Publié pour la première fois en 1972, Le présage est un ouvrage qui pose d'une manière presque prémonitoire toutes les questions actuelles de l'écologie. Au cours de ses voyages à travers le monde, le narrateur observe certaines transformations de la vie végétale dues aux effets secondaires de la modernité. Il ne s'agit, en l'occurrence, que de la raréfaction ou la disparition des lichens, mais ce phénomène, aux conséquences assez limitées, a la valeur d'un signe, d'un présage. En passant de la Chine et de la Sibérie à Venise, de l'Inde et de la Thaïlande à New York, à Paris ou à Rome, le narrateur explore ce symbole, la mort des lichens, dans chaque partie du monde, et lui apporte un éclairage nouveau.
La détérioration biologique de la planète ne constitue pas seulement un accident du progrès. Elle remet en question les rapports de l'homme avec le monde, c'est-à-dire avec l'essence même de notre culture, de notre civilisation. Dans des lieux souvent surprenants, le narrateur poursuit un examen de conscience en forme d'évocation poétique, de réflexion philosophique, de témoignage. Un examen auquel aucun de nous n'a plus aujourd'hui le droit de se dérober.
Pierre Gascar projette sur certains aspects de la vie féminine une lumière qui n'est pas toujours sans cruauté.
C'est par l'amour que Nadia, dans Les femmes, échappera au désespoir de la captivité ; c'est par l'amour que Rose, dans L'incendie, sortira de la chambre obscure contre laquelle bat la haine des autres ; c'est par l'amour que l'autre Rose (mais n'est-ce pas la même ?), dans L'asile, parviendra à nier une réalité trop douloureuse. Livre sombre, livre tragique, ce recueil est une histoire d'amour , non pas quatre histoires d'amour comme la division du livre pourrait le faire penser, mais une seule.
La seule, car l'amour n'a jamais qu'une histoire.
«Pur ornement de nos bibliothèques, Buffon n'en sort que de loin en loin, juste le temps de nous remettre sous les yeux le pangolin ou la pie-grièche de ces gravures sur acier du début du siècle dernier, qui gardent dans leur grisaille la couleur des jours d'ennui de notre enfance. Derrière ce Buffon des vieilles images ou des «morceaux choisis», il en est un autre dont Lamarck, Cuvier et Darwin répondent.
Mais on n'y va pas voir; on s'en remet à eux. De telles cautions dispensent de sonder une renommée. On n'éprouve pas davantage le besoin de vérifier le bien-fondé de celle de Buffon écrivain, en qui Chateaubriand, Hugo et Balzac, parmi d'autres, voient un maître du style qu'on doit admirer, sinon imiter. II se peut que cette dualité du personnage ou plutôt son ambiguïté, car, en lui, le savant et l'homme de lettres se confondent, l'ait rendu moins accessible que s'il ne représentait qu'une de ces deux activités de l'esprit. Pourtant, dans cette démarche intellectuelle qui allie la sensibilité, l'amour du beau et la connaissance, c'est tout le XVIIIe siècle qui se définit. Buffon est le personnage le plus momifié de l'histoire de la science et de la littérature française; honoré, presque sacré, mais hermétiquement enfermé dans sa gloire, il tient pour nous, tout entier, dans son nom. J'ai voulu lui rendre sa présence.» Pierre Gascar.
Un groupe d'enfants dont on ne saurait mieux définir l'âge qu'en disant qu'ils se trouveront bientôt au seuil de la puberté. Aucun meneur de jeu. Le jeu, à l'intérieur de ce petit groupe, tous le mènent. D'une façon générale, l'auteur de ces pages ne nomme jamais personne et dit «nous». Cet être collectif, cette compagnie de garçons pleins de vivacité, de curiosité et d'imagination possède un domaine aux ressources infinies:un canton du midi de la France, situé loin des axes de circulation, oublié, et où la nature a souvent conservé un caractère sauvage. Le village qui en est le centre vit refermé sur ses traditions, ses secrets et ses rêves auxquels n'est pas étranger le lyrisme propre aux habitants de cette région. Au cours d'aventures singulières, parfois cocasses, les jeunes garçons découvriront peu à peu le monde des adultes dans lequel ils sont impatients de prendre pied. En même temps, animés par une sensualité encore confuse, ils auront tiré de la nature où ils connaissent une sorte de liberté animale tout ce qu'elle peut fournir à des êtres qui gardent la fraîcheur et l'ingéniosité de l'enfance. Le meilleur de la vie se trouve être ainsi le livre d'une exploration. Le monde naturel y révèle ses aspects inconnus ou oubliés, sa lumière, et derrière les amusantes péripéties du récit se développe un poème.
«La série de portraits qu'on trouvera dans ces pages offre l'image de la diversité dont la littérature française tire sa richesse et son éclat. Louis Aragon, Roger Caillois, Jean Cocteau, Michel Foucault, Philippe Hériat, Jean Rostand, Marguerite Yourcenar (l'ordre alphabétique bannissant toute idée de classement) représentent, chacun d'eux à sa manière, la pensée et la sensibilité de leur temps. Les moments que j'ai partagés avec ces écrivains, isolément, m'ont permis de découvrir des aspects significatifs de leur être, et leurs oeuvres en ont été pour moi un peu plus éclairées. C'est au seul hasard des rencontres que ces écrivains doivent aujourd' hui d'être réunis dans mon livre, mais je ne suis pas éloigné de penser que cette apparente disparate a la valeur d'une véritable sélection.» Pierre Gascar.
Un homme de trente ans - c'est lui-même qui raconte son histoire - revient dans sa ville natale aux trois quarts détruite par les bombardements de la dernière guerre. Il est pauvre et sans situation, mais il appartient néanmoins par son passé à la bourgeoisie cossue, vaniteuse et égoïste de la cité. Il vient d'épouser une jeune fille de 19 ans, Mathilde, qui, elle, ne fait pas partie de la «bonne société». Par miracle, dans cette ville où tous les habitants vivent entassés dans des décombres, il trouve à louer une chambre dans la maison de Mme Hardouin, une vieille amie de sa famille, chez qui il retrouve une bonne partie des meubles de ses parents, morts depuis peu. Ces meubles, qui n'ont aucune valeur en soi, éveillent aussitôt en lui toutes sortes de sentiments confus mais puissants:le goût de la propriété, du confort, de la sécurité et du souvenir. Ces sentiments, qui le rendent insensible à l'effort de reconstruction, de renaissance, dont Ia ville est le théâtre, le séparent de sa jeune femme qui n'a jamais connu que la pauvreté. Ils l'opposent également à Mme Hardouin, détentrice de trop de confort, de souvenirs, et tout armée de méfiance. Une sorte de folie s'empare de lui, un égoïsme monstrueux fait de lâcheté, d'abjection. Prisonnier de sa cIasse sociale, et incapable pourtant d'y rentrer, il ira jusqu'à rompre délibérément avec Mathilde et jusqu'à assassiner Mme Hardouin. Ce roman amer, sombre, étouffant, mais d'une force et d'une simplicité rares, éveille une angoisse singulière. En même temps qu'une illustration des conflits de notre époque, c'est une sorte de descente aux enfers de l'âme, qu'on oublie difficilement.
Tout a une fin, surtout l'adolescence. Un à un, la plupart des garçons de dix-sept ou dix-huit ans qui faisaient partie du petit groupe qui tenait ses assises au Palais Royal ont été requis par une vie plus personnelle. Les trois frères Dufour, et Olivier (le narrateur) se retrouvent seuls; et Pierre Dufour, avec une tyrannie maladroite, essaie de maintenir la cohésion de ce dernier carré. Mais déjà Olivier éprouve le besoin de s'évader. Un faux numéro de téléphone, composé dans des circonstances dramatiques, le met en communication avec une inconnue. Cette femme mystérieuse (qu'il ne verra jamais) devient sa confidente. Il ne tarde pas à nourrir pour elle des sentiments exaltés. Mais le drame se précipite, au terme duquel Olivier, désemparé, s'apercevra que l'adolescence est morte. Il va avoir vingt ans. La guerre menace. C'est un homme. Avec Le visage clos, Pierre Gascar a écrit le roman de l'âge ingrat, selon lui le plus beau de la vie. Peut-être n'est-il ingrat que parce qu'on doit l'abandonner tôt pour la solitude virile, pour l'aventure avec son propre destin?
Les quatre récits qui composent Soleils relatent des faits ayant pour cadre des pays où la lumière trouve tout son éclat:ici, le midi de la France, là, l'Espagne et l'Italie et, enfin, l'Éthiopie. Cette clarté intense est inséparable des histoires qui nous sont contées. En même temps qu'elle favorise l'ardeur des sentiments des personnages, elle renforce la présence du monde extérieur et en souligne la grandeur:nous sommes, ici, sur les lieux du destin. Destin que, dans chacun des quatre récits, l'amour détermine. Il ne s'agit pas toutefois de cet amour réduit à un jeu, à des conflits psychologiques ou à des rivalités, auquel nous a habitués la société moderne. Bien que vivant à notre époque et près de nous, les personnages de ces quatre récits sont animés par des sentiments instinctifs qui trouvent leur pureté dans leur violence même. C'est la vieille soif qui aimante, les uns vers les autres, les êtres, les rend plus sensibles à la réalité qui les entoure. Ce sont les tàtonnements de l'homme poussé par son besoin hors de sa solitude et éveillant, dans sa recherche, le monde qui l'environne. L'auteur rejoint ainsi un de ses thèmes familiers mais, en le développant, il découvre, cette fois, des possibilités d'éblouissement. Parmi ses livres tous nourris de faits réels, de souvenirs personnels, celui-ci qui l'est également, figurera comme une «expérience du soleil».
En 1945, quelques jours avant la victoire des Alliés, Paul, un prisonnier de guerre français, s'évade après avoir blessé, mortellement, croit-il, un nazi. Épuisé, il est recueilli par une jeune fille allemande, Léna, qu'il épouse, la paix revenue. Cependant Paul recherche désespérément, dans cette Allemagne d'après la guerre, l'image d'une paix plus large, plus juste que celle qui s'est établie. Le retour du père de Léna, un ancien nazi, achève de jeter le trouble dans le couple. Paul se fait passer pour mort, un jour qu'une fausse manoeuvre précipite sa voiture dans une rivière. Il commence à errer à travers l'Allemagne, en se donnant pour tâche de retrouver une jeune réfugiée qu'il avait rencontrée à la fin de la guerre. Jeté dans diverses aventures, mêlé à la vie des bas-fonds puis aux drames politiques de Berlin, Paul ne cessera d'attendre que le monde lui apporte une raison de survivre.
L'aménagement de grottes par les habitants d'un village, la passion archéologique des citadins venus s'installer dans la région en se préoccupant surtout de restaurer l'abbaye désaffectée, ont inspiré à Pierre Gascar une sorte de roman philosophique. Les grands problèmes de notre temps y sont abordés aussi sous la forme d'une méditation poétique. En appendice, l'auteur fait le portrait de son aïeule, une paysanne illettrée, démontrant ainsi, comme un peu plus tôt, à propos des grottes, que notre salut est peut-être «dans une certaine nuit».
Ces histoires où l'éclairage est mis sur des chevaux, des bêtes de boucherie, des rats, des fauves, un chat, des chiens sont très loin de l'anthropomorphisme. C'est par les mots, le style, son art d'écrivain que l'auteur apprivoise ces étrangers, ces créatures d'un autre monde, pour percer leur secret.
«On rencontrera, dans les récits historiques qui font la matière de cet ouvrage, un martyr juif vilipendé publiquement pendant plus de cinq siècles. Un philosophe injustement méconnu, ami de Voltaire et de Diderot, et mort dans des circonstances qui firent dire à beaucoup de ses contemporains qu'elles annonçaient sa damnation. Un révolutionnaire iconoclaste accusé d'avoir infligé à une statue le traitement qu'il devait subir lui-même, un peu plus tard. Un officier qui, par attachement à une relique, se fit, souvent inconsidérément, l'instigateur d'insurrections sanglantes. Un jeune homme qui, dans son combat acharné contre l'Église, se plut à exhumer certains morts qu'elle cachait pieusement, et qui finit par les rejoindre. Les raisons d'agir de ces personnages restent souvent difficiles à comprendre et se rattachent toutes aux conflits entretenus par le fanatisme et l'intolérance, dans notre pays, depuis plus de mille ans. Qu'attendent-ils? que justice leur soit rendue? que nous leur donnions, au moins, une place dans notre mémoire? J'ai cru deviner cette muette sollicitation et j'ai essayé d'y répondre. À l'historien il appartient de dégager, d'ordonner et de relier les certitudes que recèle le passé. Il revient à l'écrivain de prendre en charge ses fantômes.» Pierre Gascar.
Dans une vallée perdue du Jura, un village a été presque entièrement déserté par ses habitants. Les terres, autrefois cultivées, sont en friche. Une abbaye célèbre devrait être restaurée. Des plantes ont disparu, ainsi que des espèces animales:un aigle, qui avait fait son nid sur les hauteurs qui dominent le village et passait l'été au Sahara, ne se montre plus.Heureusement, les maisons abandonnées ont été rachetées par des citadins venus des grandes villes voisines, voire de l'étranger. Ils ont tous un certain âge, ne travaillent plus; ils ont élu domicile dans cette vallée pour retrouver la nature et jouir de leur reste.Entre eux et les indigènes une bonne entente existe, même si les deux communautés se mêlent peu. Pierre Gascar raconte avec humour et sympathie les rapports complexes et amicaux entre paysans et «résidents secondaires». L'histoire du village et de ses gloires, de sa vie au jour le jour sont pour l'auteur l'occasion d'envisager, non seulement pour l'Europe, mais pour l'Humanité, un avenir où des hommes venus d'horizons différents pourront vivre en paix dans une nature régénérée.
" L'histoire de Mlle Aïssé, une Circassienne achetée, enfant, sur un marché d'esclaves d'Orient et devenue en France une des jeunes femmes les plus attirantes de l'entourage du Régent Philippe d'Orléans, sans, fait unique, être soumise à payer l'habituel tribut, offre d'exemple d'une de ces grandes flambées de la passion qui, soit avec Héloïse, soit avec la Religieuse portugaise, viennent, au cours des siècles, trancher avec le caractère terre à terre et souvent atterrant de l'histoire.
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Pierre Gascar semble avoir signé un contrat d'intimité secrète avec la nature, et plus particulièrement le royaume végétal qu'il explore depuis sa maison de campagne du Jura. C'est une promenade à travers sa pensée à laquelle il nous convie, mais aussi à travers un ensemble d'observations botaniques minutieuses, originales, sur les plantes, les herbes et les fleurs. Connaissez-vous l'herbe à la femme battue, l'herbe à Robert, l'herbe aux gueux, l'herbe au chantre, l'herbe au diable, l'herbe au cabaret, l'herbe aux charpentiers? Qu'il s'agisse des visites au grand herbier du Muséum d'histoire naturelle, de l'évocation des grands naturalistes du passé ou de la tragique raréfaction de nos espèces végétales, thème essentiel de cet ouvrage, l'auteur nous promène dans un monde bien réel, mais secrètement éclairé par les souvenirs d'une enfance paysanne, et où, à chacun de nos pas, le rêve tend à prendre le relais du constat et de la réflexion.
Dans ce récit, où les éléments autobiographiques sont nombreux, Pierre Gascar raconte l'histoire d'un enfant privé de mère. Transporté dans une petite ville du Midi de la France, il doit brusquement, à dix ans, affronter la solitude et la pauvreté. . Chez lui, aucune vocation de victime. Volontaire, armé de patience, il s'emploiera à trouver son bien dans les rues surchauffées de la petite ville. Tantôt ramasseur de noyaux de pêches pour le compte d'un pépiniériste, tantôt mendiant, tantôt associé à des travaux agricoles, tantôt enfant de choeur, il découvrira, en même temps que la vie, l'âpreté de la vie. Impassible jusqu'à la cruauté et secrètement dévoré par le besoin d'aimer et d'être aimé, conscient avant l'âge des injustices de la société, mais confiant dans l'amitié des hommes, enclin à la tendresse, mais non au pardon... Ce livre impitoyable, écrit dans un style bref, est loin cependant d'être désespéré:parmi les ouvrages de l'auteur du Temps des morts et des Bêtes (prix Goncourt 1953), c'est, sous des couleurs sans indulgence, le «temps de la vie».
On s'accorde à voir dans Gérard de Nerval la plus grande figure du romantisme français, le seul véritable explorateur du rêve que notre littérature ait compté. Chez lui, la folie, cessant de mériter tout à fait son nom, devient un dépassement ou une sublimation du réel, un moyen d'échapper à une vie que l'époque, celle de Louis-Philippe, tend à enfermer dans le matérialisme et le conformisme bourgeois. On a trop souvent isolé Nerval du milieu dans lequel son métier de journaliste, d'écrivain et d'homme de théâtre l'a placé et où la pression de la classe sociale régnante s'exerce insidieusement, y rencontrant en général peu de résistance. Animé d'un esprit de refus, mais moralement trop faible pour donner dans la révolte ouverte (nous sommes à la veille de 1848), Nerval substitue au choix politique la fuite dans le rêve, à laquelle sa constitution psychologique le porte depuis son enfance. Recours qu'il ne dédaigne pas non plus dans ses affaires de coeur dont, à l'heure des difficultés, il sait s'évader en franchissant, comme il le dit, «les portes d'ivoire et de corne qui nous séparent du monde invisible».
Un jeune soldat - le narrateur, il y a plus de quarante ans - vit avec ses camarades une nuit de peur et de prémonition, au fond d'une casemate. Le voici, un peu plus tard, voguant, en pleine guerre, vers la Norvège, à bord d'un bateau ralenti par une bien singulière avarie... Puis le récit - cinq nouvelles, dont chacune se referme sur elle-même - nous transporte dans un pays de fiction qui se substitue ou se superpose providentiellement à la Normandie, au moment où l'armée allemande y déferle. Fait prisonnier, notre jeune soldat va se trouver en présence, de l'autre côté du Rhin, du «père des tonneaux», personnage semi-imaginaire dans lequel, déjà, l'Allemagne se rachète. On la retrouvera, également humanisée, dans le personnage d'une «doyenne» mourante ou déjà morte que notre jeune «héros» promène dans une ville en flammes, au milieu de l'Armée rouge fêtant, à grand renfort de vodka, sa victoire et la fête du 1?? Mai.
La guerre a bien des visages...
Quelques brassées de fougère introduites dans un camp de prisonniers de guerre, où l'on ne sait plus, depuis longtemps, ce qu'est un brin d'herbe, provoquent chez ces hommes un choc psychologique et des sentiments complexes qu'on comprendra mieux quand on aura découvert l'origine de ces plantes... Un enfant exilé accède à l'univers fantastique des champignons et y connaît sa première revanche... Dans la Chine communiste, un ancien bourgeois et un jeune révolutionnaire oublient leur antagonisme devant d'étranges végétaux.. Un homme vieillissant se sent devenir de plus en plus proche de la souche de l'arbre qu'il a fait abattre... Comme dans la mythologie, le blé et le pavot se retrouvent associés, amis, cette fois, au milieu des contradictions du monde moderne, qui nous font passer de la lutte contre la production de l'opium à la guerre en Afghanistan... Trois prisonniers s'évadent à travers une forêt dont ils ne voient jamais le bout... Personne ou presque ne connaît le nostoc, la seule algue terrestre:un promeneur, par un été pluvieux, n'y trouve rien de moins que l'explication de la nature... La place que le végétal occupe quelquefois dans notre destin et occupe en tout cas dans notre vie intérieure inconsciente nous est rappelée dans les sept nouvelles ou récits que Pierre Gascar a groupés sous le titre Le règne végétal. Le mot «règne» est pris ici dans les deux sens; il désigne à la fois une des grandes divisions de la nature et l'exercice d'un pouvoir souverain.
L'aventure commencée par Pasteur et ses proches disciples se poursuit aujourd'hui à l'Institut Pasteur. Les chercheurs y sont animés par la même ambition de percer les secrets du vivant et par la même volonté d'éradiquer les grandes maladies, du cancer au sida, dont souffrent encore les hommes. Mettant en évidence l'unité profonde qui peut exister entre un destin, une oeuvre et une postérité, cette biographie d'un genre nouveau nous révèle des savants dans leur humanité. Auteur de nombreux ouvrages, essais, biographies, Pierre Gascar a publié une enquête sur la biologie, sous la direction de Jean Rostand. Il a reçu divers prix littéraires, dont le prix Goncourt et le Grand Prix de l'Académie française.
Paris, le silence des nuits d'hiver, les rues désertes où des ombres furtives passent le long des murs, puis, soudain, des autos qui démarrent en trombe, des explosions qui retentissent, des poursuites qui s'organisent... En faisant vivre, sous nos yeux, les membres d'une organisation subversive, ainsi que leurs complices, leurs victimes et leurs adversaires, l'auteur s'est attaché à mettre en relief les contradictions, les conflits profonds dont s'accompagne toute lutte politique et à montrer qu'elle constitue, souvent, pour l'individu, même à travers l'absurdité, la violence, le crime, une recherche désespérée. C'est passionnément tendu vers une mystérieuse «autre chose» qu'agit, non sans lâcheté ou bassesse, Alain, jeune homme romantique, mal installé dans la société; c'est tourné vers une mystique ésotérique que le naturaliste Goes participe au combat de l'organisation et cache des explosifs dans le ventre de moutons empaillés. Et, dans la tendresse aveugle, l'appétit sensuel de Madame Malevin, bourgeoise mûrissante, dans l'ambition cynique de l'avocat Letellier, dans celle, plus naïve, du commandant Frochot, dans la cupidité de Rataud, l'homme d'affaires, dans les sentiments confus de leurs amis, on devine, par instants, la même quête démente. Cette recherche d'une vérité enfin exaltante trouve plus de pureté chez Béatrice Goes et chez Dandrieu, un des adversaires de l'organisation. Il découvrira chez Alain, son ennemi, la même passion obscure que celle qui l'anime. Il sera, malgré lui, «aimanté» vers ce semblable dévoyé, ce frère monstrueux. Parviendra-t-il à le rejoindre, à le vaincre ou à le convaincre? À travers ces deux personnages qui se haïssent «à mort» mais se cherchent avec toute l'ardeur de l'amour apparaît le thème essentiel de ce livre. Ce roman à l'action mouvementée est l'histoire de cette poursuite dramatique.