Ouvrant sur une série de constructions sphériques, comme s'il s'agissait du chantier des mondes, pour se conclure sur l'image d'un bunker renversé, c'est à une longue divagation, une sorte de mélopée hypnotique avec ses récurrences et ses variantes, ses répétitions et ses ruptures, ses harmonies et ses dissonances que ce livre vous invite. Plus qu'un ouvrage sur l'architecture ou la photographie, Atlas of Forms est d'abord un éloge de la diversité, de toutes les diversités.
En préambule de l'édition de son grand projet Atlas des Régions Naturelles, le photographe Eric Tabuchi propose ici un regard amusé sur les transformateurs électriques qui parsèment les régions françaises, souvent en milieu rural. Beaucoup d'entre eux reprennent les codes de l'architecture locale, tantôt traditionnelle, tantôt moderne.
Le terme "région naturelle" ou "pays" désigne des territoires de petites tailles dont les limites renvoyant à leurs caractéristiques naturelles sont - par opposition aux départements administratifs issus de la Révolution - difficiles à tracer. Né d'une volonté de documenter l'architecture vernaculaire française et, plus largement, de représenter un territoire dans toutes ses nuances, l'Atlas des Régions Naturelles devient une entreprise de relevé photographique titanesque. Avançant région par région pour les livres, elle connaît ici son premier volume.
Déprimé par le confinement, Eric Tabuchi et Nelly Monnier ont imaginé un plan d'évasion, se photographier sur fond vert et lancer un appel aux internautes : « téléchargez nos silhouettes et faites nous voyager dans les décors de votre choix, puis renvoyez-nous ces photos souvenirs ». Durant les deux semaines qui ont suivies, ils ont reçu près d'un millier de propositions, poétiques, politiques, drôles, sérieuses, belles et parfois moins belles émanant de plus de 400 contributeurs. Étonnant catalogue d'images renvoyant chacune à cette période unique, Décor-Export réunit des gens d'origines et de notoriétés très différentes et fait dialoguer des personnes venant aussi bien de l'architecture que du dessin, de la photographie ou de la peinture mais aussi de simples amateurs. La série a été exposée à à l'espace Croisière à Arles de juillet à août 2020.
Un inventaire lexical autant que graphique composé de noms collectés sur des voitures, qui interroge l'opposition entre le fond et la forme, au coeur du travail de Tabuchi.
Life size est un voyage photographique ou l'échelle de l'être humain se confronte à l'échelle de sites naturels ou industriels. Au fur et à mesure des pages, l'Homme occupe une place de plus en plus importante. Ce travail propose une lecture de la source iconographique sous une contrainte imposée de l'échelle et de la mesure : culture industrielle et sites archéologiques, anonymat et présence humaine, réalité et virtualité, accumulation et unicité.
Eric Tabuchi nous invite à enquêter sur les détails, la perception, l'incompatibilité et les similitudes dans ce flux d'informations cachées, à la fois chaotique et systématique. Le travail de l'artiste révèle des questions récurrentes dans sa pratique : l'image comme source, 'atlas comme acte artistique.
Twenty-Four Modern Lorraine Churches documente de façon sérielle les églises de la reconstruction dans la région Lorraine.
« Durant l'automne et l'hiver 1944, la IIIe armée américaine remonte de Nancy vers le Nord de l'Allemagne. Faisant face à une forte résistance, elle bombarde les villages situés sur sa route pour ne laisser derrière elle que des hameaux en ruines. À partir de la fin des années cinquante, les églises démolies sont progressivement reconstruites dans un style moderne plus ou moins affirmé.
C'est en rentrant de Strasbourg, un dimanche de l'hiver 2010, que je suis «tombé» sur l'église de Moyenvic. Émergeant de la brume au centre de ce petit bourg, les proportions de l'édifice et sa proximité avec les blockhaus de la Ligne Maginot a immédiatement éveillé ma curiosité. En interrogeant les habitants de la région, j'ai appris que ce bâtiment n'était pas un cas isolé.
Ainsi, durant trois ans, j'ai refait le parcours qu'avait emprunté l'armée américaine à la recherche de ce qui, paradoxalement, m'apparaissait être des vestiges de la reconstruction.
Ce travail de recensement ne représentait pourtant pas à mes yeux l'enjeu principal de cette série de photographies. Il s'agissait d'abord pour moi de décrire une rencontre, dans les circonstances tragiques que nous connaissons, entre cette Lorraine à la fois rurale et industrielle et l'architecture moderne - entre ces paysages austères et ces formes nouvelles. C'était une étrange idée de penser réparer le traumatisme de la guerre avec des édifices coulés dans le même béton que les blockhaus voisins.
Passé certains préjugés, elles me semblent plutôt belles : non pas tant ces églises, mais ces rencontres. (...) » Éric Tabuchi Poursuite Septembre 2016 Broché 21 X 21 cm 370 gr 48 pages 978-2-930733-05-0 € 20 / CHF
Vingt-six culs de camions photographiés sur des autoroutes vides, représentant chacun une lettre de l'alphabet (vingt-six photographies sous étui) : un projet virtuose sur le thème du language et du déplacement.
La photographie comme le cinématographe sont des techniques d'expression de la révolution industrielle dans lesquelles le spectateur ne considère jamais l'original, le négatif, la matrice, mais toujours des copies, des tirages, des doubles. Un être, un acte, un objet, un lieu tente d'expliquer aux enfants comme aux curieux, les uns n'étant pas exclusifs des autres, le pourquoi des dimensions d'une image photographique, d'un tirage. L'ouvrage est illustré d'oeuvres de la collection des FRAC de la région Nouvelle-Aquitaine mises en pages dans leurs rapports d'échelle respectifs.
Par ces quatre mots, il est possible de parler du monde entier jusqu'à aujourd'hui, tout autant que de l'histoire complète de la photographie, mais aussi résumer à sa plus simple expression ce que seront vos prochaines vacances. En effet, l'élasticité de ces quatre mots est assez grande pour contenir la planète Terre tout entière depuis deux millions sept cent mille années, date des premiers outils dont nous avons la trace.
Dans un ordre différent, ils content les progrès de la photographie qui présente d'abord des lieux comme « Le point de vue du Gras », réalisé en 1827 par Nicéphore Niépce en périphérie de Chalon-sur-Saône, puis des objets sous forme de sculptures blanches se détachant sur fond noir dans les expérimentations d'Hippolyte Bayard, puis ce sera, à partir de 1840, le temps des êtres avec les premiers portraits daguerréotypés, solidement campés sur leur siège et discrètement immobilisés pour tenir la pose. Car ce ne sera que quarante années plus tard qu'avec du collodion humide on pourra fixer le mouvement et figer sur des négatifs des actes.
Bref, ces quatre mots sont la base de toute dramaturgie et vous ne serez pas déçus ! Dans les pages de ce livre, il y aura bien, et cela à plusieurs reprises, un être, un acte, un lieu, un objet, vous pouvez vérifier cela scrupuleusement.
Trois photographes ont porté leur regard sur la ville de Saint-Etienne : l´investigation qu´ils ont conduite s´est focalisée sur la syntaxe et la morphologie du bâti tel qu´il peut être observé dans la cité. Rien de « normatif » donc dans cette « grammaire de formes ». Il s´agissait bien au contraire de prendre en considération la variété même des gestes d´aménagement susceptibles d´être décelés au sein de la ville. Celle-ci porte de fait la marque de grands projets planifiés aux effets structurants (dont la mise en place s´est échelonnée dans le temps), mais aussi d´interventions moins concertées découlant des effets du libéralisme, de phénomènes de retrait ou d´abandon liés à la récession économique, ou encore d´initiatives individuelles de faible empan, le plus souvent effectuées avec des moyens rudimentaires. Toutes ces actions d´aménagement, dans leur diversité même, entrent de plein droit dans la « grammaire » de la ville de Saint-Étienne - dont on ne peut que constater la variété.
LAtlas des Régions Naturelles (ARN) se donne pour objet la création dune archive photographique documentant la grande diversité - mais aussi leur uniformisation progressive - des paysages et plus particulièrement des bâtis que lon rencontre sur le territoire français. Cette carte représente les 450 régions naturelles françaises, dont le dessin prédate la révolution française et ne relève d'aucun découpage administratif. Sil est impossible den tracer les frontières exactes, leurs limites géologiques, historiques et culturelles persistent à dessiner, dans une sorte de tradition orale, les contours dune géographie dont la vivacité demeure bien réelle.