LE LIVRE EST COMPOSÉ DE TROIS PARTIES.
La première évoque les vies mobiles. Ces hommes ou ces femmes que leur travail éloigne de chez eux (routiers, chantiers, livraison). Pour que cette vie soit vivable il faut que les proches restent immobiles (emplois sociaux de proximité) et que les loisirs ou les vacances se déroulent dans un rayon très réduit.
La deuxième partie raconte les vies entravées. À cause de restrictions judiciaires (contrôles), de handicaps ou d'absence de permis de conduire, le sauf-conduit pour avoir un emploi.
La troisième partie est consacrée auxvies immobiles. Très peu de déplacements, voire pas du tout, car ils ne peuvent acheter une voiture. Une vie d'expédients à chasser les promotions dans les centres commerciaux.
Sur les lignes encombrées ou celles moins fréquentées, par-delà le vide des rails surgit une silhouette, apparaît un vélo, un bagage. Dans un univers de gares ju taposant époques et styles, ce sont les êtres humains et leurs traces qui crèvent l'écran des photos de Stéphane Delpeyrat- Vincent.
Elles sont peuplées de gens, et surtout d'attitudes. Attitudes de méditation, d'attente, de relâchement. Le « moyen de transport », ce lieu où on ne se sait pas vu, et encore moins regardé, photographié !
Ou tout simplement où on se fiche d'être vu. On est en train de s'offrir un repos, en train de se faire beau pour le moment d'après, le lieu d'après. On sort du train pour s'en griller une vite fait. Surpris par la petite brise, on regarde le paysage autour de soi en se demandant : « Qui donc vit ici ? Comment vit-on ici ? » Par la fenêtre de son appareil, Stéphane Delpeyrat-Vincent rêve à ces questions et à d'autres : « Que font ces personnes assises à mes côtés ? Où vont-elles à cette heure ? Ontelles deux maisons, deux amoureux, deux boulots ? Comment arriventelles à leur destination finale, loin de la gare ? » En transition lui-même, Stéphane Delpeyrat-Vincent a profité de cet entre-deux pour recueillir les postures pompéiennes de ses semblables, courbés vers leurs portables ou emmitouflés dans leur intimité. Tout ce qui fait aujourd'hui un voyage en transports en commun est dans ce livre. La rassurante présence du « wagon- bar », l'implication des grands-parents, les enfants qui veulent aller aux toilettes, le deuxième bureau, le salon de lecture, les rencontres de quai... Avec la patience, la tendresse et le lien pour fils conducteurs.
Car si certains semblent réfugiés dans leur intériorité, ces passagers sont tous en relation avec un environnement et un équipement communs. Ce dont nous sommes témoins au fil des couloirs, quais et voitures - conversation fugace, bébé trimballé, visages de lendemain de fête... -
Deux ans d'enquête dans les municipalités frontistes.
Un reportage en forme de roman-photo où rien n'est inventé, où tout est vrai.
Chaque propos entendu est retranscrit à la virgule près. Les photos saisissent des scènes quotidiennes : des échanges entre une mère et sa fille, une élue et son chien, un maire et son conseiller, entre le sosie de Johnny Hallyday et celui d'Eddy Mitchell.
Au final, un constat sans appel : le Front national s'est engouffré dans un vide politique.
Le parti de Marine Le Pen capte les voix d'une population convaincue et d'une autre qui, hier encore, jurait qu'elle ne voterait jamais pour le Front national. Certes, le vote FN répond à des marqueurs politiques intemporels. Il exprime aussi le sentiment de trahison. Les personnes rencontrées ne croient plus aux partis de gouvernement, alors pourquoi ne pas essayer le Front national ?