Prenez une locution usuelle dans la langue. Choisissez-la contenant un verbe, ou une forme assimilable à une déclinaison verbale. Par exemple : Flux tendu. Passez cette locution à l'infinitif : Flux tendre, et déroulez la conjugaison complète de ce nouveau verbe : Je flux tends, Tu flux tends, etc. Vous obtenez ainsi une nouvelle table de conjugaison, qui fera apparaître de nouveaux sens, de nouvelles sonorités, de nouvelles poésies : Ça flux tendrait, Que nous flux tendissions, Flux tendant, Flux tendons !, etc. Conjuguez à tirelarigot, puis classez les verbes ainsi créés par thématiques. Commencez par exemple par Le Travail. Y apparaissent, entre autres, les verbes Ressourcer humaines, Préavivre de grève, Masser salariale, Pouvoir d'achat, etc. Réitérez le jeu en envisageant vos verbes selon diverses thématiques, joyeusement hétéroclites : La Chanson populaire , Le Temps , L'Animal , La Migration , Le Sexe , L'Argent, La Gastronomie, etc. Ici, le neuvième opus : Le Corps humain.
Selon les tables, l'effet constaté va de l'efficacité anatomique la plus clinique à l'invitation au voyage, en passant par le rire bête de l'adolescent ou le dégoût face à la maladie et la mort : Périnaître, Cor au peoir, Anouvoir artificiel, Acner juvénile, Mavoir de Vénus, Ongle incarner, Infarctaire du myocarde, etc. Ceci dit, bien du plaisir !
Prenez une locution usuelle dans la langue. Choisissez-la conte-nant un verbe, ou une forme assimilable à une déclinaison verbale. Par exemple : Flux tendu. Passez cette locution à l'infi-nitif : Flux tendre, et déroulez la conjugaison complète de ce nouveau verbe : Je flux tends, tu flux tends, etc. Vous obtenez ainsi une nouvelle table de conjugaison, qui fera apparaître de nouveaux sens, de nouvelles sonorités, de nouvelles poésies : ça flux tendrait, que nous flux tendissions, flux tendant, flux tendons ! etc. Renoncez ensuite à la nomenclature habituelle des premiers, deuxième et troisième groupes, et inventez les Pertinents, les Impertinents et les Insolents, avec leurs sous-groupes. Ecrivez avec tout ça un Précis de conjugaisons ordi-naires.
Privilégiez la notion de thématique ; par exemple : L'Animal ! Y apparaissent, entre autres, les noms d'animaux : Poisson rouge (Poisser rouge : je poisse rouge, vous poissâtes rouge, Poissons rouges ! etc.), Grizzli (Grizzlir : Je grizzlissais, tu avais grizzli, vous grizzlîtes etc.).
Prenez une locution usuelle dans la langue française. Choisissez-la contenant un verbe ou une forme assimilable à une déclinaison verbale. Par exemple : Flux tendu. Passez cette locution à l'infinitif : Flux tendre, et déroulez la conjugaison complète de ce nouveau verbe : Je flux tends, Tu flux tends, etc. Vous obtenez ainsi une nouvelle table de conjugaisons qui fera apparaître de nouveaux sens, de nouvelles sonorités, de nouvelles poésies : Ça flux tendrait, Que nous flux tendissions, Flux tendant, Flux tendons !, etc. Conjuguez à tire-larigot, puis classez les verbes ainsi créés par thématiques. Commencez par exemple par Le Travail. Y apparaissent, entre autres, les verbes Ressourcer humaines, Préavivre de grève, Masser salariale, Pouvoir d'achat, etc. Réitérez le jeu en envisageant vos verbes selon diverses thématiques, joyeusement hétéroclites : La Chanson populaire, Le Temps, L'Animal, La Migration, Le Sexe, La Gastronomie, La Vacance, Le Nom propre, Le Végétal, etc. Ici, le septième opus : L'Argent. Selon les tables, l'effet constaté va du mal au ventre à l'appel à l'action, en passant par la fin de mois et la caisse commune : À découvrir, En liquider, Tout cramer, Aller chercher dans les..., Revenir minimum, Haut les maindre, Tirer du blé, etc
A partir de locutions courantes liées à la gastronomie, les auteurs proposent les tables de conjugaison de verbes inédits aussi saugrenus que poétiques : dinde au marrer, merguer-frites, croître au beurre, rire de veau, etc.
Prenez une locution usuelle dans la langue. Choisissez-la contenant un verbe, ou une forme assimilable à une déclinaison verbale. Par exemple : Vague à l'âme. Passez cette locution à l'infinitif : Vaguer à l'âme, et déroulez la conjugaison complète de ce nouveau verbe : Je vague à l'âme, Tu vagues à l'âme, etc. Vous obtenez ainsi une nouvelle table de conjugaison, qui fera apparaître de nouveaux sens, de nouvelles sonorités, de nouvelles poésies : Ça vaguerait à l'âme, Que nous vaguions à l'âme, Vaguant à l'âme, Vaguons à l'âme !, etc. Renoncez en-suite à la nomenclature habituelle des premiers, deuxièmes et troisième groupes, et inventez les Pertinents, les Impertinents et les Insolents, avec leurs sous-groupes. Écrivez avec tout ça un Précis de conjugaisons ordinaires.
Fabriquez maintenant un Très Précis de conjugaisons ordinaires qui se défait de cette classification studieuse pour privilégier cette fois-ci la notion de thématique : par exemple La Migration. Y apparaissent les verbes : Lampeduser, Mer Méditerraner, Titrer de séjour, Viser long séjour, etc. Réitérez le jeu en envisageant vos verbes selon diverses thématiques, joyeu-sement hétéroclites : La Chanson populaire, Le Temps, La Gastronomie, Le Sexe, La Faune, La Flore, etc.
David Poullard et Guillaume Rannou élaborent ensemble des dispositifs destinés à interroger l'ordinaire, et plus précisément celui de la langue, française en l'occurrence. Leur démarche consiste à repérer dans nos manières de parler des locutions les plus banales possible, à les en extraire, à les observer avec attention, à les tordre, les bousculer, les écouter, jusqu'à en faire apparaître des sens potentiels inattendus. Diverses Tentatives d'étirement du français figé ont ainsi pris forme, sous différents formats (du confetti à l'inscription monumentale en passant par l'affiche et le livre) et dans différents contextes (expositions, interventions dans l'espace public, conférences, workshops).
Une série de numéros est ainsi appelée à sortir tous les 3 à 4 mois en proposant au lecteur une trentaine de tables de conjugaisons ordinaires joyeusement hétéroclites. Un Très Précis de conjugaisons ordinaires sur le thème du travail, et un autre sur le thème de la chanson populaire sont sur le point de paraître (octobre 2013) aux éditions Le Monte en l'Air.
L'Usuel de locutions ordinaires présente une sélection de 96 locutions choisies avec soin. Elles appartiennent toutes à l'usage le plus courant, le plus banal de la langue, française en l'occurrence. Ce livre propose au lecteur de se réapproprier le plus concrètement du monde ces locutions en les détachant pour les recoller sur de nouveaux supports (murs, enveloppes, distributeurs de billets, frigidaires, vitrines, vitres, chiens, chats, etc.), afin de leur offrir de nouveaux sens liés à ces nouveaux contextes.
L'idée est venue comme ça. En écoutant. En répétant des mots à l'envi. En réécrivant, mot à mot. En questionnant l'évident. En découvrant que « du reste » peut être lu comme une re-vendication, « dites donc » comme une injonction, en lisant « toujours est-il » comme une vraie question.
Chaque page de l'ouvrage est pré-découpée : le lecteur est invité à détacher l'une des locu-tions ordinaires présente dans la page, et ainsi la faire vivre, à sa guise, en dehors du livre.
Une série d'index vient présenter, en fin d'ouvrage, l'ensemble des locutions collectées par les auteurs. Un tableau de classification, plié / jeté en fin d'ouvrage, propose au lecteur le croise-ment de l'intégralité des locutions ordinaires traitées.
Ce livre est un hommage au courant, au banal, au simple. Un changement d'échelle. Un zoom sur le bout de la langue. Une pause sur le fil de la parole, commune.