De février 2019 à mars 2020, des millions d'Algériennes et d'Algériens ont, vendredi après vendredi, manifesté leur aspiration à la « libération du peuple ». Ce soulèvement pacifique, connu sous le nom de Hirak, considère en effet que l'indépendance de 1962 n'a abouti qu'à la « libération du territoire », installant jusqu'à aujourd'hui au pouvoir un régime de type militaire. À travers une réflexion historique nourrie par l'expérience de terrain, Jean-Pierre Filiu replace cette actualité récente dans la longue durée du mouvement national. Un livre indispensable pour comprendre la vague de fond qui traverse le pays car, malgré la répression et la pandémie, le combat du peuple algérien pour sa nouvelle indépendance ne fait que commencer.
Depuis des décennies, l'actualité offre l'image d'un monde arabe sombrant dans la violence et le fanatisme. Comme si une malédiction frappait ces peuples, de l'interminable conflit israélo-palestinien aux guerres d'Irak et de Syrie, en passant par l'essor du jihadisme international.
Jean-Pierre Filiu remonte à l'expédition de Bonaparte en Égypte, en 1798, pour nous livrer une autre histoire des Arabes. Une histoire intimement liée à la nôtre, celle de l'Occident, de l'Europe, de la France. Une histoire faite d'expéditions militaires et de colonisations brutales, de promesses trahies et de manoeuvres diplomatiques, une histoire de soutien à des dictatures féroces ou à des régimes obscurantistes, mais tous riches en pétrole.
Cette « histoire commune » qui a fait le malheur des Arabes ne doit pas faire oublier une autre histoire, largement méconnue : une histoire d'émancipation intellectuelle, celle des « Lumières arabes » du XIXe siècle, mais aussi une histoire d'ébullition démocratique et de révoltes sociales, souvent écrasées dans le sang. Autant de tentatives pour se libérer du joug occidental et de l'oppression des despotes, afin de pouvoir, enfin, écrire sa propre histoire.
Sous la plume de Jean-Pierre Filiu, les convulsions du présent se prêtent alors à une autre lecture, remplie d'espoir : dans la tragédie, un nouveau monde arabe est en train de naître sous nos yeux.
Prix Augustin-Thierry des Rendez-vous de l'histoire de Blois 2015
Trop longtemps l'histoire de la Palestine s'est écrite autour de Jérusalem et dans la mémoire de l'exil, comme si Gaza n'en était qu'un théâtre marginal. Or cette bande de 360 km2 doit être replacée au centre : non seulement elle a vu grandir nombre d'acteurs déterminants, mais elle concentre une densité inégalée de réfugiés, à partir de 1948-1949. Cette enclave que l'Égypte refusa alors d'annexer devint un pôle d'affirmation collective, puis la matrice des fedayines. Ce bout de territoire, qui fut durant des siècles le carrefour des empires, zone de contact entre le Levant et l'Egypte, ne doit pas aujourd'hui être réduit à une « prison à ciel ouvert ». La guerre qui l'a ravagé à l'été 2014, après deux autres guerres en cinq ans, prouve que, sans règlement de la question de Gaza, il n'est pas plus d'avenir pour la Palestine que de sécurité pour Israël. Relire l'histoire de Gaza, c'est dès lors retrouver la voie de la paix entre les peuples d'Israël et de Palestine, sur la base de la coexistence de deux États souverains.
Professeur associé à Sciences-Po, professeur invité à Columbia et à Georgetown, Jean-Pierre Filiu a notamment publié L'Apocalypse dans l'Islam (prix Augustin-Thierry des Rendez-vous de l'Histoire en 2008). Ses analyses sur l'Islam contemporain et les sociétés arabes ont été publiées dans une douzaine de langues.Al-Qaida mise sur la plus moderne des terreurs de masse, la fascination et la sidération provoquées par des attentats spectaculaires, dont les images se déclinent à l'infini dans notre village global. Al-Qaida considère que le « jihad médiatique » représente la moitié de son combat : force est de constater que sa stratégie de communication (et d'intoxication) est efficace. C'est bien pourquoi il faut revisiter Al-Qaida de l'intérieur, décrypter les ressorts de son développement, démonter les mensonges de sa propagande, dévoiler la réalité de sa menace. Tel est l'objet de ce livre, première présentation synthétique de l'histoire de l'organisation fondée par Ben Laden dès 1988.Dans une préface inédite, l'auteur explique la récente montée en puissance d'Al-Qaida au Maghreb islamique, cette AQMI qui sévit en Afrique du Nord comme au Sahara. Il en analyse les modes opératoires, les conditions de recrutement et les scénarios possibles. Le risque terroriste reste d'autant plus sérieux dans les pays occidentaux que les partisans de Ben Laden ont largement perdu pied dans le monde arabe.Cet ouvrage est paru en première édition chez Fayard en 2009 sous le titre Les Neuf Vies d'Al-Qaida.
Camarón de la Isla (1950-1992) est sans doute le plus grand chanteur de flamenco de tous les temps. Gitan de la Baie de Cadix et fier de ses racines, il s'est produit dès l'enfance sur les scènes andalouses. Mais c'est sa rencontre à Madrid avec le guitariste Paco de Lucía qui va bouleverser le cours du flamenco contemporain. L'Espagne du franquisme déclinant retient son souffle à chacune de leurs créations. Après la fin de la dictature, Camarón pousse encore plus loin ses audaces, chantant García Lorca comme Omar Khayyam, fusionnant une galaxie d'influences jusqu'alors étrangères à l'univers du flamenco.Sa carrière internationale le conduit entre autres à Paris, pour des concerts mémorables au Cirque d'Hiver, en 1987 et 1988. Tomatito l'accompagne à la guitare dans toutes ces expériences, où il célèbre les traditions juives et musulmanes de l'Andalousie. La disparition de Camarón bouleverse l'Espagne de Felipe González et c'est une marée humaine qui se presse pour ses funérailles.Camarón est depuis l'objet d'un véritable culte de la part d'une nouvelle génération d'artistes, mais aussi de toute une jeunesse urbaine, réconciliée grâce à lui avec le cante. Jamais on n'a tant écouté et interprété la musique de Camarón, visionnaire et révolutionnaire d'un flamenco sans frontière.