Paru pour la première fois en introduction à Altneuland de Herzl (L'éclat, 2004), Retour à Altneuland revient sur les utopies qui sont au fondement de l'idée sioniste, tant sur le plan social et politique que culturel, et permet d'enrichir le sens d'une notion dont on ne perçoit souvent en Europe que la part qui a occulté cette dimension 'révolutionnaire'.
Denis Charbit s'efforce d'en rétablir les sources et la complexité et nous permet de mieux comprendre les enjeux et la 'nécessité' d'un pays sujet à tous les tremblements, entre religion et laïcité, voisinage et communauté, kibboutz et économie de marché, héritage européen et filiation orientale. Retour à Altneuland dérangera comme a dérangé en son temps Altneuland, mais contribuera, on l'espère, à dissiper quelques malentendus.
Israël, plus que tout autre pays, suscite les passions. Pro- et anti- attisent la polémique à coup d'idées reçues. À force de combattre les préjugés des uns et des autres, c'est débattre qui est devenu impossible.
C'est la grande ambition de ce livre que de favoriser le retour au débat : exigeant, argumenté, contradictoire, conjuguant les divergences, autorisant les convergences.
Quiconque tient que toute la vérité vient d'Israël et que la Palestine est mensonge ;
Quiconque pense que le Mal est israélien et que le Bien est palestinien, ne trouvera guère dans ce livre de quoi blinder ses convictions.
Ni État d'exception ni État exceptionnel, Israël est « un État comme les autres », avec ses paradoxes. Cela ne le dispense nullement de rendre compte de ce qu'il est et de rendre des comptes sur ce qu'il fait.
À la « question juive » du XIXe siècle est venue se substituer ou s'ajouter au XXe siècle, la «question d'Israël», suscitant dans les milieux politiques et intellectuels des clivages surprenants et des revirements quelquefois inattendus. La création d'Israël a ravivé une série de problématiques qui ont modelé la politique contemporaine: Etat/communauté, laïcité/religion, orient/occident, etc. Dès avant 1948, les intellectuels français ont largement discuté de ces questions, depuis les débats entre le franco-judaïsme et le sionisme jusqu'aux prises de position contrastées d'un Louis Massignon ou Maurice Blanchot, de Jean-Paul Sartre ou François Furet, d'Albert Cohen ou Chris Marker, d'Annie Kriegel ou Alain Badiou, dont les revues d'idées se firent l'écho. Entre les condamnations et les enthousiasmes, les incompréhensions et les fidélités, ce sont les « aventures » de ces prises de position et polémiques qui sont présentées dans cet ouvrage collectif, issu de deux colloques tenus à l'Université de Tel-Aviv en 2007 et 2008.
Israël, plus que tout autre pays, suscite les passions. Pro- et anti- s'affrontent à coup d'arguments qui se résume le plus souvent à des idées reçues :
- « Israël est la dernière puissance coloniale » - « Le lobby juif américain dicte la politique étrangère entre les Etats-Unis et Israël » - « Israël instrumentalise la Shoah ».
- « Israël est le pays du kibboutz ».
- « Les Arabes d'Israël sont des citoyens de seconde zone ».
- « La jeunesse israëlienne est pacifiste ».
- « Israël est le "tigre" du Moyen-Orient », etc.
Alors que les relations avec Israël se tendent à nouveau avec, au centre, la question irannienne, il est essentiel de mieux connaître ce pays, son histoire et les différentes composantes de sa société afin d'éviter tout amalgame ou raccourci dont l'histoire a montré les dangers.
Consacré à une idéologie qui suscite traditionnellement des réactions passionnées, qui vont de l'enthousiasme inconditionnel à l'anathème visant à la disqualifier comme un discours raciste, cet ouvrage voudrait contribuer à une réflexion plus sereine sur le sionisme.
Du fait des enjeux politiques liés au conflit israélo-arabe et qui demeurent encore d'actualité tant qu'un règlement honorable et juste entre les deux parties n'aura pas couronné les efforts entrepris depuis la convocation de la conférence de Madrid le 30 octobre 1991 et, en particulier, depuis la signature de la déclaration de principes d'Oslo, le 13 septembre 1993, la possibilité de mener en France avec le détachement nécessaire une étude scientifique et intellectuelle à ce sujet a été, jusqu'à ce jour, extrêmement limitée.
Les conditions étaient d'autant moins propices que, pour susciter et alimenter un tel débat, pour connaître, comprendre et juger le sens et les raisons de cette histoire, le public de langue française n'avait à sa disposition que quelques traductions d'écrits sionistes fondamentaux.
Mis à part Moses Hess, Theodor Herzl, Martin Buber et David Ben Gourion, et, pour la période récente, A.B. Yehoschua, Amos Oz et Yeshayahou Leibovitch, l'accès aux sources était barré. Cette anthologie vient réparer cette lacune en offrant au lecteur des textes reflétant les présupposés philosophiques, les théories, les questions de doctrine et de méthode, les finalités, les stratégies, les politiques élaborés et adoptés par le(s) sionisme(s) au cours du siècle écoulé. Ainsi, la liberté de jugement de chacun ne sera pas seulement respectée ; elle trouvera matière à s'exercer pleinement par la lecture de ces documents pour la plupart inédits.