1970) à La Poussière du temps (2008) dont plusieurs chefs-d'oeuvre tels que Le Voyage des comédiens ou L'Eternité et un jour (Palme d'or au Festival du Cannes en 1998), incarne, comme celle de Francesco Rosi, un cinéma éminemment politique."
"« Cette ébauche d'une théorie de l'espace dans les films de Jia Zhangke se distingue de beaucoup de travaux analogues, non seulement par le vaste horizon théorique mis en oeuvre, mais avant tout par la précision des analyses filmiques, qui permettent d'illustrer les déductions théoriques et d'en souligner la pertinence ». Karl Sierek"
Opaque ou translucide, de voile ou de fer, de pluie ou de feu, polyvalent, métaphorique, le rideau participe à la mise en scène et au cadrage dans le cinéma d'Alfred Hitchcock. Il sert l'intrigue et exalte le double-jeu des personnages de Downhill (1926) à Family Plot (1976). Le rideau se ferme, se lève et tombe sur la représentation de l'amour et du crime : Éros et la destruction, pour reprendre les mots d'André Téchiné, ne sont-ils pas « les seuls moteurs du cinéma hitchcockien »? Un espace théâtralisé par le cinéaste, domestique ou public, est sans issue : impuissante à quitter la scène de son théâtre fantasmé, une femme passionnée s'immole par le feu (Rebecca).
Mouchette conte le calvaire en milieu rurale d'une adolescente misérable qui, ayant perdu sa mère après avoir été violée par un braconnier, se suicide. Il ne s'agit pas, comme dans le roman de Bernanos qui l'inspira, de complainte apitoyée. Ce n'est pas davantage un plaidoyer contre le viol, ni même une enquête psychosociologique qui ferait sa part à la complexité mais un poème dédié à la grandeur de l'âme humaine.
Quelles sont les mutations à l'oeuvre dans les pratiques cinéphiles, notamment depuis l'apparition d'internet devenu un vecteur privilégié en matière de diffusion d'images animées? Comment les prescripteurs voient-ils leur fonction se transformer au contact des nouveaux modes de consommation cinématographiques? En quoi le renouveau des pratiques amateurs questionne-t-il la notion de cinéphilie?
A travers une série d'études sur les films de F.W. Murnau, consacrées à divers aspects de l'oeuvre de ce grand cinéaste, on voit se manifester l'obsession d'une pureté qui ne peut donner lieu à des films que sous des formes qui la compromettent et la dénoncent - comme le givre, disait Cocteau. Peut-on donc filmer la pureté ? Murnau nous montre que tout peut être sujet à apparition, y compris la transparence.
La musique navigue entre fonctionnalité et indépendance au cinéma comme dans l'opéra. L'idée d'une musique au service de l'image se retrouve tant dans les métaphores visuelles employées par les biographes de Beethoven que dans Alexandre Nevski et Ivan le terrible. Pourtant, élément de mémoire et de mystification émotionnelle du film, au coeur de la problématique du rythme et de la temporalité intrinsèque de l'oeuvre, la musique peut tant se rattacher à la vie intérieure des personnages, à la diégèse et à l'intrigue que s'accorder toute latitude par rapport aux images.
Harold Pinter est l'un des dramaturges britanniques les plus importants de la deuxième moitié du XXe siècle. Il fut également un scénariste remarquable, travaillant avec les plus grands réalisateurs et les plus grands acteurs de son époque. Cependant, ses scénarios sont beaucoup moins connus que ses pièces de théâtre. C'est donc à ses dix-neuf adaptations de romans que l'on s'intéressera ici.