Fruit du compromis social-démocrate face au capitalisme industriel du XXe siècle, le modèle suédois a façonné durablement l'économie et la société du pays. Il a offert une alternative à la stratégie libérale en misant sur le dialogue social, l'égalité des conditions et la sécurisation des parcours individuels pour installer une économie dynamique et solidaire. Cette conception humaniste et responsable de la société, mise au défi de l'épreuve du temps, pourrait constituer aujourd'hui une source précieuse d'inspiration pour affronter les défis écologiques actuels.
Bien souvent, la pensée écologique reste trop enfermée dans une vision idéalisée des sociétés locales et trop attachée à une définition de la confiance reposant sur les liens de proximité.
Elle aurait sans doute tout à gagner en puisant dans l'histoire du modèle suédois les outils pour définir un Etat-providence écologique.
En croisant ces deux traditions, l'écologie définissant les objectifs de lond terme tandis que la social-démocratie fournirait des éléments pour y répondre, il en sort un «programme» qui, sans nier les difficultés liées à une telle réorientation, affirme que la réduction des inégalités, la confiance dans les institutions et la mobilité sociale augmentent la capacité de nos démocraties à évoluer vers des sociétés justes et durables.
Les alertes scientifiques sont sans ambiguïté : face à la crise écologique, il nous reste moins de dix ans pour agir. Confrontés à cette urgence, les décideurs politiques apparaissent désemparés, voire détournent le regard. Mais l'impuissance publique n'est pas une fatalité. En France comme ailleurs, on observe le même désir de changement, la même quête de solutions. En témoignent les mouvements de la jeunesse, les innombrables initiatives locales, les actions en justice et toutes les formes d'expression citoyenne qui contestent l'insuffisance des mesures adoptées pour produire autrement, réduire les inégalités et favoriser la sobriété.
Cet ouvrage collectif montre que des solutions sont à notre portée, à condition de tenir fermement ensemble les enjeux écologiques, démocratiques et sociaux. Il pointe les incohérences actuelles et propose des réponses plus systémiques, allant dans le sens d'une planification écologique menée à plusieurs échelles. Fiscalité, travail, finance, commerce, État social, consommation... C'est en revoyant en profondeur notre logiciel économique et en renforçant notre démocratie que l'on pourra relever les défis très concrets posés par le système énergétique, les transports ou encore l'agriculture. Car la transition écologique n'est rien de moins qu'un formidable projet de société !