À l'époque wisigothique et pendant les premiers siècles de la 'Reconquête', les royaumes catholiques de la Péninsule ibérique n'entretiennent guère de relations avec Rome.
Il faut attendre Alexandre II (1061-1073) et Grégoire VII (1073-1085) pour que les papes y fassent admettre leur autorité effective. Comment comprendre une telle indépendance dans des royaumes si préoccupés par la défense de la foi? S'agit-il d'un refus réfléchi de la primauté pontificale ou d'un simple isolement géographique? Le problème, jusqu'à présent mal posé, est en fait celui d'un décalage entre la théorie, une Chrétienté incontestablement romaine, et la pratique ; un paradoxe, unique en Occident, qui ne peut se comprendre sans une réévaluation culturelle de la notion d'autorité et de sa réception.
À la fin de l'Antiquité et durant le Moyen Age, peut-on considérer la lettre comme une arme de guerre ? Depuis plusieurs années, différents programmes européens de recherche explorent les ressources de l'art épistolaire, qui sert tout autant à maintenir le lien entre des amis éloignés qu'à alimenter la haine ou la controverse entre des protagonistes qui ne peuvent, ou ne veulent, se rencontrer. Le présent volume propose de réfléchir sur un temps long aux modalités épistolaires des conflits, à leur mise en forme et en mots, ainsi qu'à leur gestion mémorielle, afin d'éclairer les continuités et ruptures sur la période choisie, du IVe au XVe siècle, en combinant les approches historique et littéraire et en articulant l'étude du contenu et à celle du contenant.