Dominique Casajus
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Le hasard mode d'emploi : divination, arithmétique et machines littéraires
Dominique Casajus
- Ecole hautes etudes en sciences sociales
- Apartes
- 20 January 2022
- 9782713229121
Voyage dans le temps et dans l'espace, ce livre nous invite à explorer des activités de l'esprit à première vue sans rapport les unes avec les autres, mais entre lesquelles des auteurs comme Leibniz, Simone Weil ou Italo Calvino ont repéré des similitudes.
Dominique Casajus ira de l'une à l'autre de ces activités, montrant au lecteur qu'elles peuvent être parentes : la divination (ou du moins certains procédés géomantiques utilisant des opérations arithmétiques, tels les géomancies chinoise, arabe et touarègue) ; certains jeux (les échecs, le go, la version touarègue d'un jeu africain nommé awélé) ; les mathématiques ; l'écriture littéraire (notamment celle de Calvino, de membres de l'Oulipo, de poètes allemands de la période baroque).
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Cet ouvrage retrace l'histoire des alphabets touaregs, dont certains sont encore en usage aujourd'hui. Utilisés pour tracer des inscriptions sur la roche ou sur certains objets et écrire de petits messages à des proches, ces alphabets - presque exclusivement consonantiques - dérivent d'alphabets beaucoup plus anciens, que les spécialistes appellent « libyques » ou « libyco-berbères ». Parfois associées à des inscriptions puniques ou latines, on trouve ces épigraphes dans tout le Maghreb actuel, de la Libye jusqu'au Maroc et même jusqu'aux îles Canaries. L'histoire des alphabets touaregs est en grande partie obscure, mais il est permis de faire à son sujet quelques hypothèses. Entre autres qu'ils ont sans doute disparu de l'Afrique du Nord au moment des invasions arabes, pour ne subsister qu'au Sahara. Depuis quelques décennies, des intellectuels berbères - Touaregs, Kabyles ou Marocains - ont entrepris de moderniser ces alphabets en y adjoignant des voyelles, ce qui aboutit à des formes d'écritures très différentes de celles du passé.
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Gens de paroles ; langage, poésie et politique en pays touareg
Dominique Casajus
- La decouverte
- Textes A L'appui
- 11 May 2000
- 9782707132666
Dans ce livre magnifique, Dominique Casajus s'efforce de révéler les mystères et de restituer toute la subtilité de cette parole pénombreuse des Touaregs, qui accorde une place singulière au silence et au non-dit.
Les Touaregs vivent dans le Sahel et le Sahara méridional, répartis entre plusieurs groupements qui furent jusqu'au début de ce siècle des unités politiques indépendantes. Par-delà les frontières nationales qui les séparent aujourd'hui, la langue qu'ils partagent leur donne le sentiment de former une communauté. Mais, autant que la langue elle-même, ce qui les rassemble, eux qui se désignent comme les gens de la parole , c'est le souci du bien-parler. Dans ce livre magnifique, Dominique Casajus s'efforce de révéler les mystères et de restituer toute la subtilité de cette parole pénombreuse , qui accorde une place singulière au silence et au non-dit. Partant à la rencontre des hommes voilés, il évoque ces paroles échangées à l'ombre des tentes et notamment la forme de parole la plus précieuse, la poésie, élégiaque ou guerrière. De l'exploration de ces faits langagiers, prosaïques ou poétiques, l'image d'une société bruissante de mots échangés se dégage peu à peu, dans laquelle certains ont plus que d'autres droit à la parole et où ceux qu'opposaient la guerre s'adressaient jadis des poèmes tandis qu'ils croisaient le fer. Mais Dominique Casajus n'oublie pas l'autre langue, celle du Coran. Car, si la langue des Touaregs les installe dans leur spécificité et les oppose à tous les autres hommes, l'adhésion à la religion du Livre les fait membres de la communauté des Croyants et les installe dans l'universel. -
Aède et le Troubadour. Essai sur la tradition orale
Dominique Casajus
- Cnrs
- 19 April 2012
- 9782271073495
Homère a-t-il existé ? Les hellénistes ne se posent plus guère la question. Mais la question de savoir comment l'Iliade et l'Odyssée ont été composées reste d'actualité. Car le texte homérique, avec ses scansions, ses fulgurances, sa puissance d'évocation, porte trace d'une tradition orale perpétuée par les chanteurs, les scribes, les aèdes. D'où l'intérêt de mettre les épopées homériques en regard avec d'autres poésies orales, comme s'y emploie Dominique Casajus dans cet essai majeur. Chants touaregs, poésie arabe archaïque, bardes serbo-croates, troubadours et ménestrels : autant de complaintes récitées ou chantées, autant de " situation d'oralité ", diffusés par des interprètes itinérants. Le narrateur éploré, l'amant délaissé qu'ils mettent en scène n'est jamais qu'une transposition poétique de la solitude dans laquelle ils oeuvraient en tant que poètes.
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Un essai biographique majeur sur la vie au désert de " l'apôtre des Touaregs " Saint-Cyrien, trappiste, explorateur, ermite espion, séide du colonialisme français ? Qui est Charles de Foucauld ?
C'est sur son expérience extrême, son existence d'ermite, à Béni-Abbès, une oasis au sud de l'Oranie dans le Sahara occidental, de 1901 à 1916, que se concentre cet ouvrage. Comment vivait-il ? Quel rapport entretenait-il avec les voisins autochtones, avec les militaires français? Quelle valeur doit-on accorder à ses recherches sur la langue des Touaregs ? Quelle place laissaient ces travaux aux pratiques religieuses ?
Seul un spécialiste de la civilisation touarègue pouvait ainsi renouveler notre vision de l' " ami de Jésus " dans son ultime cadre de vie. Un portrait allant à l'encontre des clichés et de la littérature sulpicienne.
Dominique Casajus est directeur de recherche au CNRS. Il est reconnu internationalement pour ses travaux sur les Touaregs, au sein du Centre d'études des mondes africains.
La découverte renouvelée d'un grand mystique béatifié en 2005 par Benoît XVI.
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La tente dans la solitude. la societe et les morts chez les touareg k el ferwan
Dominique Casajus
- Maison des sciences de l'homme
- 12 April 1995
- 9782735101900
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Peau d'âne et autres contes touaregs
Dominique Casajus
- L'harmattan
- Connaissance Des Hommes
- 1 December 2004
- 9782858024698
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Henri Duveyrier, l'explorateur du Sahara, aura été pour l'essentiel l'homme de deux livres étrangement antinomiques, l'idyllique relation d'une rencontre et, vingt ans plus tard, la transcription d'un cauchemar. Duveyrier avait vingt-quatre ans lorsqu'il publia, en 1864, Les Touareg du Nord, livre écrit au retour d'un voyage de trois ans dans le désert. Grandi dans le sérail saint-simonien, il avait rompu avec ses aînés sans renier leurs idéaux de fraternité universelle. Mais, la conquête coloniale étant en plein essor, l'heure ne resta pas longtemps à la fraternité. Vingt ans après, ne soupçonnant pas combien les Touaregs s'effrayaient de l'expansion française au Sahara, Duveyrier ne comprit pas pourquoi des hommes qui lui avaient fait si bon accueil lors de son premier séjour se montraient hostiles aux voyageurs qui se risquaient dans le désert. Et il pensa en avoir trouvé la raison : pas de doute, ils étaient travaillés par la propagande des Senoussistes, membres d'une confrérie musulmane à laquelle il prêtait une puissance et une malveillance infinies. Il avait consacré à la confrérie quelques pages inquiètes dans Les Touareg du Nord, mais, en 1884, il fut beaucoup plus péremptoire dans un écrit halluciné : La Confrérie musulmane de Sîdi Mohammed ben 'Alî Es-Senoûsî. Il en aura été de son destin comme de ses deux livres. Le tout jeune homme qui, le 13 mai 1859, partit de l'oasis de Biskra pour un voyage qu'il entreprenait « par amour pour la science et pour satisfaire une grande passion pour les découvertes des contrées lointaines » ne doutait pas des promesses que la vie semblait alors lui faire. Le 25 avril 1892, quand il s'engagea dans le bois de Meudon un revolver dans la poche, il avait eu le temps d'apprendre que la vie ne tient pas toujours ses promesses. Cette biographie suit Duveyrier dans son voyage parmi les Touaregs, dans l'écriture des Touareg du Nord, puis dans le triste cheminement qui l'a conduit de ce premier livre au second, puis au suicide. Ethnologue de formation, Dominique Casajus est directeur de recherches au CNRS. Il a consacré plusieurs ouvrages à la culture et à la littérature des Touaregs.
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Charles de Foucauld, homme de science
Dominique Casajus, Paul Pandolfi
- Croquant
- 6 October 2022
- 9782365123662
Assassiné le 1er décembre 1916 alors qu'une insurrection de grande ampleur avait soulevé la majeure partie des populations du Sahara et du Sahel contre l'occupant français, Charles de Foucauld a inspiré dès avant sa mort les fabricants de littérature sulpicienne. Leur représentant le plus encombrant reste René Bazin, qui a publié en 1921 Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, monument de componctueuse et fate médiocrité dont Louis Massignon devait écrire dans une lettre du 16 septembre 1959 à Jean-François SixÂ: «Foucauld coule dans le gouffre de la bondieuserie S.ÂSulpice. [...] Il y a des jours où je regrette de n'avoir pas été réquisitionner pour sa Vie Louis Bertrand au lieu du mélibéen René Bazin. [...] Il nous aurait épargné les bonbons de candi bénit de la rue de Sèvres.» Le grand arabisant se faisait quelques illusions sur Louis Bertrand, si l'on en juge par un lamentable Saint Augustin publié en 1913. Quant à Jean-François Six, sirupeux et prolixe biographe de Foucauld, s'il a complaisamment rapporté la mise en garde de Massignon dans son Aventure de l'amour de Dieu (1993), il n'a pas su l'entendre. Le flot sulpicien ne s'est jamais tari jusqu'à aujourd'hui, charriant année après année des ouvrages qui ont épaissi plutôt qu'éclairci l'énigme d'une âme qu'on devine hantée par la mélancolie, la haine de soi, l'intransigeance et une sombre démesure. Quelques procureurs leur ont fait face, beaucoup moins nombreux mais pas plus respectueux des faits. On pouvait espérer que les choses changeraient une fois la béatification acquise, puisqu'il n'était dès lors plus besoin ni de défendre ni d'attaquer une cause désormais entendue, mais il n'en a rien été. La célébration du centenaire de sa mort a même transformé la cohorte des thuriféraires en une légion où le mélibéen a voisiné avec le savonarolesque. Plus récemment, les procureurs, jusque-là relativement discrets, ont vu leur zèle avivé par la vogue actuelle de déboulonnage de statues et la perspective de la canonisation prochaine de l'ermite de Tamanrasset. À en croire certains d'entre eux, Foucauld aurait été le «défenseur d'une guerre totale contre l'Allemagne lors de la Grande Guerre» ; pour d'autres, il aurait eu une «implication directe dans les opérations militaires coloniales contre les tribus rebelles» et aurait été «l'auxiliaire incomparable» de Laperrine, commandant supérieur des territoires sahariens jusqu'en 1910. Il y a aussi ceux selon lesquels il aurait avancé des «idées en faveur d'une désorganisation des structures sociopolitiques touarègues». Foucauld «défenseur de la guerre totale» ? Plaisante formule. Totale, la guerre l'était, et Foucauld ne pouvait qu'en prendre acte. Il est un fait qu'il envoyait des lettres exaltées à ses amis engagés sur le front, mais son exaltation restait épistolaire, car l'essentiel de son temps était consacré à la mise au net de ses travaux linguistiques. Ses journées de travail duraient souvent plus de onze heures, et le résultat en est une oeuvre dont il est difficile d'affirmer comme le font certains qu'elle est «indissociable de la conquête coloniale». Car, dans les faits, elle s'en dissocie parfaitement. Ses lettres à ses amis sur le front, tout comme ses relations avec les officiers sahariens, font partie de l'époque et elles sont banales une fois remises dans leur contexte. En revanche, ses travaux linguistiques, c'est-à-dire, pour l'essentiel, les deux tomes de ses Poésies touarègues et les quatre tomes de son Dictionnaire touareg-français, sont encore une référence pour tous les spécialistes, y compris touaregs. C'est pour une bonne part à cette oeuvre qu'est consacrée le présent ouvrage. Quant à l'implication «directe» dans les opérations militaires, c'est une pure invention. Et les lettres à Laperrine ne justifient pas le qualificatif d'«auxiliaire incomparable» que Foucauld s'est vu décerner après leur parution. Surtout si l'on songe qu'elles datent d'un temps où Laperrine, revenu en France, n'avait plus aucune responsabilité au Sahara. L'ermite avait l'habitude d'informer ses amis officiers de la situation du Sahara, mais il n'était guère en cela qu'une sorte de gazetier dont les «renseignements», qui mettaient plusieurs semaines à arriver à leurs destinataires, n'étaient ni exploitables ni d'un grand intérêt opérationnel. De plus, affirmer comme nous l'avons lu récemment que «ses renseignements fournis à l'armée coloniale ont influencé la stratégie de conquête du pays touareg» est un anachronisme. Lorsque Foucauld atteint le pays touareg en février 1904, le chef et futur amenûkal Mûsa ag Amastan vient de signer un traité avec les militaires. En d'autres termes, la «conquête» était déjà chose faite avant même son arrivée sur place. Les seuls auxquels il est difficile de donner totalement tort sont ceux pour qui il aurait songé à désorganiser les structures sociopolitiques touarègues. Sauf à remarquer cependant, comme Paul Pandolfi le fait observer dans sa contribution, que les officiers qui seuls auraient été en mesure de procéder à cette réorganisation était d'un avis contraire, qui seul a prévalu. D'une manière générale, il n'avait guère d'influence sur ses amis militaires. Ainsi, le plan d'organisation de l'annexe du Tidikelt qu'il avait échafaudé est resté lettre morte, comme le remarque là encore Paul Pandolfi. De même, lorsque le sous-lieutenant Constant voulut donner suite aux propositions de Foucauld pour le réaménagement du fort Motylinski, il fut désavoué par son supérieur, le capitaine de La Roche, pour qui tout cela n'était qu'«hérésie tactique». De même encore, la correspondance du lieutenant-colonel Meynier laisse deviner son scepticisme à propos de renseignements d'ailleurs très vagues transmis par Foucauld en août 1914. De toute façon, ni Foucauld ni ses supérieurs religieux n'avaient alors un quelconque pouvoir décisionnaire. Il ne pouvait que s'ouvrir de ses idées à ces intermédiaires, ces acteurs de terrain qu'étaient les officiers qui intervenaient alors dans l'Ahaggar. Mais, même dans les quelques cas où ces derniers relayèrent ses demandes, les autorités supérieures, tant à Alger qu'à Paris, y opposèrent une fin de non-recevoir. Voilà de quoi relativiser le rôle et l'influence politique de Foucauld. Voir en lui une sorte de maître à penser de la politique saharienne de la France et le lointain inspirateur de cette éphémère Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) que la France créa en 1957 est manquer du sens des proportions. Pour ce qui est des idées coloniales, il les a assurément partagées. Mais ses avis tranchaient sur la bonne conscience alors de mise. C'est ainsi que, dans une lettre de 1912, il conseillait à Mûsa ag Amastan de faire apprendre le français aux siens, pour qu'ils «puissent, au bout d'un certain temps, jouir des mêmes droits que les Français, avoir les mêmes privilèges qu'eux, être représentés comme eux à la Chambre des députés, et être gouvernés en tout comme eux». Il ne concevait certes pas l'avenir des Touareg ailleurs que dans un ensemble français, mais au moins leur y assignait-il, à terme, celui de citoyens à part entière. En février 1956 encore, un président du Conseil s'est fait conspuer par les ultras d'Alger pour beaucoup moins que ça. Il écrivait aussi en cette même année 1912 : «Si, oublieux de l'amour du prochain commandé par Dieu, notre Père commun, et de la fraternité écrite sur tous nos murs, nous traitons ces peuples [colonisés] non en enfants, mais en matière d'exploitation, l'union que nous leur avons donnée se retournera contre nous et ils nous jetteront à la mer à la première difficulté européenne.» Sans doute ne voit-il là dans les colonisés que des enfants, mais étaient-ils nombreux, en 1912, ceux qui considéraient que, même dans les colonies, la « fraternité écrite sur tous nos murs » ne devait pas rester un vain motÂ? Que Foucauld ait été un homme de son temps, nul ne songe à le nier. Il est toujours utile de détailler ce trait du personnage, et les contributeurs du présent ouvrage, notamment Jean-Louis Marçot et Jacob Oliel, ne s'en sont pas faute. Mais en faire un «ultra» de la colonisation est absurde. Foucauld avait pourtant suscité quelques authentiques travaux d'historiens, qui depuis deux ou trois décennies ont répandu de lui une image plus complexe et plus humaine que l'icône assez plate accréditée jusque-là par les tâcherons de l'hagiographie. De portées et d'inspirations très diverses, tous ces travaux s'accordent au moins à reconnaître que, quels que soient par ailleurs ses titres à l'admiration et même à la ferveur, quelles que soient également les réserves qu'ils puissent susciter aujourd'hui, cet homme dont l'oeuvre linguistique est utilisée aujourd'hui encore par tous les spécialistes aura été une figure majeure des études berbères. Parmi tous ces travaux, une place particulière doit être faite à ceux du regretté Antoine Chatelard. C'est pourquoi, avec l'aimable autorisation de la revue qui l'avait d'abord publié, nous avons choisi de republier ici (sous sa forme d'alors) un texte datant de 1995 et qu'on doit tenir pour fondateur puisque c'est le premier texte où le travail linguistique de Foucauld ait fait l'objet d'une étude proprement scientifique. Mentionnons également, du même Antoine Chatelard, La mort de Charles de Foucauld (2000) ouvrage où, d'une part, il s'efforçait de reconstituer les circonstances de la mort de Charles de Foucauld et où, d'autre part, il jetait une intéressante lumière sur la façon dont la légende de «Foucauld martyr» avait pu se construire. Mentionnons aussi par ailleurs le livre sobre et remarquablement documenté de Pierre Sourisseau (Charles de Foucauld. Biographie, Paris, Salvator, 2016), dont on regrette seulement que les travaux linguistiques de Foucauld et ses interrelations avec les Touaregs n'y ont peut-être pas tout à fait la place qu'elles mériteraient. L'article d'Antoine Chatelard est suivi ici de deux textes où Dominique Casajus a tenté de le prolonger sur un ou deux points, tandis que, de son côté, Aurélia Dussere s'est attachée au travail de Foucauld comme explorateur du Maroc et que Marc Franconie propose un commentaire de quelques-uns des croquis qu'il a dressés au cours de son voyage d'exploration ainsi qu'un aperçu de son travail de météorologue. Le volume s'achève par deux contributions, dues à Emmanuel Alcaraz et à Dominique Casajus, qui entendent donner un aperçu de l'image, souvent infondée, que certains milieux se font aujourd'hui de Charles de Foucauld. L'étude historique du «cas» Foucauld doit se poursuivre, et le dossier présenté ici veut être une contribution à ce cette tâche. Et, en historiens que nous essayons d'être, notre rôle n'est pas de déboulonner des statues, ni, du reste, d'en édifier. Et l'image parfois floue que nous avons essayé de recomposer n'est ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche.
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L'orientalisme après la querelle ; dans les pas de François Pouillon
Guy Barthèlemy, Dominique Casajus, Sylvette Larzul, Mercedes Volait, Collectif
- Karthala
- Hommes Et Societes
- 16 November 2016
- 9782811117092
Il est difficile aujourd'hui de parler de l'orientalisme sans évoquer la « querelle » dont il est l'objet depuis que Edward Said proclama que l'Orient dont s'occupent les orientalistes est une fabrication de l'Occident. Les contributeurs du présent volume entendent pourtant se situer en dehors ou au-delà de cette querelle.
Pour ce faire, ils ont notamment porté leur regard sur ce que l'on peut nommer des « objets viatiques ». Ceux-ci rendent bien compte d'interactions qui ne sont nullement à sens unique, ou déterminés uniquement par un rapport de domination. Du choc esthétique que constitua pour Delacroix la musique judéo-arabe, à l'histoire d'un manuel d'érotologie mystérieusement traduit dans l'Algérie coloniale, en passant par la constitution du mythe touareg ou l'influence du tourisme sur l'artisanat marocain contemporain, le lecteur curieux et méfiant à l'égard des simplifications trouvera ici un ensemble d'études illustrant la diversité des approches dans un champ du savoir toujours fécond.
Nous y retrouverons aussi l'inspiration de François Pouillon, pour qui ce volume a été composé. Animant depuis de nombreuses années un séminaire de l'EHESS, il n'a jamais hésité à aborder des sujets parfois décalés. Ce sont par exemple la biographie du peintre Étienne Dinet, qui mourut musulman dans l'oasis de Bou-Saada, les textes de l'Émir Abd-El-Kader sur le cheval arabe, ou les enjeux anthropologiques des formules de salutation. En même temps que ce volume qui lui est dédié, les éditions Karthala publieront prochainement un recueil de ses recherches consacrées au monde bédouin.
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Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie...
Chaque année, l'essentiel du Maghreb politique, économique, social et culturel : les faits et les tendances... les mutations internes...
Leurs perspectives... et le commentaire des chercheurs... mais aussi la place du Maghreb dans les relations internationales et les enjeux dont il est l'objet... avec en dossier de recherche 2011 une mise en perspective historique des mouvements qui traversent aujourd'hui le Sahara et ses marges.
La période qui s'étend de la fin de l'année 2010 au début de 2011 constitue une rupture dans l'histoire des régimes autoritaires arabes. Le souffle des protestations sociales est parti de Tunisie et a emporté le régime de Ben Ali le 14 janvier 2011, puis celui de Moubarak en Egypte un mois plus tard. La Tunisie est donc au coeur de la seconde partie de L'Année du Maghreb qui traite de l'actualité maghrébine.
Si l'onde de choc de la "révolution" tunisienne a occulté les enjeux sahariens, le Sahara constitue toujours un sujet de préoccupations des médias occidentaux :
Refuge d'al-Qaïda au Maghreb, cette région est analysée en termes strictement sécuritaires. Zone d'instabilité, le Sahara est perçu comme l'aire de jeu des terroristes et le lieu de passage des "hordes d'émigrés" en partance pour l'Europe.
Le dossier de recherche de L'Année du Maghreb, coordonné par Dominique Casajus et ancré dans une perspective historique, donne du Sahara l'image beaucoup plus nuancée d'une région en mouvement. Aire géographique nourrissant les utopies techniciennes et littéraires, le Sahara a toujours été pris dans un réseau de relations, inséparables de ses marges. Alors que l'Europe de Schengen s'obstine à voir dans le Sahara un lieu vide dont il faut à tout prix empêcher qu'il ne soit traversé, il est en réalité une zone où poussent les villes, se déploient des réseaux commerçants transnationaux, se développent des échanges licites et des trafics illicites, s'affirment des mouvements politiques qui instrumentalisent les Etats et/ou sont instrumentalisés par eux.
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Poésies et chants touaregs de l'Ayr
Moussa Albaka, Dominique Casajus
- L'harmattan
- 3 May 2000
- 9782738414106
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La terre et le pouvoir ; à la mémoire de Michel Izard
Dominique Casajus, Fabio Viti
- Cnrs
- Cnrs Alpha
- 14 June 2012
- 9782271073570
Anthropologue africaniste, Michel Izard a commence´ en 1957 ses recherches au Yatenga, l'un des royaumes Moose du Burkina-Faso. Il a de´taille´ comment les « Gens du pouvoir », conque´rants venus du Sud au xvie sie`cle, devaient s'en remettre a` leurs sujets autochtones, les « Gens de la terre », du soin de propitier une terre nourricie`re sur laquelle la conque^te ne leur donnait aucun pouvoir. La philosophie de cette configuration politico-religieuse spe´cifiquement africaine pourrait se re´sumer ainsi : le pouvoir sur les hommes vient toujours d'ailleurs; et les hommes sont sans pouvoir sur la nature, ils peuvent seulement espe´rer se la rendre favorable par des rituels approprie´s. Ses travaux scientifiques ont largement de´borde´ le domaine africain et inspire´ toute une ge´ne´ration d'ethnologues, Michel Izard jouant aussi un ro^le important dans la communaute´ anthropologique, comme enseignant, administrateur et animateur.
Les chercheurs re´unis ici proposent plusieurs points de vue sur l'histoire politique de l'Afrique de l'Ouest, librement inspire´s de l'oeuvre de Michel Izard. Outre des contributions consacre´es aux Moose, plusieurs envisagent, dans une perspective comparative, d'autres socie´te´s africaines, ou prolongent, re´actualisent et discutent ses principales intuitions anthropologiques. L'ensemble se veut au bout du compte une re´flexion sur le me´tier d'ethnologue.