À la Renaissance, la poésie la plus subjective au sens moderne du terme, c'est-à-dire celle où s'exprime un " je " individuel et particulier, dans l'épître par exemple, est aussi la moins lyrique. La poésie lyrique se définit comme une poésie du chant et de la célébration, de Dieu, des grands, de la dame. La première personne qui s'y exprime ne saurait se confondre avec un " je " autobiographique et adopte des postures, des personnes diverses, qui varient en fonction du genre adopté et du destinataire. Elle n'en est pas moins omniprésente. Le présent ouvrage se propose précisément d'explorer cette diversité et d'expliquer cette omniprésence.
Tout pour réussir l'agrégation.
Le mot lyrique a été inventé par les grammairiens alexandrins pour désigner un type de poésie grecque archaïque, d'emblée défini comme originel et irrémédiablement perdu, celui d'une poésie de la performance, indissociable de la musique, prière ou action de grâces sur les autels des dieux, célébration sur le lieu de la victoire, invitation à boire au cours du banquet, etc. Tout poème lyrique convoque cette origine, réinvente au siècle de l'écriture, du livre, de l'imprimerie, cette performance et cette variété premières.
Horace le premier offre dans ses Carmina un modèle de transposition en recueil que les jeunes poètes français de la Renaissance, épris d'origine et de nouveauté, reprennent et réinventent, pour ressusciter à leur tour l'origine perdue de la lyrique.