Vaste et érudit commentaire sur la modernité, notamment sur le vingtième siècle, cet ouvrage mélancolique et poétique de Mario Tronti dresse le bilan des échecs des expériences du siècle passé. Alors qu'aujourd'hui on peut dire que la liberté de pensée est garantie, il n'est accordé aucune pensée de la liberté. Le capital a conquis le monde entier, et il est parvenu à conquérir l'homme lui-même.
Oeuvre de lutte et traité de philosophie politique, De l'esprit libre est aussi et avant tout un chef-d'oeuvre de résistance : une oeuvre composée de fragments, car "on ne peut plus penser et écrire qu'en fragments, le monde d'hier ayant éclaté en milles morceaux."
Nous, opéraïstes est le récit, à la première personne, de ce que fut le mouvement opéraïste entre les années 60 et 70, et qui a imprégné la plupart des mouvements de la gauche extra-parlementaire en Italie et en Europe. Histoire d'une aventure politique et intellectuelle, de ses ouvertures comme de ses errements, de ses avancées comme de ses retentissants échecs, elle est d'un enseignement exemplaire pour la refondation d'une pensée critique en ce début du XXIe siècle, et se double, avec l'écriture de Mario Tronti, d'un petit chef d'oeuvre de 'style', où prime le « critère de l'honnêteté ».
Paradoxe d'un temps qui s'achève en parfaite antinomie avec ses commencements : le vingtième siècle arrive à son terme, avec son cortège de luttes et de défaites, de guerres et de révolutions, de petite et de grande histoire.
Moderniser la civilisation aura été sa tâche, sans qu'on se soit soucié de civiliser le moderne. Qui peut faire cela aujourd'hui ? Le Prince et l'Utopie - caractères fondateurs du politique dans la modernité - ne sont plus en contact. Dans l'espace qu'ils laissent vide, la politique chemine vers son crépuscule. Mario Tronti en analyse les déclinaisons. En reconstitue les généalogies. En retrace les aventures.
De l'intérieur. Ce qui "n'est pas très normal pour un discours de philosophie politique". Emerge alors un nouveau critère : le critère de l'honnêteté, qui donne à ce livre une exceptionnelle dimension.
En France, Mario Tronti est avant tout connu comme l'auteur d'Ouvriers et Capital. Désormais considéré comme un classique du marxisme international, ce livre a en effet produit une « révolution copernicienne » en faisant de la classe ouvrière et des luttes de classes le moteur du développement du capitalisme, et inauguré l'un des courants de pensée les plus originaux de l'après-guerre, l'opéraïsme italien. Le Démon de la politique est le premier ouvrage en français à proposer une introduction au parcours intellectuel de Tronti, à explorer les multiples facettes de la trajectoire théorique et militante de ce penseur pour qui le xxe siècle inaugure le « crépuscule » de la politique.
Conversation avec les philosophes Étienne Balibar et Antonio Negri, cet ouvrage nous invite à une méditation passionnée sur le destin et la vocation que représentent la politique pour celles et ceux qui, comme l'écrit Max Weber, sont possédés par son démon. Les interventions de ces trois figures majeures de la pensée critique contemporaine y dessinent une réflexion passionnante sur la nature de la politique et son avenir incertain.
Le livre de Mario Tronti est le texte philosophique le plus ambitieux produit par la « séquence rouge » italienne des années 1960.Il formule les positions de l'opéraïsme, en particulier celle de la centralité ouvrière incarnée par la figure de l'ouvrier-masse. Il y affirme le primat des luttes ouvrières sur l'histoire du développement capitaliste, l'irréductibilité de la classe ouvrière aux structures sociales propres au capitalisme moderne, la partialité assumée du « point de vue » ouvrier qui, seule, rend possible d'appréhender le système social du point de vue de son renversement. Alors qu'aujourd'hui la classe ouvrière passe de la centralité à la marginalité, il reste de cet ouvrage emblématique une véritable pensée de l'action dans le conflit, une « politique du conflit ».