Par son écriture poétique, Federico García Lorca, tel un peintre, esquisse le paysage et brosse les couleurs d'Albayzin, le quartier arabe de Grenade. Cheminant le long des rues, il guide les lecteurs dans son univers, aussi lumineux et coloré qu'obscur et mystérieux. Premières pages écrites par le jeune Federico García Lorca, ce recueil d'impressions et de paysages renferme toute la sensibilité de la plume de l'auteur espagnol.
« Puis, lorsque nous nous sommes reposés, toutes les impressions réapparaissent, les unes splendides, les autres vagues et confuses, comme si les souvenirs avaient déjà pris des teintes de crépuscule expirant et recouvert d'une brume bleutée les choses que nous vîmes... »
Ses cuisses, qui m'échappaient Comme des poissons surpris, C'était le feu tout entier, Et aussi la fraîcheur même.
Romancero gitan est le plus célèbre des recueils de García Lorca. Le poète y met en scène l'Andalousie et le monde gitan dans une tragédie musicale et poétique. Il y chante le drame de la condition humaine et les liens de l'amour fou avec la mort. Une superbe illustration des coplas andalouses (chants accompagnés à la guitare) et de l'âme espagnole du XXe siècle.
Le monde que dessine Lorca dans ses poèmes d'amour est un monde fortement érotisé, dans lequel les éléments naturels et animaliers ont une fonction de symbole: frustration érotique de la couleur verte ou de la mer, force instinctive du cheval, érotisme du vent, stérilité et morbidité de la lune, érectilité des plantes, sensualité des fleurs.
Lorca explore ainsi les recoins et les subtilités de l'expérience amoureuse, notamment celle des amours homosexuelles et de « l'accablante tragédie de la physiologie», selon les propres mots du poète. Le conflit entre le désir et la loi apparaît dans toute sa violence et la désespérance qu'il entraîne, et que symbolise la « Pena » andalouse. Pourtant, si l'angoisse vitale et la mort sont très présentes dans ses poèmes, l'amour n'est pas toujours sombre.
Ecrit pour une conférence, en 1930, Jeu et théorie du duende «donne une leçon simple sur l'esprit caché de la douloureuse Espagne.» Le «duende» est un mot espagnol sans équivalent français. Il dérive, au sens étymologique du terme, de l'expression : «dueño de la casa» (maître de la maison). Le duende serait un esprit qui, d'après la tradition populaire, viendrait déranger l'intimité des foyers. Le second sens du terme est enraciné dans la région andalouse. Le duende désignerait alors «un charme mystérieux et indicible», rencontré dans les moments de grâce du flamenco. Ses manifestations s'apparenteraient à des scènes d'envoûtement. Les deux significations se rejoignent dans l'évocation d'une présence magique ou surnaturelle. Si le duende est universel et concerne tous les arts, c'est dans la musique, la danse et la poésie clamée qu'il se déploie pleinement, puisque ces arts nécessitent un interprète. Or, le duende n'existe pas sans un corps à habiter. Il s'incarne dans un embrasement obscur du soliste et du public, laÌ ouÌ les notions d'inteìrieur et d'exteìrieur n'ont pas lieu d'être. Ce minuscule décalage du regard qui donne à voir l'intervalle entre les choses, bouleverse le mode de pensée cartésien. Le duende, personnifié en esprit malicieux, semble être celui qui se produit, lors des représentations flamenco, drapé dans les gestes des danseuses et les voix des chanteurs. Garcia Lorca nous invite à pénétrer cet état comme on pénètrerait l'Etat espagnol, sa profusion de culture, sa fraîcheur, son obscurité tout à la fois.
Ces complaintes gitanes composées entre 1924 et 1927, sont l'oeuvre la plus populaire de garcia lorca (1899-1936).
Ce recueil de vieilles légendes, de récits fabuleux ou épiques, de chansons puisées dans la tradition orale, plonge au coeur de la tradition des coplas andalouses. chaque complainte figure un petit drame, tantôt gracieux, tantôt érotique, tantôt sanglant. mélange de veine populaire et d'écriture savante, ces brefs poèmes, véritables précipités de l'âme espagnole constituent un miracle d'équilibre et sont à juste titre tenus pour un des chefs-d'oeuvre de la poésie du vingtième siècle.
Qu'est-ce que le cante jondo ? García Lorca, infatigable passeur de l'Andalousie profonde, tâche d'y répondre dans une conférence mémorable. La siguiriya gitane constitue le modèle fondamental du cante jondo, qui désigne les plus ancestrales chansons du répertoire andalou.
La force lumineuse du propos de García Lorca tient dans sa capacité à ne pas voir dans le cante jondo une curiosité folklorique mais bien une authentique manifestation de la plus pure poésie : une poésie anonyme et populaire, forgée au fil des siècles.
L'Andalousie se révèle un véritable magma lyrique, où les vers des poètes espagnols bouillonnent dans le même creuset que les poètes persans et arabes.
García Lorca réussit ainsi le tour de force de proposer une véritable leçon d'histoire, de musique, et de poésie.
Rosita, jeune orpheline de Grenade, a été recueillie par sa tante et son oncle. Ce dernier, passionné de jardinage, vient d'inventer la rosa mutabilis qui ne dure qu'un seul jour. Au Ier acte, Rosita attend son fiancé, qui lui annonce qu'il part aux Amériques s'occuper des terres de son père, mais lui promet de revenir bientôt. Au IIe acte, quinze ans ont passé ; la jeune femme est à présent belle comme une rose pourpre et encore séduisante ; les partis ne manqueraient pas, mais elle reste fidèle à son fiancé qui, se voyant dans l'impossibilité de rentrer, lui propose un mariage par procuration, ce que la famille refuse. Au dernier acte, dix ans ont encore passé ; l'oncle est mort, sa rose d'un jour a été coupée, et Rosita apprend que son fiancé en a épousé une autre. La voilà vieille et flétrie comme la fleur en son crépuscule. La famille ruinée quitte la villa de Grenade : c'est la fin d'un monde.
Dans ce texte de 1928, le poète fait entendre la mélancolie des berceuses espagnoles. Des chansons fredonnées par les mères à l'heure du coucher aux quatre coins de son pays, García Lorca tire une conclusion surprenante : les mélodies chantées aux chérubins sont, à l'inverse des berceuses européennes, douces et tendres, emplies de tristesse. Mais si les niños sont endormis par des mots rudes et tristes, c'est pour heurter leur sensibilité qui sera mise à rude épreuve au long de leur vie. Loin de leur faire croire à une existence parfaite, les mères préviennent les petits de sa dureté. Mais le sommeil finit toujours par calmer l'enfant tiraillé, à l'image des films de Disney où la victoire du "gentil" le réconforte. Une astuce imparable pour endormir les petits monstres récalcitrants !
Une colombe cruelle au coeur d'éléphant... Un coq qui perd son âme à mesure qu'une brodeuse emprisonne son chant dans le métier à tisser... Un homme qui verdit au gré des paysages qu'il traverse....
La mère de Charlie Chaplin dont on emporte le corps dans une chaussette fine... Des amants assassinés par une perdrix... Cinq dames amoureuses d'un jeune homme soudain changé en papillon... Des étoiles qui clignent des yeux au rythme du télégraphe... Les proses que rassemble cet ouvrage composé de nombreux inédits révèlent un Federico García Lorca que peu de lecteurs connaissent : surréaliste et grinçant, cruel et facétieux, subtilement iconoclaste. Poèmes en prose, contes, nouvelles -, peu importe les classifications. Le poète se joue des traditions et des codes avec la virtuosité d'un toréador des mots.
Noces de sang (1933), par sa forme lyrique, est à la fois un poème dramatique et une tragédie rurale. Marquée par l'Andalousie et la mythologie gitane, cette pièce, avec toute l'aspiration de l'auteur au réalisme et à la vérité, puise son intrigue à un fait divers évoquant des noces sanglantes au cours desquelles la Fiancée - elle n'a pas d'autre nom : c'est un archétype -, au lieu de se rendre à l'église, s'enfuit avec son ancien amoureux, qui est aussi son cousin, pour être retrouvée dans les bois, les vêtements en lambeaux, non loin de son amant tué par le frère du fiancé. Mais ici, l'intrigue est constamment transcendée et magnifiée par la poésie, les chants et l'atmosphère mythique qui pose d'emblée le maléfice de la Lune.
Yerma fait partie de la trilogie rurale composée par Federico García Lorca entre 1932 et 1936, avec Bodas de sangre (Noces de sang), et La casa de Bernarda Alba (La maison de Bernarda Alba). Yerma, qui donne son nom à la pièce, est une jeune épouse intensément frustrée de ne pas être mère. Elle sublime son désir d'enfant avec passion et en fait un but idéal, mais elle se heurte à la froideur de son mari Juan, et à la société qui l'entoure. Dans un dernier recours elle participe à un pèlerinage supposé favoriser la fertilité, mais qui donnera lieu à la tragédie finale. Teatr Penn-ar-Bed signe avec cette pièce puissante son retour sur les planches, avec la langue bretonne pour servir la richesse du texte de Lorca.
Un chef d'oeuvre de la littérature espagnole, à découvrir en VO avec des aides de traduction ! Découvrez cette histoire tragique qui tient place en Andalousie, sous la plume d'un des plus grands écrivains et poètes espagnols.
" Le livre est un retable de l'Andalousie avec des gitans, des chevaux, des archanges, des planètes, avec sa brise juive, avec sa brise romaine, avec des rivières, avec des crimes, avec la note commune du contrebandier et la note céleste des enfants nus de Cordoue qui narguent saint Raphaël. Un livre où est à peine exprimée l'Andalousie que l'on voit et où frémit celle que l'on ne voit pas." Sur fond de guitares andalouses, découvrez toute la sensualité et la force de l'âme gitane sous la plume du plus grand poète espagnol du XXe siècle.
Ce volume d'oeuvres de Garcia Lorca rassemble des proses d'époque diverses : Impressions et paysages, des textes d'inspiration surréaliste, et enfin des articles et des conférences. Publié à ses frais en 1918, oublié par la suite, Impressions et paysages est le premier livre de Lorca. Écrit à dix-neuf ans, quand le poète était étudiant à l'université de Grenade, il est la relation d'un voyage que fit le jeune homme avec quelques compagnons d'études à travers les terres de la vieille Castille et de León. oeuvre de jeunesse, Impressions et paysages révèle déjà, en sa forme encore hésitante, les prodigieuses ressources d'un tempérament exceptionnel. Le lecteur y découvrira, mêlées à des réflexions sur l'art, la religion, la musique, de riches variations sur deux grands thèmes chers à Lorca : l'obsession de la mort et l'amour de la ville natale.
Les proses surréalistes, contemporaines des derniers poèmes du Romancero gitan (1927-1928), sont d'un artiste en pleine possession de ses moyens. Elles oscillent entre le burlesque et l'horreur, où s'exprime, en images proches du délire, une terrible et étrange fascination du sang.
Cinq textes - conférences et articles - consacrés à Grenade terminent ce volume. Dédaignant le pittoresque et l'anecdote, le poète va droit à l'essentiel, à ce fond de quiétude jalousement défendue qui caractérise sa ville natale. Or il se confond tellement avec elle que c'est en lui-même qu'il en découvrira le secret.
Ce tome II et dernier est consacré au théâtre de Lorca. À côté des chefs-d'oeuvre - La Savetière prodigieuse, Le Public, La Maison de Bemarda Alba - donnés ici dans des traductions révisées ou refaites, il révèle des pièces encore inédites dans notre langue et propose pour la première fois les textes inachevés ou restés à l'état d'esquisse. La deuxième partie du volume est le complément naturel de ces textes, puisque les interviews accordées par l'écrivain et les déclarations faites par lui, dans la plupart des cas inconnues en français, ont pour principal objet le théâtre : le sien, analysé de manière extraordinairement vivante, et celui de l'Espagne, au service duquel il a consacré des années de sa vie.
Étrange trajectoire, selon le mot d'André Belamich, que celle de l'oeuvre dramatique de Federico Garcia Lorca. À son premier théâtre (1920-1926), imprégné de poésie symboliste, succèdent en 1930 des pièces oniriques et secrètes qui, plus de vingt ans avant Beckett ou Ionesco, placent le poète à l'extrême avant-garde de l'art occidental. Théâtre et méditations sur le théâtre, négation du théâtre et théâtre des vérités dernières, Le Public et Lorsque cinq ans seront passés acquièrent une valeur universelle. Mais, en 1932, volte-face : Lorca rencontre le «grand» public. Visionnaire dans la société, il veut désormais offrir des pièces accessibles, pour élever les hommes à un plan supérieur de beauté. Nouvelles aspirations, inspiration nouvelle, nourrie par le miracle du réel. Le dernier théâtre est celui de l'ouverture au monde. Mais il ne trahit rien. Par d'autres voies, plus larges, il continue à exprimer la révolte de l'homme devant l'inanité de la vie et de l'amour. Il contribue à donner à Lorca sa place, l'une des toutes premières, parmi les grands auteurs dramatiques de notre temps.
Nouvelle traduction à une seule voix de l'oeuvre poétique complète de Federico García Lorca.
On ne présente plus l'oeuvre poétique de Federico García Lorca, qui a été abondamment traduite et publiée en français, par divers auteurs et à des époques différentes. Pour la première fois l'intégralité de son oeuvre poétique se trouve ici traduite à une seule voix. Se dégage, de cette vision d'ensemble, la richesse thématique et stylistique de son écriture.
«À Grenade, les heures sont plus longues et plus savoureuses que dans n'importe quelle autre ville d'Espagne. Elle a des crépuscules complexes de lumières toujours neuves qui semblent ne jamais finir. Elle est immensité.
Grenade est le miroir d'une Andalousie passionnée et silencieuse.
Grenade, ville de rêveries, sera toujours plus esthétique que philosophique, plus lyrique que dramatique.»
Tous comprennent la douleur qui tient à la mort, mais la vraie douleur n'est pas présente à l'esprit.
Elle n'est ni dans l'air ni dans notre vie, ni sur ces terrasses enfumées.
Oppressé par une «bonne morale» qui l'étouffe, Lorca se rendra en 1929 aux États-Unis. Il y restera une année. Cet andalou ancré dans sa terre grenadine revient dans la péninsule avec plusieurs nouvelles pièces de théâtre et un recueil, le «Poète à New-York», qui ne paraîtra, partiellement, que quatre ans après sa mort en 1940. Tout Lorca brûle en filigrane : le musicien, le poète charmeur, l'amoureux blessé et contrarié, le révolutionnaire, dans ces vers qui ont d'abord la couleur éclatante d'un cri de liberté.
Reproduction de grands dessins d'Alecos Fassianos réalisés pour ce livre.
Passionné de musique, de romances, et d'imagerie populaire d'Andalousie, musicien lui-même et dramaturge. Manuel de Falla l'admire, Salvador Dalí l'initie au surréalisme. Assassiné au début de la guerre civile espagnole, il laisse une oeuvre inachevée, irrationnelle et tragique, savante et simple, incomparablement enchanteresse. Son obscurité même reste lumineuse. Ce choix de poèmes pris au coeur de l'oeuvre reflète ses visions rieuses, sensuelles et somnambules, mais où ne cessent de battre les tambours voilés de la mort.
Un poème mystérieux et peu connu du public français marquant le haut sommet d'une féconde amitié née à la célèbre Residencia de estudiantes à Madrid entre le poète Lorca et le tout jeune Dali.
Elle représente un tournant dans leur trajectoire artistique et humaine, l'amour frustré pour le poète et la perte pour Dali d'un intense dialogue stimulant sa créativité.