Depuis la crise de 2008, la gouvernance des économies est en train de se transformer en profondeur. Les quatre piliers du néolibéralisme - libre-concurrence, stabilité monétaire, ordre social et libre-échange - se trouvent aujourd'hui très affaiblis et les stratégies politiques déployées deviennent inopérantes.
La difficile gestion de l'épidémie du Covid-19 et de ses conséquences n'a cependant pas montré de remise en cause de l'idéologie néolibérale. D'une part, ses modèles de management persistent dans les esprits; d'autre part, les systèmes économiques s'écartent de plus en plus de ce modèle. Cette contradiction doit nécessairement trouver une façon de se résoudre, soit par l'invention d'un néolibéralisme renouvelé, soit par une transformation radicale des modes de gouvernance.
Ce livre prolonge l'analyse commencée dans Populisme et néolibéralisme. Il s'intéresse plus spécifiquement au "néolibéralisme microéconomique", au fonctionnement de l'État et des organisations privées.
Il est urgent de concevoir un modèle démocratique véritablement émancipateur. C'est en repensant nos politiques en profondeur qu'on répondra au défi des populismes autoritaires. L'émergence de mouvements populistes pose un défi singulier aux démocraties libérales et leur nature échappe encore à la compréhension des experts. Conséquence de la fin des grandes idéologies ? Des réseaux sociaux ? D'un repli identitaire ? Refus des contraintes qu'imposent la mondialisation ou la lutte contre le réchauffement climatique ? Produit des inégalités ?
Bien souvent, l'explication du populisme se limite à une simple analyse politique. Pourtant, avant d'être un phénomène qui se traduit électoralement par des votes contestataires, il s'agit d'un fait global qui ne peut être isolé des dynamiques sociales et économiques.
Cet ouvrage montre que le populisme trouve sa source dans l'articulation complexe entre l'idéal démocratique, qui implique que les peuples décident, et une gouvernance néolibérale qui entend faire des marchés et de la concurrence les arbitres des principales évolutions sociales. Ce néolibéralisme n'est pas le produit d'une idéologie claire et conçue comme telle, mais d'un faisceau de doctrines fondées sur quelques grands principes adoptés sans recul par les décideurs en tous genres. En pratique, un certain art de gouverner s'est progressivement imposé en se présentant à tort comme héritier du libéralisme et en mettant à son service une pensée économique éprise de modèles indifférents à la complexité sociale.
Il est urgent de concevoir un modèle démocratique véritablement émancipateur. C'est en repensant nos politiques en profondeur qu'on répondra au défi des populismes autoritaires.
Cet ouvrage remet l'économie au coeur des sciences sociales et questionne certains « automatismes de pensée » que les économistes affectionnent. Les recommandations qu'ils en tirent ont tendance à justifier des politiques dont les effets sociaux ne sont pas neutres, privilégiant des intérêts minoritaires au lieu de construire une société économique où la richesse créée par la majorité profite au plus grand nombre.
L'économie ne parle plus du réel.
Malgré ses prétentions scientifiques, elle s'est perdue dans l'élaboration de modèles abstraits bien souvent incapables de présenter une vision adéquate du monde économique et de ses problèmes.
Est-on certain que les prix s'ajustent à l'offre et à la demande ? La concurrence se traduit-elle toujours par une efficacité accrue ? Les dysfonctionnements du marché du travail permettent-ils d'expliquer le chômage ?
Les réponses proposées par l'économie dominante se vérifient rarement dans les faits. Une vision économique étroite, centrée sur une représentation idéalisée des marchés, n'appréhende pas la complexité du monde telle qu'elle est vécue et induit des politiques aux résultats parfois désastreux. Il en va ainsi des politiques agricoles qui ont généré une catastrophe économique, sociale et environnementale, ou de la création du marché européen du carbone qui, malgré la complexité de sa mise en oeuvre, n'est pas parvenu à limiter les émissions de gaz à effet de serre des industriels.
Il est plus que temps de revoir en profondeur la manière dont se construit la pensée économique. Nous avons besoin d'une véritable science économique qui comprenne le réel, c'est-à-dire la société humaine dans toutes ses dimensions.
1/ Quels sont les enjeux des élections européennes ? Le Parlement européen a-t-il de vrais pouvoirs ?
2/ Qui, concrètement, décide de la politique européenne ?
3/ L'Union européenne est-elle dirigée par le couple franco-allemand ?
4/ Qu'est-ce qui ne va pas avec l'économie grecque ?
5/ L'exemple du Portugal ne démontre-t-il pas qu'il est possible de retrouver de la croissance économique tout en appartement à la zone euro ?
6/ L'harmonisation sociale et fiscale est-elle possible ?
7/ Pourquoi tant de pays européens sont-ils tentés par le populisme ?
8/ Peut-on sortir de l'euro ? Et si oui, à quoi cela servirait-il ?
9/ Pourrait-on démocratiser l'Union européenne en changeant les traités ?
10/ La France doit-elle faire comme le Royaume-Uni et quitter l'Union européenne ?
+ 11/ Macron peut-il sauver l'Europe ? Que se passera-t-il s'il échoue ?
L'Union européenne est morte, mais elle ne le sait pas encore !
Elle est morte du rejet de ses peuples qui manifestent en toute occasion, notamment lors de référendums, une répulsion sans réserve et une défiance sans retour. Certains ont même osé faire le grand saut et tenter la sortie, à l'instar des Britanniques au printemps 2016 !
Elle est morte de son inaptitude à régler ses problèmes internes autrement que par de brutaux outkases ou par des simulacres de négociations tenant lieu de sommets, où les pays les plus forts finissent par imposer leurs vues, et où l'unique option qui s'offre aux plus fragiles est celle d'une humiliante reddition, comme on l'a vu en Grèce à l'été 2015.
Elle est morte de l'échec spectaculaire de son modèle économique, échec conjoint du Marché unique et de l'euro. Chômage et précarité gangrènent les nations les plus faibles, pendant que la financiarisation de l'économie travaille à siphonner la richesse des pays demeurés prospères.
Elle est morte, enfin, de son illégitimité démocratique, de ses fondations juridiques baroques, de ses traités qui ont remplacé la souveraineté populaire par une technostructure sans vision.
Les élites du continent européen se sont perdues. Incapables de penser ni l'autrement ni l'après, elles sont aujourd'hui dans une impasse idéologique et politique dont il est temps de sortir. L'avènement de l'UE n'a pas amené la reposante « fin de l'Histoire » promise. Accepter de dresser enfin son acte de décès peut être l'occasion, en revanche, d'une heureuse renaissance des pays qui la composent.