Hanté par le silence de son grand-père, prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale au camp de Rawa-Ruska à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, le Père Patrick Desbois a choisi de consacrer sa vie aux recherches sur la Shoah. C'est en enquêtant sur la Shoah par balles en Europe de l'Est depuis 2004 qu'il découvre l'existence, dès 1941, d'une machinerie d'une incroyable précision : comment des milliers de juifs et de tsiganes ont-ils pu être assassinés, bien avant l'invention des camps ? Qui savait, qui a participé, contraint ou non, à l'organisation des massacres, et de quelle façon ?
En Ukraine, en Biélorussie et dans tous les territoires soviétiques concernés, Patrick Desbois et l'équipe de Yahad-In Unum (l'association qu'il dirige, créée par les cardinaux Jean-Marie Lustiger, Philippe Barbarin et Jean-Pierre Ricard, le rabbin Israel Singer et Serge Cwajgenbauma) ont cherché et retrouvé des milliers de témoins qui, pour beaucoup, avaient choisi le silence. Depuis l'élévation des barricades entourant le ghetto, le creusement des fosses, la mise à mort des Juifs, le comblement de ces mêmes fosses, jusqu'à la préparation des repas des bourreaux et la revente des vêtements des victimes, toutes les étapes de ce crime savamment organisé sont ici révélées. Contrairement à ce qu'on a longtemps voulu croire, il eut lieu en plein jour.
Ce puissant et bouleversant témoignage, narré par ceux qui en furent les témoins principaux, constitue une plongée dans la réalité la plus concrète, parfois difficilement soutenable, de la Shoah par balles en Europe de l'Est.
1941. Les Einsatzgruppen, unités mobiles nazies, s'enfoncent dans le territoire soviétique. Partout où elles encerclent les villages, tous les hommes, femmes et enfants juifs sont rassemblés, dénudés puis abattus avant d'être enterrés dans des fosses communes. Juin 2002. Le père Patrick Desbois part pour l'Ukraine. Village après village, il va recueillir les témoignages de ceux qui ont vu. Fosse après fosse, il récolte les preuves et reconstitue les conditions de ces milliers d'assassinats d'une rare sauvagerie. Pour que ces Juifs aient une sépulture digne de l'espèce humaine. Et pour que l'espèce humaine se rappelle qu'elle est aussi capable du pire. Et prenne garde.
L'esclavage des Yazidis par Daech est l'un des drames les plus marquants de notre époque. L'histoire des passeurs, qui ont créé des réseaux clandestins pour libérer ces innocents, restait à écrire.
En août 2014, Daech lance une guerre génocidaire dans les terres de la minorité religieuse yazidie, au nord de l'Irak. Des pères de famille et des personnes âgées sont exécutés et jetés dans des fosses communes. Des milliers de femmes et d'enfants sont kidnappés et destinés à devenir les esclaves sexuels ou les enfants-soldats du «califat».
Face à l'horreur, des civils, femmes et hommes, renoncent à leur vie ordinaire pour devenir passeurs. Yazidis ou musulmans, ils sont marchand, chauffeur de taxi, médecin, journaliste ou avocat. Traqués par Daech, ils infiltrent les communications du groupe, recrutent des informateurs et des équipes clandestines jusqu'aux confins de la Syrie. Dans cette coalition hétéroclite, des intermédiaires aux motivations diverses parviennent à sauver des centaines de captifs. Sans eux, aucun Yazidi ne serait revenu vivant de l'enfer.
Fruit d'enquêtes de terrain et d'entretiens inédits, ce livre propose un plongeon vertigineux dans la nuit de Daech, aux côtés des passeurs. Un récit intense et poignant où se mêlent courage, sacrifice et liberté.
« Des récits de sauvetages impressionnants. ».
(Beate et Serge Klarsfeld).
"Le chemin ? Un inextricable enchevêtrement d'une multitude de cheminements personnels, différents dans leurs approches et sensibilités, semblables quant à leur destination : Compostelle. Dans ce maelström d'humanité, le témoignage de trois marcheurs parmi tant d'autres : celui de Jean celui de Patrick et celui de Jean-Marie qui, animé d'un sentiment d'urgence, « s'attend à rencontrer l'inattendu au-delà de ses désirs ». Or, comme chacun sait, l'inattendu est une composante curieuse. Si vous l'invoquez, elle se manifeste à sa façon. La voici à l'oeuvre dans ce jeu d'écriture à plusieurs mains."
Le massacre des Yazidis par l'Etat islamique n'a pas d'autre nom : c'est un génocide. Dans les camps de réfugiés du Kurdistan irakien, Le Père Desbois et Nastasie Costel ont interviewé plus de cent survivants. Ces esclaves de Daech ont observé leurs tortionnaires et vu les lieux tenus secrets de l'organisation. Sexe, meurtres et argent, leurs révélations fracassent les apparences. Ceux qui se présentent comme des "soldats de Dieu" n'ont pour ambition que le pouvoir.
L'EI ne promet pas le Paradis après la mort, elle l'offre sur terre. Pour cela, il leur faut des outils : les Yazidis. Les hommes, inutiles lorsqu'ils refusent de prêter allégeance, sont éliminés. Les femmes deviennent esclaves sexuelles ou reproductrices, dont la progéniture viendra grossir les rangs de l'organisation. Les enfants, des soldats. Avec retenue, émotion et intelligence, le Père Desbois se penche une fois de plus sur la mémoire des oubliés des guerres, nous plongeant au coeur de ce qu'il convient bien d'appeler par son nom : un génocide "utilitaire".
La voix, humaine, qu'il manquait.