Categories
Languages
Fabienne Raphoz
-
Biophile et poète, Fabienne Raphoz vit au rythme des saisons. Dans un geste continu où s'entremêlent au quotidien les recherches de terrain, les lectures et l'écriture, elle tient, de saison en saison, l'observation minutieuse du vivant et l'exploration poétique de son inventivité.
Traversée sensible rythmée par les rencontres avec les livres, les animaux, les paysages vivants, La Saison des mousses tisse ces liens. Ici tout circule et se répond, tout vient ensemble, sans hiérarchie prédéfinie : des branches rougissantes des cornouillers d'hiver à la Robin d'Emily Dickinson, en passant par le retour cyclique des Guêpiers de Perse, l'organe reproducteur d'une araignée, la liste des écureuils menacés, le chant de la fauvette, la forme du poème ou l'odeur de la mousse sur les murets. Chaque page est le lieu d'une attention, un espace où s'associent la perception vivante du monde, l'enquête sur ses liens sensibles et les souvenirs qui affleurent à chaque instant et multiplient, à leur tour, les associations.
Du terrain au poème, du poème au terrain, il s'agit donc de sentir et de comprendre «l'imagination du réel» telle qu'elle prend forme en nous et dans les vies qui nous entourent. C'est tout un monde qui se déploie sous nos yeux, dont la précaire harmonie n'a d'égal que la jubilation de le voir encore réapparaître. -
« J'ai réfugié mon pays natal du Faucigny entre deux petites départementales peu fréquentées des Causses du Quercy, dans une de ces maisons sorties d'une vie antérieure et qui vous dit : «c'est là ». Au moment précis où je commence ce livre, le 30 juin, 9h38, un Troglodyte mignon est à peu près le seul de sa classe à percer le silence. Son chant, qui alterne les modes majeur et mineur, est rythmé par les gouttes d'une pluie continue dont le timbre varie selon leur densité et le support qui les accueille, feuilles de frêne ou de tilleul, gravier, friche, vitre ; varia- tions que le petit enregistreur peine à distinguer, chaque goutte d'eau, tombant sur la bonnette, ayant plutôt tendance à exploser dans l'oreille en mini-grenade sans subtilité sonore à l'échelle du tympan. (...) » Voici une ballade au bois, mais pas seulement, qu'une ornithophile consacre aux oiseaux, mais pas qu'à eux, où il sera question de grillons des bois ou d'Italie, d'oiseaux de paradis, de dodos, mais aussi des hôtes singuliers du Colombier :
Lady Hulotte, Front-Blanc, Tête-noire et quelques autres.
-
Avec Ce qui reste de nous, Fabienne Raphoz continue à creuser son sillon tout en se renouvelant. Depuis toujours attentive à la beauté et à la fragilité du vivant qu'elle s'ingénie à rendre dans sa poésie, elle cherche dans ce nouveau livre à dépasser la tension de son précédent recueil, entre hymne et élégie, tension que l'utilisation de l'espace dans la page vise aussi à traduire. Le temps nous étant compté, à nous individus comme peut-être à nous, espèce humaine, il importe de voir, d'entendre et de louer ce à quoi nous tenons, ce à quoi nous sommes intimement liés sur l'échelle des temps. La poète nous convie aussi bien sur le terrain, dehors - où l'émergence d'une libellule, le regard d'un renard nous ravit, invite, comme une rencontre simple et directe -, que dans nos mémoires.
Suivant l'injonction de Marlen Haushofer : « Aussi longtemps qu'il y aura dans la forêt un seul être à aimer, je l'aimerai, et si un jour il n'y en a plus, alors je cesserai de vivre », consciente de ce « sursis d'aurore » qui nous est encore offert, Fabienne Raphoz partage ce « sens de la merveille » que l'on attribue, souvent, aux seuls enfants. Ce livre, conçu en cinq mouvements, s'emploie à retrouver ce lien perdu.
-
Des belles et des bêtes ; anthologie de fiancés animaux
Fabienne Raphoz
- Corti
- 4 October 2003
- 9782714308351
Jean Marais a immortalisé sous ses traits la formidable stature de la Bête, dans la fameuse mise en scène de Jean Cocteau.
Le scénario du film, directement issu du conte de Madame Leprince de Beaumont est, comme tous les contes, une bien vieille histoire : une histoire de métamorphose et l'une des plus répandues du répertoire indo-européen. Dans une monographie érudite de 1955, un folkloriste danois (J-Ö Swahn) fait le compte : plus de 1100 variantes de La Belle et la Bête parcourent le monde. La tentation était grande de réunir non seulement les versions les plus représentatives de ce conte, de partir en quête de ses sources et migrations, mais aussi de le mettre en perspective avec d'autres contes à métamorphose où la bête est une animale (de la Chatte blanche de Madame d'Aulnoy jusqu'aux variantes les plus populaires) et le prince, un sauveur.
Cette réunion thématique, de 41 contes littéraires et populaires, nous fera remonter dans l'Antiquité, avec le conte de Psyché ; et au Moyen Âge, avec le mythe de Mélusine. L'anthologie s'accompagne d'une trentaine de photographies de belles et de bêtes éternelles : de pierre et de marbre ; et d'une dizaine de gravures du XIXe siècle.
-
Blanche baleine est une tentative, en ce début de 21e siècle - où le « sentiment de la nature » ne peut plus être celui des débuts du Romantisme - d'écouter, voir, toucher, tenter la symbiose, si ce n'est physique, du moins poétique, avec le vivant.
Entrent en résonance le lointain, le très près, les origines, le paysage sonore.
L'expérience individuelle s'objective dans un collectif de l'espèce pour tenter de renouer le lien perdu et surtout témoigner du « lyrisme de la matière » (Marinetti).
-
L'oiseau aussi dit dviga avis omis ave àe avicelus aucellus oisel aucèl aucéu aceddu ausèth ocell ocellu oxellu uccello utschi usél lindu lind lod'de ibon langgam pispis parèvè passaro paxaro para picc hegaztin ciriklo tototl collol lau madàr manu manulete bird birdo böd burung bonge tuge unmage paùks'tis putns tsiro pùta ptak pakshee chiriya panchhi palkh ptica pillqu gûyra guyra zog jag kus çûk tingmiaq fugol fugis fogal fugl fuglur Vull faagel Vogel vogel Vagel voël fowru huwalas kev labous asfur Agdid akanyoni wäf vorona ghasfur tsipor tori niao yug menuuam nohk nyunyi inyoni ennyonyi en ndege éan edn ndeke kimbiro binayshee cha chim shuvuu suntura sidha aqchi pichinku pisqo pisqu kuruvi u
-
Rythmé par des événements où se mêlent les dernières catastrophes écologiques majeures et la perte de la mère, la Fauvette, Terre sentinelle regarde le monde du vivant avec les yeux d'un enfant unique, explorateur & orphelin, qui joue parfois au savant (Ur, L'Évolution des formes s'étend à toute la couleur).
Alternant visions au très près, au risque de l'intimité, et porosité au monde, le recueil est construit comme une géographie du chez soi, qu'il soit aux antipodes (Je parle Mozambique, Dont est jouissant, endemia) sur les rives de la rivière natale (De la gnature d'Arva) ou dans le grenier (Intimité du monde).
-
Parade au paradis (des paradisiers)
Fabienne Raphoz
- Heros limite
- Revue L'ours Blanc
- 17 February 2016
- 9782940517459
Reprenant une conférence donnée dans le cadre des Rencontres d'Aubrac 2013, le texte de Parade au paradis (des paradisiers) articule savoir scientifique et réflexion poétique. L'auteure s'emploie à trouver des éléments de réponse à la question frontale que lui a posée, un jour, un enfant : Pourquoi l'oiseau ? Mais c'est devant un public d'adultes que Fabienne Raphoz s'autorise, pour relever ce qui ressemble bien à un défi, à recourir autant aux résultats vérifiables de l'ornithologie, exposés avec une grande clarté pédagogique, qu'à l'intuition linguistique qui lui permet de relier oiseau à paradis. Et c'est grâce à l'homophonie - autre arme poétique redoutable - qu'elle peut postuler l'étymologie aventureuse qui fait le lien entre paradis et parade nuptiale de certains oiseaux mâles. Si Buffon est souvent cité, c'est surtout au Novalis du projet d'Encyclopédie qu'on pense en découvrant un texte dans lequel le langage poétique (ce Dolce Stil Novo) valide, en les réorganisant sans une perspective inédite, les résultats des sciences dures.
-
-
Ce recueil, bien loin d'être de la disparate est le kaléidoscope d'une sensibilité vibratile où la fonction «pensée», un peu à la Roberto Juarroz, n'empêche pas un certain lyrisme lorsque la parole se dépasse jusqu'à ce qui la calcine.
D'autres fragments sont plus réflexifs - aphoristiques ou philosophiques - ici et là voilés d'humour, parfois aussi teintés d'abstractions ; d'autres enfin sont plus descriptifs lorsque le regard se réfléchit autant qu'il se perd dans l'implicite. L'ensemble des poèmes tente de saisir ce qui se trame dans la durée ou la fulgurance : pendant.
-