À un moment bien précis de son élaboration, l'oeuvre d'art n'est plus dirigée par l'artiste lui-même mais par une entité autre, que Murielle Gagnebin dénomme Ego alter. L'auteur en traque le dévoilement qu'elle aborde par la notion psychanalytique de projection avec son cortège de régressions et de dépersonnalisations. Ceci, à travers des oeuvres littéraires (Rousseau, Artaud, Walser, des Forêts, Bonnefoy, Barthes), des oeuvres plastiques (Van Gogh, le surréalisme, les frères Van Velde, et des peintres contemporains) et des cinéastes, tels Eustache, Sokurov, Van der Keuken. Ces terres insolites ne sauraient être confondues avec le domaine du rêve, dont M. Gagnebin analyse les multiples fonctions, à même des films. L'auteur s'interroge sur les éclipses de cet Ego alter avec Beckett, Amiel, et Angelopoulos. Centrée sur certaines " peintures noires " emblématiques, la fin du livre permet à M. Gagnebin d'étudier les " interdits " adressés à cet Ego alter.
Docteur d'État ès lettres et sciences humaines (Genève et Paris), Murielle Gagnebin est professeur à la Sorbonne Nouvelle (Paris-III) et membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris. Auteur de plusieurs livres, elle situe ses recherches à l'interface de l'esthétique, de la philosophie et de la psychanalyse.
5 La passion de l'identité 7 Le fonctionnement psychique : une vocation Convergence de l'oeuvre littéraire et de l'oeuvre théorique, 7 Une théorie enracinée dans une praxis, 10 Une vue révolutionnaire de l'analyse, 12 Une éthique du bouleversement, 16 20 Les abîmes de la psyché " A vrai dire, le paradoxe n'est qu'apparent ", 20 Perdre pour gagner, 21 Invention et déterminisme, 25 Continuité et mutation, 32 Pulsion de mort et libido, 35 L'hôte ambivalent, 38 L'énigme du langage, 42 La sexualité de la femme reformulée ou " La géographie, c'est le destin ", 44 Ineffabile individuum ?, 50 54 Une cinétique dramatique Mundus est fabula, 54 Une conception poïétique de l'analytique, 56 De l'alibi romanesque à la dramaturgie théâtrale, 58 63 Une clinique de l'économique 65 Éléments biographiques 66 Bibliographie raisonnée 86 Choix de textes Le même et l'identique, 86 Notes sur l'évolution et la nature de l'Idéal du Moi, 88 Contre-transfert et système paradoxal, 92, 94 Le travail du trépas, 95 La bouche de l'Inconscient, 98, 101 Pendant la séance, 102, 105, 106 Stratégie et tactique à propos des interprétations freudiennes et kleiniennes, 107 Du dérangement au changement, 109 Interprétation et mémoire, 110 Les esclaves de la quantité, 112 La mort n'avoue jamais, 114 Le lac, 116 Le rire et la poussière, 116 Dentelle en terre, 121.
"L'auteur propose ici un modèle inédit d'interprétation de l'art centré sur le conflit psychique inhérent à chaque oeuvre. Est ainsi promue une vraie poïétique de la perturbation. De la théorie aristotélicienne de la création, l'auteur retient le jeu des quatre causes qu'elle renouvelle à la lumière des propositions freudiennes et post-freudiennes. C'est-à-dire que le capital pulsionnele, le degré de bisexualité, la capacité à élaborer deuils et choix, enfin l'emprise sur le matériau sont désormais les figures analytiques auxquelles répondent secrètement les oeuvres d'art. Considérés avant tout comme des créatures vivantes, films, tableaux, images dites virtuelles ou de synthèse sont donc à la fois des individus organisés et dotés d'une structure psychique précise et des personnes possédant un destin.
Conviée en ces lieux où l'oeuvre dévoile sa vulnérabilité, l'exégèse s'attelle à travailler au bord du gouffre, là où l'art à tout instant risque de se perdre, n'était ce le recours à ce que l'auteur nomme une "greffe métaphorisante" : Antonioni et sa conception du vide, Fincher et le fétichisme, Kurosawa et l'irreprésentable, Lynch et les figures de l'excès, tels sont quelques territoires de l'expérience ici menée.
"Montées" sur les paroles du patient, les interprétations psychanalytiques permettent en outre à l'auteur de développer une herméneutique de montage pour le moins intrigante, tandis que certaines données princeps du cinéma viennent comme enrichir ce moment si crucial de la cure." Texte de couverture Table des matières Ouverture : les préludes de la création PREMIÈRE PARTIE Introduction : un modèle épistémologique Penser l'irreprésentable : Kurosawa Les pouvoirs du vide : L'Éclipse d'Antonioni La passion de l'alternative chez Resnais : un mauvais infini L'esthétique comme clinique de l'excès : David Lynch Aux confins de la symbolisation : Tony Oursler DEUXIÈME PARTIE Introduction : psychanalyse et création ou de l'herméneutique à l'heuristique L'art abstrait aux prises avec la psychanalyse Montages cinématographiques et niveaux de l'interprétation psychanalytique : hypothèses et enjeux De l'essentielle falsification des perceptions : trompe-l'oeil et image de synthèse (3D) Défense et illustration de la notion de " greffe métaphorisante " L'esthétique et le mal Crépuscule de l'art Épilogue Index nominum, 245 Références de publication Du même auteur
L'art de la feintise ou l'inconscient au banc d'essai de la peinture, du cinéma, de la littérature et de la clinique psychanalytique. Comment les instruments de la psychanalyse permettent-ils de faire la différence entre une oeuvre vraie et une oeuvre fausse ? Pais pour qui sait lire en qualité de psychanalyste l'inauthenticité est aussi révélatrice. La véracité qui surgit au travers du travail artistique et clinique d'interprétation montre comment la falsification, en passant par des outrances ou par une rhétorique de la litote, se piège elle-même. Les exemples cités relèvent autant de la peinture, du cinéma que de la littérature, mais il s'agit d'une lecture psychanalytique ...