En septembre 1958, la constitution établissant la Ve République est votée à 80% lors d'un référendum populaire. Un véritable succès pour de Gaulle, son illustre instigateur. A cette occasion, la presse renoue avec l'image très ancienne de Marianne. Depuis 1792, date à laquelle l'allégorie au bonnet phrygien de couleur rouge a été choisie pour symboliser la Liberté et la République, la France s'identifie à cette figure féminine, devenue une véritable icône internationale. Une certaine France, d'ailleurs, puisque pendant longtemps les opposants au régime républicain la représentent en mégère édentée, vieille et alcoolique, égérie du désordre social. Pendant longtemps on se définira donc "pour" ou "contre" la République, "pour" ou "contre" Marianne. On l'aime ou on la hait ! Sous le crayon des caricaturistes les plus fameux depuis la Révolution française - Daumier, Gill, Forain, Grandjouan, Sennep et plus proches de nous Faizant, Plantu, Willem... - Marianne livre ici une partie des secrets de nos imaginaires collectifs. Cet ouvrage, illustré de plus de 350 caricatures, offre un panorama éblouissant de cette figure inséparable du destin de la France. Un livre qui parle indéniablement de nos espérances, comme de nos désillusions !
Du " Tigre " Clemenceau aux éléphants du Parti socialiste, des " corbeaux " catholiques à l'insulte de " chien " lancée à George W Bush lors d'un déplacement en Irak (décembre 2008), du coq français à l'ours russe...
La métaphore animalière ne manque pas d'atouts pour qualifier et disqualifier les " bêtes " politiques qui nous gouvernent, les élites sociales, religieuses et culturelles, ou même incarner les Etats et encore les partis. La caricature, imprégnée de culture populaire, religieuse puis savante, inflige à ses ennemis les pires régressions animales, puisant dans un vaste bestiaire des arguments souvent à charge.
Depuis la nuit des temps, la pensée humaine, métaphorique par excellence, interroge son rapport au règne animal pour mieux se définir. Dans cette quête ontologique, la bête permet souvent de dénigrer l'autre, l'adversaire, l'ennemi, de lui dénier toute humanité. Depuis Lucas Cranach jusqu'à André Gill, Sennep, Siné, Charb ou Plantu, une multitude de dessinateurs a trouvé dans la bestialisation caricaturale une rhétorique impertinente et parfois injurieuse pour mettre en scène, de manière fascinante et brillante, les tensions politiques et sociales.