Avec son légendaire talent de conteur, Michel Butor raconte l'histoire de la littérature française comme vous ne l'avez jamais lue : La Fontaine et Racine, Perrault et Chateaubriand, Proust et Céline, mais aussi la naissance du roman, l'Orient et ses fées, l'utopie, les métamorphoses de l'alexandrin ou encore les poètes de la Résistance...Au fil d'échanges vivants et malicieux, cette figure majeure du Nouveau Roman resitue chaque auteur dans son époque, explique le mouvement qu'il a incarné.Chez Butor, tout pétille. Il nous invite ici à une véritable fête de l'esprit.
Dès la première phase, vous entrez dans ce livre, ce livre que vous écrivez en le lisant et que vous finirez par ramasser sur la banquette du train qui vous a conduit de paris à rome, non sans de multiples arrêts et détours.
Le troisième roman de michel butor, paru en 1957, la même année que la jalousie d'alain robbe-grillet, le vent de claude simon et tropismes de nathalie sarraute, reçut d'emblée un excellent accueil de la critique.
Couronné par le prix renaudot, traduit dans vingt langues, c'est encore aujourd'hui le plus lu des ouvrages du nouveau roman.
« Il en fait trop : non seulement le théâtre, mais le roman, non seulement les invectives, mais les chansons, les petites épopées, mais le promontoire du songe ; non seulement la littérature mais le dessin. Il finira par nous prendre toute la place ! ».
Dans cet ouvrage qui prend la forme d'un florilège, Michel Butor nous ouvre les portes de l'oeuvre impressionnante de Victor Hugo, d'ordinaire rassemblée en une vingtaine de volumes massifs. L'approche ici est bien différente. Plus simple, plus intime, plus ludique aussi ? le lecteur aura même droit à des dessins signés Victor Hugo ?, les morceaux sont choisis, souvent inattendus, et précédés d'un court commentaire de Michel Butor. Une main tendue vers ce grand homme, un recueil pour découvrir ou redécouvrir, toujours avec envie, l'oeuvre d'un des plus grands écrivains du XIXe siècle... et de tous les temps.
« Sous son titre sage et méthodique mais dont on saisit vite l'ambivalence, L'Emploi du temps est d'abord un roman policier, bâti, selon la définition qu'en donne l'auteur, "sur deux meurtres dont le premier, commis par l'assassin, n'est que l'occasion du second, dans lequel il est la victime du meurtrier pur et impunissable, du détective qui le met à mort...". Par un raffinement supplémentaire, c'est également un roman policier, intitulé de façon ambiguë et analogique Le Meurtre de Bleston, qui servira de guide à Revel au long de son enquête. À l'aide de cette clé il va essayer toutes les serrures, découvrir des repères. Sa tâche est celle du détective qui ouvre ses dossiers, suit sa piste, consigne, dépose et, par une entière connaissance des faits et causes, s'efforce de reconstituer "l'accident". » (Monique Nathan, Critique, n° 116, 1957) L'Emploi du temps est le deuxième roman de Michel Butor, paru en 1956.
«Des mots dans la peinture occidentale ? Dès qu'on a posé la question, on s'aperçoit qu'ils y sont innombrables, mais qu'on ne les a pour ainsi dire pas étudiés. Intéressant aveuglement, car la présence de ces mots ruine en effet le mur fondamental édifié par notre enseignement entre les lettres et les arts. Toute notre expérience de la peinture comporte en fait une considérable partie verbale. Nous ne voyons jamais les tableaux seuls, notre vision n'est jamais pure vision. Nous entendons parler des oeuvres, nous lisons de la critique d'art, notre regard est tout entouré, tout préparé par un halo de commentaires.Ce n'est pas seulement la situation culturelle de l'oeuvre, mais tout le contexte dans lequel elle se présente à nous qui est transformé par le titre : la signification de cette organisation de formes et couleurs change tout au long de la compréhension parfois fort progressive de ces quelques mots. La composition la plus abstraite peut exiger que nous lisions son titre pour nous déployer toutes ses saveurs, toutes ses vertus.»Michel Butor.
« Chaque moment est complexe, au sens mathématique de «nombre complexe» ; il est traversé d'échos, d'harmoniques. Et, parmi les activités humaines, parmi tous les registres possibles de paysages, la marche en montagne est la plus propice pour générer ces harmoniques ».
Infatigable voyageur, Michel Butor a côtoyé tout au long de sa vie les cimes du monde. Source inépuisable d'émerveillement, la montagne fut pour lui un formidable catalyseur d'idées, occupant une place primordiale dans son travail d'écriture. Depuis les versants du Nouveau-Mexique jusqu'aux sommets du Japon, en passant par le massif des Voirons, l'auteur de La Modification nous convie à une promenade intime et littéraire au gré des sentiers de son existence.
«Respirez l'air de 50 États ! De ville en ville, de frontière en frontière, de la côte Atlantique à la côte Pacifique ! Des centaines de fleuves, des centaines d'oiseaux, des centaines de voix ! Les Européens, les Noirs, les Indiens ! Vivez aujourd'hui avec votre famille la rigolade, l'aventure, le drame du passé, du présent et du futur de l'Amérique ! [...] Mobile ! Une orgie de surprise et de frissons !».
Le Génie du lieu, paru en 1958, premier essai de Michel Butor, se compose de deux parties. La première est une série de portraits de sept villes de la Méditerranée, Cordoue, Istanbul, Salonique, Delphes, Mallia, Mantoue et Ferrare, suivi d'une réflexion toute butorienne, mélange de rêverie, de poésie et d'anecdotes personnelles, sur l'Egypte, où il a vécu et qu'il a toujours aimée.
Loin des fades commentaires sur les paysages c'est en promeneur enchanté, inspiré par ses souvenirs, que Butor digresse sur l'histoire et la littérature des lieux qu'il visite. Il hisse ce qu'il appelle la « critique géographique » au rang d'oeuvre d'art, n'oubliant jamais que les villes ne sont pas des miracles de la nature, mais les chefs-d'oeuvre des hommes. Des empereurs y ont construit des palais avant que des conquérants ne les détruisent. Des sculpteurs y ont élevé des statues. Des écrivains y ont écrit des livres. Au tour de Michel Butor de s'inscrire dans la mémoire des lieux. Voilà pourquoi on croisera Borges au détour d'une ruelle de Salonique, Averroès à un carrefour de Cordoue et Philippe de Macédoine assis sur une ruine de Delphes.
Le Génie du lieu est-il le lieu du génie de Michel Butor ? Ses admirateurs continuent de se disputer : de La Modification ou du Génie du lieu, lequel est son plus grand livre ?
Ces recherches correspondent à une étape dans le développement de la forme romanesque : le «nouveau roman» a, en effet, au début des années soixante, déclenché une remise en cause de la tradition du récit, en même temps que la critique a cherché un approfondissement de l'esthétique littéraire. Du nouveau roman à Tel quel, Butor nous donne un exemple de ce qu'est véritablement un critique littéraire au travail. Le roman est systématiquement interrogé, dans sa forme, ses structures, ses personnages et sa fonction culturelle, puisqu'on interroge les rapports du roman et de la poésie, le rôle de l'«espace romanesque», l'usage des pronoms personnels, etc. Mais c'est aussi et plus généralement une réflexion sur la littérature et le livre même à quoi se livre l'un des tenants de l'effort de renouvellement du genre romanesque au XX? siècle.
Dans l'oeuvre au long cours de Michel Butor, la poésie a pris une place toujours plus vaste, à la mesure de son formidable appétit de découverte et d'expérience, à la mesure de l'immense liberté qui l'anime : les formes, les bruits de langue, les images, les méditations explosées, les improvisations érudites trouvent spontanément place au sein de compositions qui tiennent de la symphonie, de l'oratorio, voire de la fresque. Butor sait manier le langage comme un peintre sa palette ou un musicien son instrument, il veut tout signifier, tout suggérer, tout recréer, qu'il s'agisse d'un tableau, d'une mélodie ou d'un périple en eaux profondes.
Sans doute faudra-t-il un jour lire l'ensemble de ses compositions comme un défi de démiurge acharné à réinventer la Création, avec çà et là des notes vibrantes et pures, des soupirs d'anges ironiques, des pensées abyssales et le désir d'un horizon d'écriture pareil à un écho qui n'en finirait pas.
Dans ce volume de Poésie/Gallimard, Michel Butor nomadise à travers son oeuvre immense et compose le parcours d'écriture qu'il entend partager aujourd'hui.
Ce volume offre un choix de sept études tirées des fameux Répertoires. Michel Butor, outre son oeuvre romanesque, est un critique littéraire au plein sens du terme, c'est-à-dire un lecteur passionné qui sait communiquer son plaisir tout en utilisant le registre d'un savoir sûr, et qui incite à la découverte des livres comme à leur relecture. L'érudition pourra ensuite s'inspirer des voies qu'il aura frayées, mais l'essentiel est de parvenir à garder un regard neuf sur des classiques où nous discernons pour la première fois tel motif, tel dessin jusqu'alors inconnu. Rabelais, Perrault, Diderot, Rousseau, Hugo et Zola - quoi de plus connu que ces monuments? Butor ouvre sur leurs oeuvres des perspectives dont l'originalité se fonde sur la précision de son écriture qui continue de se forger au contact des styles qu'elle évoque:elle est critique et reste néanmoins littérature en se plaçant au niveau même de l'inspiration créatrice des auteurs dont Butor sait parler, en professeur, mais d'abord en écrivain.
Hormis quelques lecteurs fidèles, attentifs au mouvement d'ensemble de son oeuvre, qui connaît vraiment Michel Butor poète ? Pour le grand public, il demeure ce romancier, auteur de La Modification, qui reçut en 1957 le prix Renaudot, il se voit inexorablement identifié à ce livre, et cantonné à travers lui dans l'aventure du « nouveau roman ». Or la réalité est bien différente. Depuis la publication de Mobile, en 1962, c'est en direction de la poésie que s'est orientée son écriture, ou plutôt est-ce ce mot de poésie qui convient le mieux pour désigner l'inflexion de son oeuvre vers des expérimentations sans cesse renouvelées.
L'un des paradoxes, et non le moindre, de l'oeuvre poétique de Michel Butor est sa fausse désinvolture. Elle manifeste un goût prononcé pour une inventivité débridée, dans la lignée surréaliste. Hostile aux règles, elle existe comme détachée des contraintes littéraires et affiche une grande liberté d'allure. Élaborée au croisement d'une respiration et d'une méthode, il semble qu'elle offre à son auteur la possibilité d'une écriture au plus long cours, d'un souffle plus ample, d'un phrasé musical qui se déploie plus librement que dans les couloirs narratifs du roman, parfois étagé en strophes de prose où il paraît rebondir comme sur les marches d'un escalier. Et c'est alors la jubilation d'un homme-langue, revêtant tour à tour toutes sortes de tenues, qui se donne à entendre.
Michel Butor est un oiseau. Michel Butor est un indien rusé en salopette. Son oncle par alliance est un vieil Inca atypique. Il cherche comme lui, et comme Arthur, son petit-neveu turbulent de Charleville-Mézières, « une nouvelle façon de nous rendre à notre état de fils du soleil ». Michel Butor est un gourmand, un chef cuisinier, un marchand ambulant (d'un temps passé). Je le vois en aviateur, en Merlin, en Hermès, en cambrioleur, en horticulteur habile, en lyrique, en homme-orchestre et en jeune singe paradoxalement sage, souriant patron des scribes d'aujourd'hui et de naguère.
J.-M. Maulpoix
Le jeudi 13 mars 1856, un peu avant 5 heures du matin, Jeanne Duval, qui vivait alors avec Baudelaire, le réveilla en faisant du bruit avec un meuble dans sa chambre.Le rêve qu'il vient d'interrompre lui semble si drôle qu'il écrit immédiatement à son ami Charles Asselineau pour le lui raconter en détail.Les rêves, on le sait, jouent dans l'oeuvre et la pensée de Baudelaire un rôle fondamental, mais celui-ci est le seul dont nous ayons la date, le seul dont nous puissions étudier, par conséquent, les circonstances qui sont en effet remarquables, puisque, la veille, le premier de ses livres venait enfin de paraître, la traduction des Histoires extraordinaires d'Edgar Poe, mais qu'il n'en avait pas encore d'exemplaire à sa disposition pour en faire cadeau à sa mère, cadeau qu'il lui fait en rêve.Le commentaire se développe en spirale, à partir de ces données précises, pour en étudier les tenants et aboutissants, la parution des Histoires extraordinaires n'étant que le prélude de celle du livre de poèmes dont les trois titres successifs - Les Lesbiennes, Les Limbes, Les Fleurs du Mal - correspondent à trois stades sur le chemin de la vie de Baudelaire.Peu à peu ce sont toutes les relations entre poésie et sexualité, poésie et révolution, poésie et suicide chez Baudelaire qui s'éclairent d'un jour nouveau.
À l'occasion des Rencontres littéraires en Haute Provence 2012, quarante-quatre poèmes écrits pour des livres d'artistes réalisés avec Youl Criner.
"Quand on atteint les quatre-vingt on écrit en octosyllabes si je deviens nonagénaire je saurai compter jusqu'à neuf c'est nettement plus difficile mais sonne tout différemment j'ai essayé cela produit une sorte d'hésitation" Michel Butor
La question de la modernité semble désormais obsédante : quand débute-t-elle ? De quoi est-elle faite ? En littérature, la réponse de Butor est nette : c'est avec Baudelaire, Dostoïevsky, Mallarmé et Jules Verne que notre modernité s'annonce. Au XXe siècle, la déclinaison de cette tendance fait se succéder Raymond Roussel, Proust, Joyce, Pound et Faulkner. Ce qu'on a appelé le «nouveau roman» a déclenché une réflexion sur l'histoire contemporaine de la littérature, et la critique se faisait combattante, sûre d'une évolution imminente. Depuis, les certitudes ont quelque peu vacillé, mais cette première réception des écrivains du tournant et du début du siècle constitue à son tour un moment de l'histoire de la critique et de l'analyse littéraires.
Et je voyais se dérouler les royaumes de la Terre ; ou plutôt ces villages, collines, forêts, moissons et vignes, rochers et lacs, les nuages même, étaient devenus mon royaume dont j'avais été dépossédé à ma naissance déjà, mais surtout de plus en plus au long de ma croissance, chaque fête d'anniversaire réussissant mal à masquer une humiliation, un renoncement, une spoliation supplémentaires. Non que je fusse roi, l'héritier seulement ; trop jeune encore malgré mon âge apparent, enfant émerveillé devant une inépuisable exposition de jouets protégés dans la vitrine de la distance. Ainsi, dans la descente et l'approche sinueuse, tout m'apparaîtrait rafraîchi dans son relief, comme si l'écart de mes deux yeux m'avait découvert enfin son utilité.
Michel Butor est célèbre pour ses romans, ses poèmes et de nombreux textes aux formes hybrides. Mais il a aussi été photographe dans les années 1950-1960 et cette facette de l'écrivain, on la connaît peu, voire pas du tout.
L'ouvrage regroupe une sélection d'images en noir et blanc, principalement issues des nombreux voyages de l'auteur, notamment en Turquie, en Grèce, en Espagne et aux États-Unis. Dans ses photographies, Michel Butor s'attache aux éléments remarquables de l'architecture monumentale - édifices religieux et bâtiments patrimoniaux - ainsi qu'aux espaces de l'existence ordinaire - places, rues, passages ou bien demeures. Il accorde une attention toute particu- lière au détail et nous livre des clichés aux cadrages modernes et intemporels dans lesquels il est ques- tion de paysages, d'architecture et de bateaux, mais surtout de mouvement et d'immobilité, de vie et de mort, en un mot de poésie.
Le livre comporte une introduction de Mireille Calle-Gruber, spécialiste de l'oeuvre et grande amie de Michel Butor, ainsi que les textes qu'il a pu écrire sur la photographie tout au long de sa vie. Les pho- tos sont aussi accompagnées d'extraits tirés de ses oeuvres protéiformes (Le génie du lieu, Alphabet d'un apprenti...).
Butor par Butor: une lecture originale en forme d'alphabet.
D'abord romancier (prix Renaudot pour La Modification en 1957), Michel Butor a montré, de livre en livre (sa bibliographie compte des centaines de références), que la poésie était une préoccupation essentielle, qu'il n'a cessé d'exprimer sous toutes les formes possibles. Profondément originale et diversifiée, son oeuvre s'étudie aujourd'hui dans les universités du monde entier.Un premier Poètes d'aujourd'hui, dû à François Aubral, a paru en 1973. Trente ans après, alors que la liste des publications s'est agrandie, il a paru intéressant de demander à Butor de donner sa propre lecture de son oeuvre. Il l'a fait obliquement, par petites touches, sans renoncer pour autant à mettre en lumière la cohérence de l'ensemble. Mise dans l'ordre alphabétique, la suite des fragments qu'il a été amené à écrire compose un alphabet à la manière des livres de lecture de notre enfance.L'anthologie qui accompagne cet alphabet d'un apprenti, pour laisser à l'ouvrage de François Aubral toute son actualité, ne propose que des textes postérieurs à sa parution, publiés dans des éditions à tirage limité.