Gwenaëlle Aubry
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Saint Phalle : monter en enfance
Gwenaëlle Aubry
- Le livre de poche
- Documents
- 24 May 2023
- 9782253107552
D'une enfance saccagée, Niki de Saint Phalle a extrait une oeuvre triomphale. Elle a peint à la carabine, créé des Accouchées sanglantes et des Mariées livides, des Nanas exultantes et des Black Heroes, des films hallucinés. La redécouvrir, c'est partir explorer un ailleurs : le Jardin des Tarots, qu'elle décrivait comme son grand oeuvre, son « destin ». Au fil d'une promenade initiatique, Gwenaëlle Aubry joue avec Saint Phalle, tire et rebat ses cartes, piste à la fois la puissance de métamorphose d'une « fille inarrêtable » et l'enfance fugitive: « Je suis venue te chercher, tu vois, un peu en retard mais je suis là, allez viens, n'aie pas peur, on va au Jardin ».
Un livre singulier porté par un souffle immense. Libération Des descriptions merveilleuses et émerveillées. Le Monde des livres Au plus près du secret du geste créateur de Saint Phalle. Télérama -
«Je ne sais pas quand je me suis dit pour la première fois mon père est fou, quand j'ai adopté ce mot de folie, ce mot emphatique, vague, inquiétant et légèrement exaltant, qui ne nommait rien, en fait, rien d'autre que mon angoisse, cette terreur infantile, cette panique où je basculais avec lui et que toute ma vie d'adulte s'employait à recouvrir, un appel de lui et tout cela, le jardin, le soir d'été, la mer proche, volait en éclats, me laissant seule avec lui dans ce monde morcelé et muet qui était peut-être le réel même.» Comment exister quand on est la fille de personne ? De A comme Antonin Artaud à Z comme Zelig en passant par B comme James Bond ou S comme SDF, Personne est le bouleversant portrait, en vingt-six lettres, d'un homme étranger au monde et à lui-même.
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« Elles cherchent la chair de la perte, la chair du vide, la chair de l'abandon, elles l'ouvrent comme un fruit, elles y plantent leurs dents. Mourir est un art, comme tout le reste : elles le savent aussi. Elles contrarient leur chute par la vitesse. Elles se quittent avec passion. Elles ont en commun un art de la fugue intérieure, de multiples tangentes. Elles sont mortes plusieurs fois (je les regarde tomber). Elles vont finir par se relever (je les vois qui se battent). Elles sont construites sur des sols instables, glissants, poinçonnés. Leur volume intérieur est impressionnant, du dehors on ne pourrait le soupçonner».
Janvier 2015-janvier 2016. Quatre femmes quittent la scène, prennent la fuite : Emy Manifold, une rock star anglaise, Irini Santoni, une sculptrice grecque, Sarah Zygalski, une danseuse berlinoise, Ariane Sile, une actrice française.
Grandes amoureuses, «petites folles», comme Duras le disait de Lol V. Stein, elles ne se connaissent pas mais sont reliées par un graffiti énigmatique, SMA. Une maison les accueille, des chambres claires où recomposer les figures de leur vie, une chambre noire où résonne la fureur du monde. Que faire quand on porte en soi des ruines et des gravats et que la terre se couvre de murs et de barbelés ? Où est l'asile ? Comment construire l'hacienda ?
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C'est le portrait de Sylvia Plath, cette poétesse fragile et mythique au destin tragique que brosse Gwenaëlle Aubry.
En creux, on devine à travers l'histoire de cette héroïne un peu de l'auteur et beaucoup de femmes en général, leur rapport à la liberté, le choix d'avoir des enfants, l'amour: comment concilier les deux vies, celle de la procréation et celle de la création, la privée et la publique.
Des questions universelles qui se posent à toute femme comme autant de combats quotidiens et que Gwenaëlle Aubry, reprend ici par le biais d'une construction littéraire puissante.
Ce texte est extrait du collectif L'une et l'autre paru en janvier 2015 à L'Iconoclaste.
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Margot a vingt ans. Elle est en prison.
Dans L'isolée, elle relate son parcours : son enfance provinciale et catholique, son arrivée à Paris et, surtout, sa rencontre avec Pierre lors des grèves de 1995. Séduite par son militantisme, elle dérivera avec lui vers la violence..
Dans L'isolement, plus question de Pierre. L'existence carcérale est faite de règles et de carcans. De rencontres aussi, possibles accalmies.
En s'inspirant d'un célèbre fait divers, Gwenaëlle Aubry ne dresse pas le portrait clinique d'une femme emprisonnée. Elle nous offre, en deux récits, un chant, celui de la solitude amoureuse et de la dépossession.
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Dieu sans la puissance ; dunamis et energeia chez aristote et chez plotin
Gwenaëlle Aubry
- Vrin
- Bibliotheque D'histoire De La Philosophie
- 8 October 2020
- 9782711629640
L'enquête archéologique ouverte ici, et prolongée, dans le champ médiéval, par Genèse du Dieu souverain, interroge une double mutation : de l'ontologie aristotélicienne de l'en-puissance et de l'en-acte vers celle, moderne, de la puissance et de l'action; et du dieu acte pur vers le Dieu tout-puissant. Elle poursuit ce faisant un double projet : montrer comment, loin de trouver sa source ou son arkhe en la métaphysique d'Aristote, l'ontologie de la puissance se construit à l'inverse contre celle-ci; et mettre au jour l'opposition symétrique entre la figure aristotélicienne du dieu-Bien et celle, chrétienne, du Dieu-Souverain. Le premier volet du diptyque, qui fait ici l'objet d'une nouvelle édition revue et augmentée, propose une lecture de la Métaphysique fondée sur le couple conceptuel de la dunamis et de l'energeia : irréductibles tant à la matière et à la forme qu'à la puissance et à l'action, l'en-puissance et l'en-acte sont au principe d'une ontologie unitaire, qui se dévoile aussi comme une ontologie axiologique, identifiant en l'acte le mode d'être du bien, en l'en-puissance son mode d'action. Cette ontologie porte une pensée singulière du divin : acte, et non « forme pure », sans puissance, mais non pas impuissant, le premier moteur aristotélicien échappe à l'alternative entre le Dieu tout-puissant de la tradition métaphysique et le dieu faible des inquiétudes contemporaines. Qu'en est-il, alors, du devenir de cette ontologie? On tente de mesurer la portée du geste par lequel Plotin désigne son premier principe non plus comme acte pur, mais comme puissance de tout, dunamis panton. Avec lui s'inaugurent peut-être la subversion et l'oubli d'une pensée pour laquelle l'être, et le divin, ne se confondent ni avec la présence, ni avec la puissance.
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Notre vie s'use en transfigurations
Gwenaëlle Aubry
- Actes sud
- Un Endroit Ou Aller
- 3 January 2007
- 9782742765447
" Je raconterai plus tard quand et comment j'ai fait l'apprentissage de la violence, découvert ma laideur", écrivait Sartre dans Les mots.
Cette histoire, on ne la lit nulle part. La littérature a engendré des monstres sublimes et des bouffons difformes, des Caliban, des Thersite et des Quasimodo, mais la laideur banale, celle sur laquelle les regards glissent et les promesses se brisent, elle s'en est peu souciée. Elle l'a abandonnée aux contes, dont les vilains petits canards, les miroirs flatteurs et les peaux d'âne ont bercé nos rêves et nos terreurs enfantines, et où s'abreuve encore, bien après, nos visages devenus des masques qu'on ne peut plus ôter, notre désir secret de métamorphose.
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Posé contre un mur, devant une échoppe, il y avait un grand miroir. Je me suis arrêtée pour me voir tout entière, de la tête aux pieds. Devant moi une fille, une touriste ou une Juive, je ne sais pas, se regardait dans un miroir plus petit accroché à côté. Elle portait une robe qui dénudait ses jambes et ses bras mais soudain elle a sorti un foulard de son sac et l'a noué sur ses cheveux. J'ai trouvé ça bizarre, j'ai cherché son reflet. Et là, un instant, j'ai vu dans le cadre étroit deux visages si semblables que je n'ai plus su qui je regardais. Cela m'a fait peur, vite je suis partie, je me suis effacée.
En 2002, c'est la seconde Intifada. Sarah, Juive d'origine polonaise, née et élevée à New York, est revenue vivre en Israël avec sa mère après les attentats du 11-Septembre. Leïla a grandi dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Toutes deux ont dix-sept ans. Leurs voix alternent dans un passage incessant des frontières et des mondes, puis se mêlent au rythme d'une marche qui, à travers les rues de Jérusalem, les conduit l'une vers l'autre.
Partages est un roman sur la communauté et sur la séparation, sur ce qui unit et divise à la fois. Soeurs ennemies, Leïla et Sarah sont deux Antigone dont le corps est la terre où border et ensevelir leurs morts.
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Genèse du Dieu souverain
Gwenaëlle Aubry
- Vrin
- Bibliotheque D'histoire De La Philosophie
- 16 January 2018
- 9782711628063
Cette enquête interroge une double mutation : de l'ontologie aristotélicienne de l'en-puissance et de l'acte vers celle, moderne, de la puissance et de l'action ; et du dieu acte pur vers le Dieu tout-puissant.
Elle prolonge dans le champ médiéval les résultats de Dieu sans la puissance (Vrin, 2007) qui, lisant la Métaphysique d'Aristote à partir du couple conceptuel de la dunamis et de l'energeia, mettait en évidence une pensée oubliée pour laquelle l'être, et le divin, sont à la fois distincts de la puissance et identiques au bien. C'est un tout autre dispositif que l'on analyse ici, à travers cinq séquences qui vont d'Augustin à Duns Scot : la genèse critique de l'attribut divin de toute-puissance révèle une logique d'excès, qui conduit à poser Dieu non plus comme identique mais comme indifférent ou incommensurable au bien.
Cette construction théologique va de pair avec un geste ontologique qui, l'associant à l'être, modifie radicalement le concept de puissance hérité d'Aristote.
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«J'ai rencontré Luc quand j'avais dix-huit ans. Il en avait quarante-trois. À la fin, avec un peu de persévérance, les rides, l'usure, la satiété, les tracés similaires d'une vie partagée, nous auraient rassemblés. Nous ne serions plus rien, sous le regard des autres, qu'un couple âgé. Mais je n'avais que dix-huit ans. J'étais la barbare, encore pleine de la force et de la fierté de l'enfance, et qui venait de conquérir son indépendance.» Gwenaëlle Aubry.
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« Pendant des années j'ai vécu dans un mythe. J'écrivais sur lui un texte sans cesse remis en chantier. Tout ce que je vivais y entrait, hommes, villes, livres, saisons en enfer, jouissances, colères, tout y passait, à la fois structure vitale et machine romanesque le mythe accueillait tout. Un jour, j'ai mis ce manuscrit de côté pour écrire d'autres romans: ils n'ont jamais fait que le crypter.
Alors je suis revenue à cette matrice, redescendue dans le souterrain. Perséphone 2014, c'est un nouveau point d'intersection entre cette histoire (cette vieille histoire folle) et la mienne, entre l'archaïque et l'ultra-contemporain. Que se passe-t-il quand un mythe s'empare d'une vie? Quand il la pulvérise en passions brutes, en événements élémentaires? Ce que j'entends de Perséphone, de cette voix très ancienne, très chantante, c'est ça: le désir d'être matière, d'un moi chaviré et d'un monde à l'envers. Mais aussi:
Comment sortir de ce désir - revenir des Enfers? D'ailleurs, faut-il en sortir? Et où est l'enfer? Du côté des racines, des somptueux ravages et des incendies muets? Ou dans les règnes de surface, les formes lisses, les ordres licites, les rites institués?
Reprendre Perséphone, c'est continuer, obstinée, à interroger le secret qui noue ensemble, très serrées, la jouissance, la mort et l'écriture.» G.A.
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L'excellence de la vie ; sur l'Ethique à Nicomaque et l'Ethique à Eudème d'Aristote
Gilbert Romeyer-Dherbey, Gwenaëlle Aubry
- Vrin
- Bibliotheque D'histoire De La Philosophie
- 1 January 2001
- 9782711615803
Ont collaboré à ce volume : P. Aubenque, G. Aubry, M. Bastit, E. Berti, R. Brandner, C. Cambiano, M. Canto-Sperber, P. Destrée, J.-B. Gourinat, M. Gourinat, J. Laurent, C. Natali, P. Rodrigo, G. Romeyer-Dherbey, M. Schofield, E. Tsimbidaros, M. Vegetti, S. Vergnières, C. Viano, M.-A. Zagdoun.
Si les éthiques grecques continuent sourdement d'alimenter nos manières d'etre et de penser de modernes, l'éthique aristotélicienne connaît un sort singulier : elle est, depuis quelques années, non seulement une référence mais un modèle pour la philosophie morale contemporaine. L'ambition de cet ouvrage, qui réunit des contributions de spécialistes français et étrangers, est d'aider à évaluer le sens de ce retour à l'aristotélisme : on y trouvera ainsi des mises au point, historiques et critiques, dues à certains de ses principaux acteurs. Mais c'est aussi de revenir à Aristote lui-même, c'est-à-dire de lire et commenter les textes des éthiques, pour tenter d'en penser à neuf les concepts centraux, les problèmes directeurs, et les orientations fondamentales - façon d'éclairer les diverses réactualisation de l'aristotélisme, mais aussi de retrouver une actualité d'Aristote qui, si elle peut y répondre, ne se réduit pas aux éxigences du présent.
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Relire les Eléments de théologie de Proclus : réceptions, interprétations antiques et modernes
Gwenaëlle Aubry, Luc Brisson, Philippe Hoffmann, Laurent Lavaud, Collectif
- Hermann
- Philosophie Hermann
- 15 December 2021
- 9791037008893
Les Éléments de théologie de Proclus constituent un monument philosophique radicalement singulier tant par son architecture propre que par la façon dont la tradition l'a revisité. Ordonnant, sous une forme géométrique, les principes de la métaphysique néoplatonicienne, ils ont à la fois constitué celle-ci en système et opéré comme le principal relais de sa transmission aux pensées byzantine, arabe et occidentale. Ce sont ces effets d'héritage et d'adaptation que les textes ici réunis visent à évaluer. Du Liber de causis à Hegel en passant par Thomas d'Aquin, Dietrich de Freiberg, Giordano Bruno, les Platoniciens de Cambridge et Leibniz, se reconstitue ainsi une « grande chaîne des êtres », réarticulée par la chaîne des raisons, et à chaque fois revivifiée par celle de la transmission.