Le régime de Vichy est né de la défaite brutale de juin 1940 devant l'Allemagne nazie.
De juillet 1940 à août 1944, le nouvel « État français » a été tributaire de l'occupation partielle puis totale de la France. Cependant, cette dictature charismatique dont la légitimité reposait presque entièrement sur le maréchal Pétain, a tenté d'imposer, sans l'intervention des occupants, un nouvel ordre politique, social et moral en rupture avec la République, défendant le principe d'une « communauté nationale » dont devaient être exclus les éléments « inassimilables » (juifs, communistes, francs-maçons, étrangers). Il a par ailleurs fait le choix d'une collaboration stratégique avec le IIIe Reich, dans l'espoir de voir la France se ménager une place dans l'horizon d'une Europe allemande.
L'ouvrage retrace l'évolution de cette dictature en s'appuyant sur une historiographie qui a entièrement renouvelé le sujet depuis une quinzaine d'années.
Avant la Seconde Guerre mondiale, jamais un conflit n'avait causé autant de pertes humaines en aussi peu de temps. Jamais une guerre n'avait concerné autant de belligérants sur les cinq continents - la guerre de 1939-1945 est bien la première guerre véritablement « mondiale ».
Jamais, surtout, une guerre n'avait donné lieu à des politiques d'extermination de populations entières sur des bases religieuses, culturelles ou ethniques. Encore omniprésent dans notre culture contemporaine, le souvenir de la Seconde Guerre mondiale revient trop souvent sous forme d'images simplifiées, erronées ou manipulées. Avec clarté et simplicité, Henry Rousso revient à la réalité de l'événement : expliquer cette guerre, c'est expliquer comment les hommes se sont battus, certes, mais aussi comment des millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont pu vivre et survivre des années durant au coeur de cette violence extrême. C'est expliquer à quel point cette expérience de guerre est à la fois proche et lointaine. Un retour à l'essentiel indispensable aujourd'hui, alors que ses survivants disparaissent les uns après les autres.
La France est malade de son passé. Depuis 1944, le souvenir de l'Occupation n'en finit pas d'agiter la mémoire « collective ». Vichy est toujours d'actualité, dans la presse, dans le débat politique, au cinéma ou dans la littérature, dans les prétoires d'une justice constamment sollicitée. Le Syndrome de Vichy n'est pas un livre de plus sur cette époque trouble, mais l'histoire de sa difficile résorption ou de sa survivance, celle des mythes constitutifs, du pétainisme au résistancialisme, qui ont tenté de reconstruire et travestir une réalité plus complexe que les images d'Épinal, tout en perpétuant des clivages ancestraux. L'auteur s'interroge sur la transmission comme sur la réception des représentations mouvantes et contradictoires de quatre années que certains auraient souhaité rayer de notre histoire.
Été 1940, un peuple hagard se retrouve sur les routes de l'exode. Été 1944, la joie de la Libération efface la honte de la défaite. Entretemps, les Français ont vécu avec l'ennemi. Ils ont acclamé un Maréchal qui tendait la main à l'oppresseur nazi et parlait, les ruines encore fumantes, d'une « France nouvelle ». Ils traversent ces années noires, partagés entre la résignation et la résistance, hantés par les difficultés matérielles.
Henry Rousso, historien de la période de Vichy, retrace ces événements dont le souvenir est toujours vif.
Depuis le dernier tiers du XXe siècle, la mémoire est devenue l'une des modalités privilégiées du rapport que les sociétés contemporaines entretiennent avec le passé. Elle a suscité des politiques publiques d'un genre inédit, à l'image des « lois mémorielles » ou des réparations symboliques tardives des crimes du passé, proches ou lointains. Né dans l'après-coup de la Shoah, deux à trois générations après la chute du nazisme, le besoin de se souvenir et la hantise de l'oubli se sont étendus à d'autres grands épisodes mortifères de l'histoire : guerres, génocides, colonisations. Ils constituent aujourd'hui des éléments essentiels d'un nouveau régime d'historicité, entendu ici comme la place qu'une société accorde au passé, et donc au présent et à l'avenir.
Henry Rousso est l'un des premiers historiens à avoir travaillé sur l'histoire du souvenir des grands traumatismes collectifs. L'ouvrage s'attache à prendre en compte autant la présence que l'absence du passé dans la mémoire collective. S'il s'intéresse aux évolutions récentes des usages et politiques de mémoire en France, il montre aussi à quel point la compréhension de ces phénomènes dépasse le cadre national et doit se penser à une échelle globale, européenne ou mondiale, récusant en la matière l'idée d'une prétendue « exception française ». L'enjeu est d'importance : l'investissement considérable des sociétés modernes pour entretenir le souvenir des catastrophes historiques ne semble pas les avoir prémunies contre un retour du tragique et de la violence de masse qu'elles pensaient ainsi conjurer.
Naguère suspecte, voire rejetée, l'histoire du temps présent a pris aujourd'hui une place sans commune mesure dans l'espace public comme à l'Université - avec l'explosion du nombre d'étudiants en cette matière. À cela, plusieurs raisons : la mémoire et le patrimoine ont envahi l'espace public et scientifique ; le témoignage a pris l'allure d'un impératif social et moral ; la justice temporelle s'est muée en tribunal de l'histoire pour juger de crimes politiques vieux de plusieurs décennies mais dont l'après-coup continue de cheminer dans notre présent.
Une évidence, dira-t-on. Mais mesure-t-on pour autant le revirement qui se joue ici? Car le passé n'est plus cet ensemble de traditions à respecter, d'héritages à transmettre, de connaissances à élaborer ni de morts à commémorer ; c'est un constant «travail» de deuil ou de mémoire à entreprendre, tant s'est enracinée l'idée que si le passé doit être arraché des limbes de l'oubli, seuls des dispositifs publics ou privés peuvent l'en exhumer, avec ou sans l'aide de l'historien.
Tel est le «présentisme» : devenu un problème à résoudre, et désormais un champ de l'action publique, le passé - et singulièrement le passé proche, celui des dernières catastrophes en date - n'est pas oublié, il est constamment mobilisé et reformulé selon les urgences du jour. L'exigence de vérité propre à la démarche historique s'est muée en exigence sociale de reconnaissance, en politiques de réparation, en discours d'excuses à l'égard des victimes.
La question de la contemporanéité n'est pas nouvelle : elle s'est posée à travers les âges, mais Henry Rousso prend la mesure de sa profonde transformation au cours des deux grands après-guerres du XXe siècle et définit ses enjeux fondamentaux : comment écrire une histoire en train de se faire? Comment mettre à distance la proximité apparente? Comment se battre sur deux fronts à la fois - celui de l'histoire et celui de la mémoire, celui d'un présent que l'on ne veut pas voir passer et celui d'un passé qui revient hanter le présent? La nouvelle histoire du contemporain, toute entière inscrite dans cette tension, est plus que jamais marquée par l'incertitude, l'instabilité et l'inachèvement.
Plus que d'autres, les historiens le savent : le pouvoir des mots peut aussi être celui de la confusion.
Lorsqu'on parle de Vichy, il convient désormais de préciser si l'on entend : le régime installé avec l'ambition de conduire en profondeur, dans un pays occupé, une «Révolution nationale» ; le gouvernement et son administration dont la mémoire nationale, ces dernières décennies, privilégie le souvenir de la déportation des juifs ; ou l'objet de recherches menées par des historiens et dont la perspective globale sur l'époque diverge de plus en plus de celle que nourrit la justice.
C'est à une traversée de ces trois acceptions qu'invite l'ouvrage d'Henry Rousso, reflet de plus de vingt ans de recherches et de travaux consacrés aussi bien à l'impact de l'événement sur la société (à travers l'économie, la politique et la culture), qu'à la postérité de l'événement (du bilan des épurations militaires, civiles et administratives au sortir de la guerre jusqu'aux tentatives contemporaines de juger ce passé dans les prétoires).
Une réflexion, en quelque sorte, sur les manières d'écrire l'histoire contemporaine comme les usages qu'en font les générations successives.
Le régime de Vichy est né de la défaite brutale de juin 1940 devant l´Allemagne nazie. De juillet 1940 à août 1944, le nouvel « État français » a été tributaire de l´occupation partielle puis totale de la France. Cependant, cette dictature charismatique dont la légitimité reposait presque entièrement sur le maréchal Pétain, a tenté d´imposer, sans l´intervention des occupants, un nouvel ordre politique, social et moral en rupture avec la République, défendant le principe d´une « communauté nationale » dont devaient être exclus les éléments « inassimilables » (juifs, communistes, francs-maçons, étrangers). Il a par ailleurs fait le choix d´une collaboration stratégique avec le IIIe Reich, dans l´espoir de voir la France se ménager une place dans l´horizon d´une Europe allemande.
L´ouvrage retrace l´évolution de cette dictature en s´appuyant sur une historiographie qui a entièrement renouvelé le sujet depuis une quinzaine d´années.
Comment se fait-il que des écrits extravagants, moralement inacceptables, et pseudo-scientifiques - délictueux aussi depuis plusieurs années - aient pu trouver à prospérer et à s'exprimer dans un lieu ayant, au contraire, vocation à dire et enseigner le vrai ? Pourquoi précisément dans les universités lyonnaises, et particulièrement dans l'une d'entre elles ? Quelles complicités, quels réseaux, quelles imprudences, quelles provocations, quelles manoeuvres politiques, quelles rivalités professionnelles ? Comment a-t-on fait un problème public d'une question au départ interne au monde académique oe
Pour y voir clair dans une « affaire » à répétition qui traînait depuis près de quinze ans, le ministre de l'Education nationale a commandé en 2002 un rapport.
C'est un spécialiste de la guerre, de l'occupation et de la mémoire, Henry Rousso (Le Syndrome de Vichy, Vichy, un passé qui ne passe pas, etc.), qui a été désigné pour présider la commission qui a épluché les archives existantes, interrogé les acteurs (de tous les bords). Et c'est en historien que Henry Rousso a travaillé, remontant loin dans le temps, reconstituant avec minutie la chronologie des événements. Et c'est un livre d'historien, qui va bien au-delà d'un simple rapport, que l'on va lire ici. Outre son intérêt intrinsèque, ce travail devrait faire école : oui, on peut faire l'histoire du temps présent pour peu que l'on déploie une problématique et qu'on emploie les méthodes éprouvées de l'historien ; oui, le chercheur en sciences humaines peut produire du savoir tout en étant dans l'arène publique.
Ces douzièmes Entretiens du Patrimoine qui se sont tenus en novembre 2001 au Cirque d'Hiver, sous la présidence de Henry Rousso, retracent l'évolution en France de la notion de patrimoine tout au long du XXe siècle, avec une attention particulière portée à la période qui s'étend des années 1960 à aujourd'hui et dont les principales caractéristiques sont l'invention, l'apogée et la banalisation des politiques culturelles. Par une mise à distance que permet le regard de l'histoire, ces rencontres examinent sous un angle critique les pratiques patrimoniales qui, dans un passé récent, ont pu être suspectées notamment de participer aux abus de la mémoire. Il s'agit donc de replacer cette évolution dans la moyenne durée du siècle, en l'inscrivant dans un cadre conceptuel plus général : celui d'une interrogation sur les changements de « régime d'historicité », c'est-à-dire des modalités politiques, culturelles, sociales ou autres par lesquelles une société laisse entrevoir la nature singulière de son rapport avec le passé en même temps que sa propre perception de son présent et de son futur.
Deux phénomènes contraires et complémentaires retiennent l'attention : d'un côté la manière dont une société opère la mise au présent du passé, de l'autre la façon dont s'opère la « mise en histoire » progressive du présent. Ces questions sont indispensables pour saisir les débats sur les meilleurs moyens de parler du passé avec les images, les techniques, les mots d'aujourd'hui, et les discussions ou controverses sur les réalisations du temps présent qui doivent ou non passer à la postérité. Cette approche dialectique est l'occasion d'offrir un regard ouvert sur l'histoire des usages du passé dans la France contemporaine.
Conçues en 1988 pour débattre de questions techniques et doctrinales, ces rencontres sont devenues le lieu d'une réflexion sur la place et le rôle du patrimoine dans notre société en révélant d'autres types d'approche et de nouveaux axes de recherche.
Collection des Actes des Entretiens du Patrimoine (5 volumes parus) SCIENCE ET CONSCIENCE DU PATRIMOINE (1994) Sous la présidence de Pierre Nora.
PATRIMOINE, TEMPS, ESPACE (1996) Sous la présidence de François Furet.
PATRIMOINE ET PASSIONS IDENTITAIRES (1997) Sous la présidence de Jacques Le Goff.
L'ABUS MONUMENTAL (1999) Sous la présidence de Régis Debray.
VILLE D'HIER, VILLE D'AUJOURD'HUI (2001) Sous la présidence de François Loyer.
Sigmaringen (Allemagne), 1944-1945. Par des itinéraires différents, Pétain et quelques uns de ses fidèles, Pierre Laval et plusieurs de ses ministres, Céline, Rebatet et de nombreux journalistes et écrivains compromis par quatre années de collaboration, les membres de la frange armée de la Milice et leurs familles, sous la conduite de Darnand, enfin les militants du PPF, emmené par Doriot, passent le Rhin pour échapper à l'épuration et maintenir vivante une certaine idée de la France. Cet ouvrage fait revivre les illusions et les déceptions, les angoisses alimentaires, les grands projets et les petites joies de la « France allemande » pour partie exilée volontairement, pour partie captive des nazis à Sigmaringen et dans les environs, une ville princière du Bade-Wurtemberg dominée par le célèbre château des Hohenzollern. Dans cette chronique haute en couleur, fondée sur une large documentation, souvent inédite et un humour corrosif, l´auteur ressuscite les fantômes de Sigmaringen, pétainistes et collaborateurs, entrêtenant leurs vieilles querelles, tout en se disputant le contrôle d'un royaume irréel: 30.000 collaborateurs en cavale accrochés au rêve d'un retour triomphal à Paris et deux millions de prisonniers de guerre et de requis du STO supposés servir de base légitime à un « gouvernement d´exil » singeant la France libre.
Faire de l'histoire du temps présent, c'est faire face à des sujets vivants. Voilà une des difficultés majeures. Cette dimension subjective de l'histoire contredit donc le travail objectif et scientifique de l'historien. Comment dès lors reconstruire le passé en tenant compte de l'irruption de la subjectivité ?
Le régime de Vichy est né de la défaite brutale de juin 1940 devant l'Allemagne nazie. De juillet 1940 à août 1944, le nouvel " État français " a été tributaire de l'occupation partielle puis totale de la France. Cependant, cette dictature charismatique dont la légitimité reposait presque entièrement sur le maréchal Pétain, a tenté d'imposer, sans l'intervention des occupants, un nouvel ordre politique, social et moral en rupture avec la République, défendant le principe d'une " communauté nationale " dont devaient être exclus les éléments " inassimilables " (juifs, communistes, francs-maçons, étrangers). Il a par ailleurs fait le choix d'une collaboration stratégique avec le Ille Reich, dans l'espoir de voir la France se ménager une place dans l'horizon d'une Europe allemande.
L'ouvrage retrace l'évolution de cette dictature en s'appuyant sur une historiographie qui a entièrement renouvelé le sujet depuis une quinzaine d'années.
Le régime de Vichy est né de la défaite brutale de juin 1940 devant l'Allemagne nazie. De juillet 1940 à août 1944, le nouvel "Etat français" a été tributaire de l'occupation partielle puis totale de la France. Cependant, cette dictature charismatique dont la légitimité reposait presque entièrement sur le maréchal Pétain, a tenté d'imposer, sans l'intervention des occupants, un nouvel ordre politique, social et moral en rupture avec la République, défendant le principe d'une "communauté nationale" dont devaient être exclus les éléments "inassimilables" (juifs, communistes, francs-maçons, étrangers).
Il a par ailleurs fait le choix d'une collaboration stratégique avec le IIIe Reich, dans l'espoir de voir la France se ménager une place dans l'horizon d'une Europe allemande. L'ouvrage retrace l'évolution de cette dictature en s'appuyant sur une historiographie qui a entièrement renouvelé le sujet depuis une quinzaine d'années.
Éric Conan Henry Rousso Vichy, un passé qui ne passe pas Nouvelle édition mise à jour et augmentée « En vingt ans, la mémoire de Vichy a changé à la fois d'échelle et de nature. Elle n'est plus matière à d'interminables controverses. Elle a fait, au contraire, l'objet d'un investissement considérable de la part de l'État, des associations, de l'opinion en général. Le problème public qui émerge du début des années 1990 de manière conflictuelle, et que nous essayions alors de comprendre, a débouché sur de véritables politiques publiques de mémoire, qui ont à leur tour lancé d'autres débats. Ces politiques, elles-mêmes conséquence d'une profonde évolution des esprits, ont transfiguré la manière de voir les années 1940-1944 et sans doute ouvert une nouvelle étape du "syndrome de Vichy". Notre livre a participé de ces changements. Son titre, repris depuis comme un leitmotiv, est devenu une expression du sens commun. Peut-être - mais c'est au lecteur d'en juger - notre propos avait-il anticipé les risques d'un usage abusif du "devoir de mémoire" dont on a pu observer les manifestations répétées ces dernières années, moins à propos de l'héritage de Vichy que des souvenirs conflictuels d'autres épisodes traumatiques de l'histoire récente. »