Le souvenir des séjours dans la capitale de la France est resté si vif chez Leopold Mozart, père de Wolfgang, que c'est à Paris qu'il décide d'envoyer son fils âgé de vingt-deux ans tenter sa chance en 1778. Paris, ville cosmopolite, accueille alors de nombreux musiciens allemands. Wolfgang accompagné de sa mère, Anna Maria, s'y installe le 23 mars tandis que la saison des concerts bat son plein. C'est son deuxième voyage dans la capitale où « à pied, tout est trop loin, ou trop sale, car à Paris, il y a une saleté indescriptible ». Il trouve les Français « désormais bien près de la grossièreté et affreusement orgueilleux » (lettre du 1er mai 1778) ; ils « n'ont aucun savoir-vivre » (18 juillet)...
Peu de temps après son installation, il rencontre Joseph Legros, directeur du Concert-Spirituel. Il lui commande une symphonie concertante destinée aux concerts de la Semaine Sainte, et sympathise aussi avec Jean-Georges Noverre, maître de ballet de l'Opéra.
Mais à l'insouciance des premiers jours succèdent vite les désillusions.
Les visites dans les maisons aristocratiques auprès de riches mécènes n'aboutissent à rien et Legros écarte finalement sa symphonie concertante. Pourtant, sollicité par Noverre, Mozart compose plusieurs pièces du ballet Les Petits Riens. Il participe enfin au Concert-Spirituel du jour de la Fête-Dieu, le 18 juin, avec la Symphonie no 31 en ré majeur, surnommée « Paris » très applaudie. Mais la malchance le poursuit car sa mère tombe malade et meurt le 3 juillet. Les dernières semaines se passent tristement, bien qu'il soit recueilli par le baron Grimm et Madame d'Épinay. Poussé par son père que Grimm a alerté, Mozart quitte Paris dès la fin de l'été. Malgré plusieurs tentatives, ce sera son dernier grand voyage à l'étranger.
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La correspondance de Mozart est sans doute la plus célèbre de toutes les correspondances de musiciens. Couvrant toute sa vie - depuis la missive de son père annonçant la naissance de son dernier enfant à l'ultime lettre de Mozart à sa femme -, elle servit d'assise aux premières biographies du compositeur. La figure imposante du père, très tôt conscient du remarquable talent de son fils, domine toute la première partie de la correspondance familiale. Leopold, soucieux d'échapper à l'atmosphère étouffante de la cour du prince-archevêque de Salzbourg, emmène ses enfants prodiges, Wolfgang et Nannerl, à travers l'Europe entière : Vienne, l'Allemagne, Paris, Londres, La Haye, Milan, Rome, Naples sont quelques-unes de leurs étapes, semées de succès retentissants mais aussi d'embûches suscitées par l'incrédulité ou l'envie. Rapidement, l'adolescent génial et extravagant s'émancipe et prend lui-même la plume, d'abord en de petits P.S. pleins d'esprit, puis plus personnellement, pour conter son deuxième voyage en Europe avec sa mère, son amour vain pour la chanteuse Aloisia Weber, ses succès parisiens, sa rupture avec son protecteur l'archevêque Colloredo, son mariage avec Constanze - mais aussi les circonstances qui assombrirent la fin de sa courte vie : la mort de sa mère, les difficultés financières, etc. Commentateur critique de la musique de son temps et de ses contemporains, il se plaît à donner des descriptions truculentes de son entourage. Le style vif et pétillant, le ton parfois trivial, voire grossier, de Mozart épistolier font aussi la saveur brute de cette correspondance, dont les premières éditions censurèrent nombre de passages.
Les morceaux pour piano de Mozart le révèlent sous un jour quelque peu inhabituel. Particulièrement surprenants sont ses exercices en contrepoint où il tente d'imiter le style baroque. La partition contient également des pièces très classiques par essence, qui peuvent rivaliser avec les mouvements de sonate par leur maturité, ainsi que des danses, composées dans un état d'esprit plus léger.