Il est temps que l'histoire de la Grande guerre devienne véritablement mondiale. Elle n'est le plus souvent qu'une histoire européenne, à l'exception de l'entrée en guerre des Etats-Unis. L'Amérique latine semble n'y avoir aucune place, comme si elle s'était tenue en marge du conflit. Pourtant l'Argentine et le Brésil ont bien été confrontés à la guerre. Les populations, largement composées d'immigrants européens, se sont senties concernées par l'issue des combats, d'autant que de nombreuses communautés étaient appelées à rejoindre leur patrie en Europe et à prendre les armes. L'impact de la guerre se fit sentir aussi dans le domaine économique et transforma en profondeur les sociétés latino-américaines. Spectatrices à distance du suicide de l'Europe, elles ont été choquées par cet effondrement d'une civilisation qu'elles admiraient. Les intellectuels, jusque-là convaincus de la nécessité d'imiter la culture européenne, s'en sont détournés pour la seconde fois, après les indépendances du début XIXe siècle, et ont commencé à promouvoir d'autres modèles, d'autres idéaux culturels, du panaméricanisme à l'affirmation nationale.
Il n'est pas ici question des sempiternelles histoires de poilus ou des débats sur les résistances à l'effort de guerre. L'Adieu à l'Europe propose une histoire décentrée, depuis cet ailleurs si proche et si lointain qu'est l'Amérique latine. A ce titre, il ne se contente pas de renouveler notre géographie de la guerre, il offre aussi un plaidoyer pour une autre histoire du XXe siècle latino-américain.
Rejetée du paysage intellectuel français depuis la Seconde Guerre mondiale, l'oeuvre de Maritain est une référence majeure dans la culture politique de la démocratie chrétienne d'Amérique du Sud. Une influence paradoxale, puisque Maritain s'est toujours défié des moyens impurs de la politique: philosophe chrétien de la démocratie au travers d'oeuvres comme Humanisme intégral ou Christianisme et démocratie, jamais il ne s'est voulu le philosophe de la démocratie chrétienne qu'il jugeait de manière sévère. Dans un premier temps, ce travail vise à analyser cette consommation politique du maritainisme, en déclinant dans la perspective d'une histoire comparée les différentes lectures qui ont été faites de Maritain par les élites catholiques sud-américaines, des années 20 à la charnière des années 60 et 70. Il s'agit notamment de montrer comment l'oeuvre du philosophe a rencontré l'horizon d'attente d'une génération de jeunes catholiques soucieux d'inventer de nouvelles formes d'engagement du chrétien dans la vie de la cité. Par ailleurs, parce que la réception du maritainisme outre-Atlantique est particulièrement polémique et suscite de nombreux débats, elle constitue un prisme utile pour décrire les lignes de faille qui parcourent le catholicisme sud-américain durant près d'un demi-siècle. Du renouveau catholique de l'Entre-deux-guerres jusqu'aux mutations post-conciliaires, le maritainisme ne cesse d'être une question disputée, qui témoigne du regard que portent les élites catholiques, dans leur diversité, sur la place de l'Église dans le monde moderne.
La concomitance des changements politiques récemment survenus en Amérique latine ne laisse pas d'étonner. Après la vague des tournants à gauche, les années 2015-2016 marquent, sur le plan politique, une rupture avec la décennie antérieure, entament une phase de déclin des gauches dans la région. En outre, la procédure de destitution lancée au Brésil à l'encontre de la présidente semble sonner le glas de la dynamique « progressiste » dans le sous-continent. En fait, ce recul semble attribuable à une certaine usure du pouvoir ainsi qu'au ralentissement économique observé depuis 2014 et, outre la réémergence de pratiques de gouvernement autoritaires, au fait que l'électorat n'est pas majoritairement ancré à gauche. Ces crises de gouvernance se manifestent par le maintien, sur le long terme, des principaux maux qui affectent le sous-continent : les inégalités se sont pour l'essentiel maintenues et, malgré les alternances politiques, la violence et l'impunité persistent. Reste que la région occupe désormais une place relativement centrale sur les plans international et diplomatique, quelle que soit la couleur politique des gouvernements. En cette année 2016, l'Amérique latine se situe donc à la croisée des chemins, entre des crises multiples et multidimensionnelles à l'intérieur des frontières nationales et une présence et une reconnaissance de plus en plus forte dans les espaces de pouvoir des arènes internationales.
Que devient le Venezuela dix ans après l'accession au pouvoir de Hugo Chávez Frías ?
Au-delà des slogans simplificateurs fustigeant le despote liberticide ou louant le nouveau libérateur de l'Amérique latine, cet ouvrage dresse un bilan détaillé et contrasté de l'état politique, économique et social du Venezuela contemporain. Fondée sur la redistribution massive de la rente pétrolière, la politique menée par Chávez a contribué à réduire les inégalités sociales et à inclure dans la sphère politique des catégories de la population qui en étaient traditionnellement exclues.
Mais des lacunes et des questions demeurent : quel est l'avenir de ces politiques dès lors que le prix du pétrole s'effondre ? Assiste-t-on à une réelle transformation des structures politiques et sociales ? Les tensions entre les institutions étatiques et les Conseils municipaux, outils de renforcement de la démocratie participative, ne risquent-elles pas de déboucher sur un populisme refusant la complexité du débat politique ?
Réalisé par les meilleurs spécialistes du Venezuela et fruit de longues études de terrain, cet ouvrage est destiné à devenir une référence pour tous ceux qui s'intéressent au devenir de l'expérience vénézuélienne et, plus largement, à l'avenir d'une Amérique latine qui cherche une alternative au néolibéralisme.
Axée sur la relation entre texte et image photographique, l'exposition América Latina 1960-2013 et l'ouvrage publié à cette occasion révèlent la grande diversité des pratiques photographiques de nombreux artistes latino-américains au cours de ces cinquante dernières années, marquées par une forte instabilité politique, économique et sociale. L'association du texte et de la photographie, que ce soit avec la photographie directe ou à travers l'utilisation d'une large gamme de médiums (sérigraphie, collage, performance, vidéo, installation.), a répondu aux besoins de certains artistes de communiquer dans un contexte d'urgence et d'explorer les notions de territoire, d'identité et de mémoire. À la fois plongée dans l'histoire récente du continent et vaste panorama de la production artistique contemporaine, l'exposition América Latina 1960-2013 et son catalogue dévoilent à travers la présentation de près de cinq cents oeuvres la multiplicité de ces pratiques artistiques tout en révélant la spécificité de l'approche latino-américaine.
L'exposition América Latina 1960-2013 est présentée à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris du 19 novembre 2013 au 6 avril 2014 puis au Museo Amparo de Puebla, au Mexique, du 15 mai au 17 septembre 2014.