Roger Duchêne, éditeur de Madame de Sévigné à la Pléiade, biographe à succès chez Fayard (Ninon de Lenclos, Molière, La Fontaine, Madame de Sévigné...) avait publié en 1994 chez Robert Laffont un Impossible Marcel Proust.
Cette imposante biographie se distinguait notamment par l'utilisation de la correspondance et des textes de jeunesse pour raconter, avec précision et sans les confondre, l'histoire de la vie et celle des oeuvres de l'auteur de la Recherche.
Paru dans la collection « Biographies sans masque », l'ouvrage fut très bien accueilli à sa sortie et ce d'autant plus qu'il avançait sans tabou, s'aventurant sur des chemins peu fréquentés : l'argent, la sexualité, la judaïté....
Cette biographie remarquable, devenue un classique, méritait, en cette « année Proust », d'être de nouveau disponible, revue et augmentée et dotée d'un titre neuf.
Le fils de l'auteur, l'universitaire Hervé Duchêne, signe une longue préface enthousiasmante qui met en valeur ces qualités.
Rien de moins monotone que l'existence de la célèbre marquise, toute en contrastes. Orpheline et enfant gâtée, jeune femme trompée et pourtant guillerette, veuve courtisée à la réputation parfois chancelante, frondeuse et proche du pouvoir, parisienne et provinciale, elle a été tout cela avant de devenir une mondaine brillante et le « supporter » de la plus jolie fille de France. La voilà mère douloureuse, mère désespérée, mère abusive, en même temps qu'elle se convertit progressivement à l'exigeante spiritualité de Port-Royal. Elle y trouve la paix de l'âme à l'heure où la certitude d'un amour partagé entre sa fille et elle lui apporte la paix du coeur.
Elle doit à son sexe la chance d'être devenue un grand écrivain. Femme, elle a laissé courir sa plume, inventant sa propre rhétorique au lieu d'écrire comme les hommes, régulièrement. Avec plusieurs siècles d'avance, elle a misé sur la spontanéité et la sincérité.
A soixante-dix ans, elle meurt au château de Grignan, femme tendre qui sait se révéler femme forte à l'heure suprême. De l'exubérance baroque au dépouillement janséniste, sa vie se déroule et se lit comme un roman dont l'héroïne, mieux que personne, a vu et raconté tout son siècle.
Grâce à la découverte de nombreux documents inédits et à la publication de lettres enfin non censurées, Roger Duchêne a donné, il y a vingt ans, la première biographie moderne de Mme de Sévigné. Il en propose aujourd'hui une nouvelle version, entièrement revue pour tenir compte des récents acquis du savoir sur la marquise et les femmes de son siècle, et aussi des attentes d'un public désormais curieux de découvrir, à travers la vie d'une grande dame d'autrefois, les événements et les façons de vivre et de penser d'un temps révolu.
Éditeur de Mme de Sévigné à la Bibliothèque de la Pléiade, Roger Duchêne a aussi publié les Oeuvres complètes de Mme de La Fayette chez Bourin-Julliard-Laffont. A cette femme, à La Fontaine, à Ninon de Lenclos, il a consacré chez Fayard des biographies qui font autorité. Son Molière lui a valu le Grand Prix de la biographie littéraire de l'Académie française. La Société des Gens de Lettres de France lui a décerné le grand Prix de l'Essai pour son livre Les Précieuses ou comment l'esprit vint aux femmes.
Rien de plus romanesque que la vie de Mme de La Fayette, la dame de la. rue de Vaugirard, où elle grandit, vécut et mourut dans des maisons. construites par son père, dont elle hérita le sens des affaires. Promise à un brillant destin dans un Paris où les poètes la disent " incomparable " à dix-sept ans, elle doit bientôt s'exiler en province, en Anjou, puis en Auvergne, le pays de celui auquel on la marie précipitamment. On lui a volé sa jeunesse. Avant vingt ans, elle se défie de l'amour, " sentiment incommode ".
Mais elle croit à l'amour tendre des romans de Mlle de Scudéry. Elle le file avec Ménage, un érudit qui se métamorphose, pour Mme de Sévigné, puis pour elle, en poète galant. Il en fait la " Madame Laure " de ses poèmes. Quand elle retrouve la capitale, à vingt-cinq ans, elle lui doit de n'avoir pas été oubliée. Elle lui doit aussi d'avoir pu écrire et publier, anonymement, un premier roman, La Princesse de Montpensier. Reconstituer l'histoire de leurs rapports, c'est éclairer le statut intellectuel, littéraire et moral de celle qu'on a appelée " une précieuse de la plus grande volée " juste avant Les Précieuses ridicules. Après douze années d'amour tendre, ce seront dix-sept ans d'une " liaison " intime avec La Rochefoucauld, fondée sur la " sympathie ", qui n'est pas moins singulière que l'aventure sentimentale vécue avec Ménage. C'est dans ce climat qu'est née La Princesse de Clèves, lancée par une campagne de presse exemplaire, la première qui ait entouré un roman, dont la comtesse refusera pourtant de se reconnaître l'auteur.
Tout cela n'épuise pas le mystère d'un personnage toujours malade, toujours actif, amie de coeur d'Henriette d'Angleterre, dont elle a écrit la Fie, agent secret de la duchesse de Savoie, une autre amie de jeunesse, " Elle a cent bras ", disait d'elle celle qu'elle a " le plus véritablement aimée ", la marquise de Sévigné.
Molière n'a pas laissé de confidences. Pas une lettre, pas un mot. Il a près de quarante ans quand il commence à faire parler de lui. Sa vie et son oeuvre font scandale. On l'accuse de ruiner la religion, la famille, la morale. Et d'avoir épousé la fille de sa maîtresse, _ sa propre fille... Qui ne se priverait pas de le cocufier abondamment. Ses ennemis forgent sa légende noire, ses amis une légende dorée. Cette biographie les replace enfin dans leur contexte. En les prenant au sérieux, sans les tenir pour vraies, en les présentant au lecteur pour qu'il puisse juger à son tour.
A ces légendes, il est temps de substituer l'histoire, retrouvée dans des documents sûrs. On sait maintenant où, quand, comment, avec qui Molière a créé l'Illustre Théâtre, et qu'on l'a jeté en prison. A la sécurité du maître-tapissier Poquelin, il a préféré l'aventure avec la tribu des Béjart.
On le retrouve avec eux en province, vivant à l'aise au sein d'une troupe protégée par de grands personnages, qui tirent de leurs fonctions dans les instances régionales des subventions et des facilités pour les comédiens. Conti n'intervient qu'en dernier.
Grand succès pour Molière de retour à Paris. Grâce à ses propres pièces, car ses autres créations sont des échecs. Le voilà obligé d'écrire. A la ville, son théâtre devient malgré lui un théâtre comique, un théâtre Molière. A la cour, il invente pour le roi des pièces à grand spectacle. Cela diminue ses recettes, car les rires du parterre, dont les fêtes de la cour le tiennent éloigné, rapportent plus que la faveur d'un roi qui, finalement, privilégiera Lulli et l'opéra contre Molière et ses comédies-ballets.
Molière a réussi. Il est riche, fêté, adulé, contesté. Il est malade. Il meurt jeune, quasi sur la scène. Provocateur, il a suscité les passions. C'est la première idole des temps modernes. Il en a eu la gloire et la fragilité.
Molière a immortalisé les précieuses en les ridiculisant. et si, pour nous faire rire, il nous avait trompés ? si, au lieu de caricaturer des précieuses, il s'était moqué de ce qu'il y avait de plus moderne dans les façons de penser de ses contemporains ?
Réunis dans ce qu'on n'appelait pas encore des salons, dames et cavaliers osent remettre en cause les rapports à la lecture et à l'écriture traditionnellement établis par les savants de profession.
Mieux encore, ces mondains osent contester le dogme établi de l'infériorité du sexe féminin, et revendiquer son droit à la liberté sentimentale et même conjugale. ils affirment que les femmes aussi ont le droit d'accéder à la vie de l'esprit, à une culture moderne, dont elles seront juges et parties.
Quand paraissent les précieuses ridicules, cela fait près d'un siècle que ces idées révolutionnaires font leur chemin, notamment depuis l'hôtel de rambouillet. le ridicule jeté sur les précieuses a permis de masquer, voire d'entraver, cette évolution capitale.
Le livre de roger duchêne, qui analyse tout ce qu'on a dit des précieuses avant 1659, montre la naissance d'un mythe ambigu, auquel molière a ôté ce qu'il avait de positif pour en faire le sujet d'une farce parfaitement réussie, qui l'imposera enfin, lui et sa troupe, aux médias de son temps. imitateur et rival de molière, somaize, qui a fait des précieuses son fonds de commerce, a brouillé définitivement les pistes en prétendant en écrire le « dictionnaire » qu'on trouvera dans l'important dossier qui réunit pour la première fois les textes qui ont entouré cette étonnante supercherie littéraire.
Roger duchêne est l'auteur, chez fayard, de plusieurs biographies de référence, dont une consacrée à madame de sévigné et une autre à molière, qui a reçu le grand prix de la biographie littéraire de l'académie française. spécialiste du xviie siècle, il révèle avec ce livre une des plus grandes méprises littéraires et antiféministes de l'époque moderne.
Née marie de rabutun-chantal, la future mme de sévigné est une riche demoiselle du marais parisien, qui reçoit une éducation singulièrement libre, moderne.
Lecture de romans, apprentissage de l'italien, art de la conversation surtout. un art où la jeune femme brille, un art qu'elle maîtrise parfaitement, un art qu'elle traduira par écrit. dans des lettres légères, " poulets " galants qu'échangeaient gentilshommes et dames " de qualité " ; puis dans des lettres à sa fille, la comtesse de grignan, dont le départ en provence, déchirure de sa vie, signe sa naissance à l'écriture.
Roger duchêne a peint mme de sévigné en écrivain unique, écrivain malgré soi, dont la postérité a peu à peu constitué l'oeuvre.
Singulier paradoxe: notre grand fabuliste, l'auteur qui a introduit et répandu en France le seul genre moral qui ait eu un succès populaire, a vécu et écrit en marginal. Marié et père d'un enfant, il a laissé sa femme en province pour aller mener joyeuse vie de célibataire à Paris. Né dans une famille aisée avec terres, rentes et charges dans les Eaux et Forêts, il n'a plus rien quand il meurt chez les d'Hervart qui lui assurent le vivre et le couvert. Il a tout perdu dans le vin, le jeu et l'amour vénal.
Il aurait voulu être un grand poète. Il écrit pour Foucquet des poésies de circonstance qui le font connaître dans le monde, mais ne lui assurent pas la vraie gloire. Toute sa vie, il restera frustré de n'avoir pas réussi, malgré plusieurs essais, une oeuvre qui l'aurait rendu digne de figurer dans l'Art poétique. Ses Contes, en 1665, lui apportent, à quarante-quatre ans, un foudroyant premier succès. Ils font scandale. Le voilà classé parmi les libertins. Malgré les Fables, le roi a du mal à accepter son élection tardive à l'Académie française. Il doit promettre de se ranger.
Il n'écrira plus guère. Il ne se range pas. Il fréquente de grands seigneurs non conformistes. Il reste un esprit libre, un auteur inclassable. La maladie le convertit. Il doit renier ses contes pour recevoir les derniers sacrements. On est tout surpris à sa mort de trouver chez lui des instruments dont il se punissait de ses fautes passées.
Nul n'a plus que lui parlé de soi en un siècle où le moi est haïssable. Nul pourtant n'est plus mystérieux. Cette biographie perce son secret sous le masque des fausses confidences.
Roger Duchêne, né en 1930, est professeur de littérature française à l'Université de Provence. Spécialiste du XVIIe siècle, il a publié notamment, chez Fayard, Madame de Sévigné, Ninon de Lenclos et Madame de La Fayette.
De la première mention connue d'une lettre de Mme de Sévigné (1645), de sa première lettre conservée (mars 1648), de ses lettres d'" écolière " à son savant ami Ménage, de son brillant reportage en 1664 sur le procès du surintendant Foucquet jusqu'à sa première lettre à sa fille, le 6 février 1671, lendemain de ses quarante-cinq ans, puis à la dernière envoyée de Lambesc, en Provence, le 20 décembre 1695, que de " naissances " à l'écriture!
Que de renaissances depuis! On l'imprime pour la première fois juste après sa mort, survenue en avril 1696. Mais ses lettres à sa fille ne paraissent que trente ans après. Il faut attendre encore une trentaine d'années pour en avoir une édition prétendument complète. Retrouvée en 1873, une copie partielle des mêmes lettres les montre écrites autrement et révèle des textes inconnus. Nouvelle naissance du même écrivain...
Pour qu'aient lieu ces naissances successives, il a fallu beaucoup de miracles. Parallèle à la biographie de Mme de Sévigné, cette biographie de son oeuvre montre quand, comment et pourquoi les lettres privées d'une femme qui avait vécu, disait-elle, " sans éclat et sans distinction " sont devenues au fil du temps le chef-d'oeuvre de la littérature épistolaire.
De Mme de La Fayette, de Ninon de Lencls, de La Fontaine, et récemment de Marcel Proust, Roger Duchêne a écrit des biographies qui ont fait date. En premier lieu, revue et complétée à l'occasion du tricentenaire de sa mort, celle de Mme de Sévigné.
La lettre était fille du savoir. Sous Louis XIV, elle devient fille de la Poste.
De Cicéron aux humanistes, elle était réservée aux érudits et donc aux hommes mais elle s'est peu à peu libérée de ces contraintes, par exemple de celle de la langue en passant du latin au français. Elle s'est ouverte aux cercles mondains et aux femmes. La voici un moyen commode de communication. Familière ou galante, elle n'est plus le privilège d'un groupe intellectuel. Signe de cette importante révolution culturelle, elle désacralise l'écriture désormais à la portée de tous. Bientôt la lettre s'intègre dans d'autres genres littéraires - Mémoires, Confessions, Théâtre, Gazettes - et donne naissance au roman épistolaire.
Pour nous raconter cette histoire passionnante, Roger Duchêne revisite le passé notamment le XVIIe siècle, et s'appuie sur de nombreuses correspondances d'inconnus ou d'écrivains illustres. Il montre aussi comment la réorganisation de la Poste par Louvois, qui permet des échanges épistolaires suivis et plus réguliers, a permis cette révolution et rapproché les correspondants.
La lettre est désormais capable d'exprimer les contenus les plus divers, les arguments rationnels comme les mouvements spontanés du coeur, dans une écriture non plus rigide mais personnelle.
Naissance d'une région, naissance en France de la région: une double aventure pour la première fois contée par Roger Duchêne sans préjugé pro- ou antirégionaliste, sans passion politique.En octobre 1956, vingt-deux régions de programme sont créées dans l'indifférence générale. Malgré la résistance des notables locaux, malgré l'échec du référendum de 1969, elles ont finalement réussi à se glisser entre les départements et l'Etat. Avec l'élection de leur Conseil au suffrage universel, elles deviennent majeures en mars 1986.Voulues par le parti socialiste, les institutions régionales ont été définies dans le cadre préparé par le ministre de la Décentralisation, G. Defferre, qui a tenté de transposer à l'échelle du pays les leçons de sept années à la présidence du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cette dernière a donc constitué un véritable laboratoire et son aventure est tout à fait exemplaire.Voir comment Provence-Alpes-Côte d'Azur s'est formée et comment aujourd'hui elle pratique la concertation, la planification et le contrat permet à l'ensemble des Français de découvrir le sens des évolutions régionales de demain. Pour s'en réjouir ou pour se sentir jacobin...Roger Duchêne, né en 1930, est professeur de littérature française à l'université de Provence. Il a consacré sa thèse à Mme de Sévigné dont il a édité la correspondance dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il a collaboré régulièrement à divers journaux régionaux pour des chroniques traitant du passé de Marseille et de la Provence. Il est l'auteur de Madame de Sévigné (Fayard, 1982), et de Ninon de Lenclos (Fayard, 1984).
Le 11 décembre 1481, Charles du Maine, vingt-septième comte de Provence et de Forcalquier, meurt sans héritiers directs et lègue ses comtés à Louis XI, roi de France.Cinq cents ans plus tard, la régionalisation est à l'ordre du jour. Mais qui sait vraiment comment se sont constituées les régions et comment elles ont été réunies au domaine des rois capétiens pour former la France moderne?Roger Duchêne répond à ces questions en rappelant l'évolution historique qui, de l'occupation romaine à la nuit du 4 août 1789, a fait de la Provence un ensemble original, quelquefois souverain et longtemps autonome. Il montre comment s'est opérée, pacifiquement et quasi démocratiquement, cette union, puis évoque toutes les tensions opposant le pouvoir central et les défenseurs de la constitution provençale , tandis que le français s'introduisait sans heurts chez des élites qui continuaient à pratiquer quotidiennement la langue d'oc.Roger Duchêne, né en 1930, est professeur de littérature française à l'université de Provence. Il a consacré sa thèse à Mme de Sévigné dont il a édité la correspondance dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il a collaboré régulièrement à divers journaux régionaux pour des chroniques traitant du passé de Marseille et de la Provence. Il est l'auteur de Madame de Sévigné (Fayard, 1982), et de Ninon de Lenclos (Fayard, 1984).
« Mon Dieu, faites de moi un honnête homme et n'en faites jamais une honnête femme. » L'unique prière que Voltaire prêtait à Ninon gardait son caractère provocateur il n'y a pas si longtemps. Colette et Simone de Beauvoir auraient encore pu l'adopter. Avec trois siècles d'avance, cette brune à la beauté douteuse, mais au charme certain avait compris que l'égalité des sexes passait par la libération sexuelle des femmes.
Les philosophes du XVIIe siècle en firent un personnage de légende. Elle avait eu le chance de vivre assez longtemps pour devenir un « personnage ». A « Ninon la courtisane », voire « la débauchée », succéda une bourgeoise spirituelle ayant pignon sur rue, une vieille dame respectable à la fin apparemment chrétienne.
On prétendit pourtant qu'un abbé l'aurait eue pour maîtresse le jour de ses quatre-vingts ans. Dès seize ans, elle avait connu l'amour, et la liste de ses amants s'est bientôt allongée comme celle de Don Juan. Elle avait ses « payeurs », ses « favoris » et ses « martyrs ».
Mais elle comprit vite que l'amour ne se réduisait pas à la sexualité. Elle devint la moderne Léontium, où l'on venait apprendre « la manière jolie de faire l'amour ». Elle connut aussi la passion. Elle assuma discrètement les charges de la maternité.
Elle chantait bien, et elle avait hérité de son père un grand talent de joueuse de luth. Ninon de Lenclos, une superbe artiste.
Éditeur de Mme de Sévigné à la Bibliothèque de la Pléiade, puis de Mme de La Fayette chez Bourin-Julliard, Roger Duchène leur a consacré des biographies qui font autorité. Comme son La Fontaine et son Impossible Marcel Proust. Il a eu le Grand Prix de la biographie littéraire de l'Académie française pour son Molière (éditions Fayard).
En apparence, tout continue comme avant.
Beaucoup répètent après Aristote que la femme est un homme raté et lui ressassent sa faiblesse morale et son congénital manque de raison. En fait, tout est en train de changer sous l'effet de nouveaux savoirs qui contestent les préjugés hérités des siècles passés. D'incroyables débats font rage : faut-il ou non instruire les femmes ? Sont-elles capables de penser ? Certains estiment maintenant que l'esprit n'a point de sexe.
Colbert donne l'exemple en mettant un terme aux procès en sorcellerie qu'il juge déraisonnables. Peindre la femme au temps de Louis XIV, c'est donc raconter l'histoire d'une libération. Dans les faits pourtant, la subordination reste la règle. Les grossesses répétées sont toujours placées sous le signe de la mort tandis que les débuts de la médicalisation des accouchements se conjuguent pathétiquement avec les pratiques magiques les plus primitives.
Amour, sexe, mariage, Roger Duchêne ressuscite la destinée des femmes du Grand Siècle, des plus célèbres dames aux bourgeoises et aux paysannes anonymes. Dans ce récit foisonnant d'exemples souvent surprenants, sa connaissance du XVIIe siècle donne vérité et relief à la peinture d'un personnage collectif aux multiples facettes.