Nous abordons dans cet ouvrage la question de l'intégration des minorités culturelles en Europe, en nous basant sur une enquête sociologique dans les milieux scolaires. Il s'agit d'étudier la mise en place d'une éducation interculturelle dans trois pays différents, le France, la République tchèque et l'Espagne (Andalousie), dans une perspective comparative fondée sur une analyse sociétale : nous mettons en effet en regard les politiques officielles d'intégration avec les pratiques de terrain mises en oeuvre par les acteurs.
Cette enquête trinationale permet de développer une réflexion critique et épistémologique sur le modèle de l'intégration en Europe, et présente l'originalité d'élargir l'analyse à la minorité culturelle la plus importante d'Europe, la minorité Rom, qui représente une population de plus de 200.000 personnes en République tchèque.
La thèse défendue par cet ouvrage est qu'il ne peut y avoir d'intégration sans la mise en oeuvre d'une politique d'inspiration multiculturelle : le multiculturalisme, et plus généralement l'anthropologie culturelle d'inspiration anglo-saxonne peut être conciliée avec notre modèle d'intégration républicain, en développant des programmes de formation interculturelle dans les universités qui tiennent compte de l'histoire de l'immigration en France depuis les années 70 jusqu'à nos jours, et en reprenant certaines stratégies liées à la discrimination positive : point de communautarisme, mais un multiculturalisme libéral (Kymlicka) qui conjugue égalité et diversité, universalisme et pluralisme des visions du monde véhiculées par les différentes cultures de notre temps (Herder).
Le monde est devenu ce petit village où chacun communique avec chacun, où l'on ne peut pas ne pas communiquer, et où l'individu ne devient effectivement un sujet que relativement àd'autres individus ; en ce sens, l'empirisme a eu raison de dire que tout ce qui existe, tout être est ou bien percevant ou bien perçu, l'action dérivant dans la théorie pragmatiste de cesdonnées immédiates de la conscience.
Ce petit village, nous avons eu l'idée de l'appeler le village des Hobbits, en référence au récitépique de Tolkien, qui permet d'illustrer le sens de notre propos : l'innocence ou la candeur quise lit dans l'indétermination foncière du tempérament du Hobbit renvoie bien à cette idée anaximandréenne de nature comme apeiron (Indéfinie, indéterminée, infinie) ; ce qui particularise cette innocence sur fond d'infinité n'est plus la négativité, mais l'inversion du négatif en positif, l'Autre qui vient me limiter par sa présence et son langage, sa vision du monde (forme symbolique). Le véritable nom ou la propriété de l'infini est l'éthique, le mode de séjour sur Terre et la manière d'être, l'ethos : c'est en ce sens que l'on peut comprendre la phrase de Simondon selon laquelle c'est « le préindividuel qui fonde le spirituel dans la collectif » : le Préindividuelest le puits sans fond des possibles à venir, et des potentialités spécifiques de chacun qui,mises bout à bout, peuvent former une société, une communauté transindividuelle.
La perception nous ouvre à un mode sensoriel, à un déploiement des sens qui se cristallisent dans un corps : elle est ouverture, orientation du vivant dans un monde polarisé, comme chez Simondon.Retour ligne automatiqueLa phénoménologie de la perception, et la perspective génétique de Simondon postulent en amont une théorie du corps percevant comme reconnaissance d'un foyer préindividuel qui précède la pensée objective : percevoir, c'est prendre à travers l'expérience continuelle de choses changeantes la possibilité d'une unité de soi-même sans réduire le mouvement qu'elle imprime en nous, et à notre conduite. La perception est du domaine du préindividuel, qui s'aligne sur une détermination du sujet comme investissement de son corps et de sa motricité : le préindividuel, possibilité ontologique du mouvement, du sujet qui peut se mouvoir dans le monde et en cela ne jamais pouvoir achever sur un mode constituant sa conscience des choses - idéal d'adéquation, est bien ce champ de spatialisation originaire du sentir, de l'indéterminé du sentir que vit notre corps dans son expérience du monde.
Il est difficile de définir l'unité des présocratiques dans une opposition nette à la philosophie socratique. On peut toutefois reconnaitre une certaine valeur au terme "présocratique" car il se réfère plus simplement à tous les penseurs qui n'ont pas subi l'influence de la pensée de Socrate, sans nécessairement se prononcer sur ce qui constitue la rupture socratique. Notre hypothèse est que ce qui unifie les différents aspects de la philosophie des présocratiques, leur trait commun - outre la recherche d'une sophia - est celui de la Physis, de sa définition et de sa compréhension. Cela entraine le questionnement suivant : qu'est-ce que la Physis ? Pour un Grec, qu'est-ce que signifie se rapporter à la nature ou à la surnature ? Le trait commun aux penseurs présocratiques est qu'ils sont physiciens et moralistes?; en un mot, ils sont des législateurs?: les deux aspects apparaissent dans les fragments comme indissociables. Ontologie, esthétique et éthique semblent inextricablement mêlés, selon un plan d'immanence. C'est cette perspective d'analyse encore trop méconnue que nous souhaiterions aborder dans la présente recherche : que nous disent les Présocratiques de l'Homme ? Quelles sont les questions relatives au sens de la destinée humaine ? Qu'est-ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire ? Bref, comment l'éthique et l'anthropologie sont-elles articulées à la vision de l'essence de l'Homme, à une ontologie ? Nicolas Dittmar est philosophe de formation et Docteur en Sciences de l'éducation. Il est l'auteur de Phénoménologie et individuation?: la vie du corps, paru aux Éditions Dittmar, et de Simondon et le devenir, une éthique du bonheur transindividuel, publié aux Éditions Ovadia en 2017.
Le monde est à l'image d'un labyrinthe, compris comme champ des possibles, et d'une forme de liberté indéterminée de chaque être, comme l'illustre bien le mythe de Thésée, cherchant indéfiniment son « fil d'Ariane » pour se repérer et se laisser guider, dans le dédale qui le mène à affronter le Minotaure, vers la liberté. Ce caractère « baroque » de la nature humaine, ou de l'individu dans toute sa complexité, protéiforme et singulière, Comenius l'avait saisi et a tenté, dans un geste devenu emblématique en ceci qu'il est universel, de transposer dans une philosophie sensualiste et une science a priori de l'éducation, cet esprit du baroque de la Renaissance où se mêlent et s'allient les contraires dans un dialogue sans fin, où se manifestent toutes les formes d'expression, les émotions, les sentiments, et les dimensions affectives pouvant animer l'âme humaine.
M. Foucault décrivait l'homme comme « doublet empirico-transcendantal » et l'on peut se demander quelles transcendances, quels fondements concevoir pour l'homme dans l'époque post-moderne dans l'idée d'une raison éducative : à quel monde éduque-t-on ? Qu'est-ce que former l'homme ? Comme le remarque F. Morandi, « le fondement, c'est la construction : elle n'exclut pas le risque, qui devient objet d'éducation » Dans l'exégèse de l'épistémé classique, il y a un « manque », une omerta ou une éclipse de la pensée pédagogique et universaliste de Comenius (J-A), pourtant décisive à bien des égards sur le plan de l'effectuation ou du dévoilement critique de la raison envisagée en tant que principe même de l'individuation. Le parallélisme ratio et operatio est appréhendé par l'auteur, ce qui avait manqué à G. Bruno, dont Simondon nous dit qu'il avait approché, sans le saisir, le sens et la valeur d'un principium individuationis qui avait guidé toute la recherche philosophique médiévale.
Penser l'individuation ou la réalité « radicale » de la vie, implique une méthode génétique, et relève en même temps d'une démarche naturelle qui est au plus proche de la dynamique de la vie, et de la problématique perceptive. La philosophie de l'individuation peut en effet se caractériser comme un vitalisme, mais il s'agit d'un vitalisme critique, qui s'interroge sur les conditions de la connaissance réelle, dans ce qu'elle a de plus immédiat pour la conscience. C'est en ce sens que l'on peut comprendre la philosophie de Simondon, de façon post-phénoménologique.Le projet le plus général qui caractérise l'analyse ortéguienne est d'introduire les notions de vie et de valeur dans la science et les concepts sur lesquels elle s'appuie pour forger une théorie de l'Homme : le geste philosophique commun à Simondon et à Ortega consiste rigoureusement à élaborer une ontologie non-éléatique de l'Etre, à travers la notion d'ontogénèse chez le premier et de raison vitale et historique chez le second. L'enjeu est « d'apprendre à désintellectualiser le réel afin de lui être fidèle », l'éléatisme ayant représenté « l'intellectualisation radicale de l'être... cercle qu'il est urgent de dépasser » : le fait de parler de réalité a semble-t-il trop longtemps fait l'objet de l'ontologie, c'est-à-dire d'une réification du réel en ce qu'il a d'identique, la chose étant réduite à une nature que l'esprit observe de l'extérieur, à une « res » ; or, nous dit Ortega, « ce qui nous gêne dans le naturalisme à l'heure de concevoir les phénomènes humains, ce qui les couvre face à notre esprit, ce ne sont pas les attributs secondaires des choses, des res, mais l'idée même de res fondée sur l'être identique et, en tant qu'identique, fixe, statique, prévu et donné... Le naturalisme est, à sa racine, intellectualisme, « projection du mode d'être particulier des concepts sur le réel ».Simondon dénonce de manière similaire le privilège ontologique accordé à l'individu comme être donné une fois pour toutes, de façon monolithique, en tant qu'effectif et en acte, laissant de côté l'opération et le processus d'individuation qui conduit réellement, c'est-à-dire potentiellement, à l'individu constitué ; pour les deux auteurs, il s'agit en fait, de « renoncer allègrement, courageusement, à la commodité qu'il y a à présumer que le réel est logique », et de repenser un concept de devenir en tant qu'être, dans la perspective de cette philosophie ionienne dont l'enjeu était de « sauver les apparences ».
Dans cet essai consacré à la sagesse des présocratiques, Nicolas Dittmar nous invite à découvrir et comprendre la démarcation possible entre le matérialisme réductionniste professé par Michel Onfray et l'ouverture à une certaine forme de spiritualité établie sur les fondements scientifiques et philosophiques théorisés par Gilbert Simondon : le paradigme de l'ontogénèse ne permet-il pas en effet de penser le lien conceptuel entre l'expérience du transindividuel et la question d'une « survie toute personnelle de l'âme » ? Comment relier une philosophie de l'individuation comme paradigme théorique contemporain dans la recherche philosophique à son fondement adéquat visé dans une doctrine de la sagesse ou de la spiritualité, telle qu'elle apparaît notamment dans l'héritage de pensée présocratique ?