En 2015, après soixante-dix ans d'un long oubli, Rien où poser sa tête de Françoise Frenkel est redécouvert en France. L'impressionnant parcours de cette femme nous parvient miraculeusement intact, sa librairie française à Berlin, sa fuite dans la France occupée, la déportation à laquelle elle réussit à échapper, son passage en Suisse. Le livre connaît un succès immédiat et est traduit dans plus de onze langues.Ressuscité, son nom fait surgir de nouveaux documents. Lettres, archives de police et d'État provenant de tous les pays qu'elle a traversés, carton d'inédits conservé pendant quarante ans dans sa famille suisse, publications datées d'avant et après la Seconde Guerre mondiale.Corine Defrance, historienne spécialisée dans l'histoire franco-allemande, a enquêté pendant cinq ans sur Françoise Frenkel en partant sur ses traces à travers l'Europe, de la Pologne au sud de la France. Elle a collecté et assemblé tous ces documents pour bâtir cette biographie qui nous permet, aujourd'hui, de déchiffrer en profondeur Rien où poser sa tête, et de reconstruire enfin un portrait précis de Françoise Frenkel.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, des millions d'étrangers se trouvent sur le sol allemand : anciens travailleurs forcés, rescapés des camps nazis ou déracinés aux profils multiples. La plupart d'entre eux sont rapatriés après la capitulation allemande, mais presque un million de personnes déplacées (Displaced Persons - DPs), effrayés par l'antisémitisme à l'Est de l'Europe, ou redoutant la montée des régimes communistes, refusent de rentrer dans leur patrie. C'est donc dans les trois zones occidentales de l'Allemagne occupée, exsangue et traversée par des flux incessants, que les DPs vivent pendant plusieurs mois ou années. Leur histoire est multiple et ils en sont à la fois les objets et les acteurs. Cet ouvrage, rassemblant des contributions en trois langues (français, anglais, allemand), croise les perspectives entre histoire politique et internationale, histoire des migrations, analyses culturelles et études des représentations. Il permet de saisir les interactions entre les décisions internationales, les impératifs des pays d'origine des DPs mais aussi ceux des pays d'immigration, les réalités de l'Allemagne occupée et les besoins et espérances des DPs eux-mêmes. Entre sortie du conflit mondial et début de guerre froide se nouent autour des DPs les grandes problématiques politiques et humaines qui forgent l'histoire des déplacements et du refuge. In the aftermath of the Second World War, millions of foreign civilians found themselves in the German territory. Among them, there were former forced laborers, survivors from the Nazi camps, many uprooted migrants who had all experienced the war in different ways. Most of them were repatriated after the German capitulation. However, almost one million of these «Displaced Persons» (DPs) refused to go back to their homeland. They were scarred by anti-Semitic violence, or by the rise of communist regimes in Eastern Europe. For a few months, even a few years, they remained mostly in the Western zones of occupied Germany, facing the harsh post-war conditions of defeated Germany. DPs became both targets and actors of global politics dealing with the refugee problem. This book puts together articles in three languages (French, English, and German). The contributions reveal the DPs' history from different points of view. They rely on the history of international relations at the end of the war and of the various states involved in the DP question, as well as on social and cultural studies. The diversity of methodological patterns allows for a broad comprehension of this singular story at different scales, from the international debates and tensions to the needs and the hopes of the DPs themselves, in the social and political context of post-war occupied Germany. As the end of the war led to the Cold War, the DP question raised most of the political and humanitarian issues that would continue to interfere with the management of population displacements and refugees until the present day. Am Ende des Zweiten Weltkrieges befanden sich einige Millionen Ausländer auf deutschem Boden: ehemalige Zwangsarbeiter, Uberlebende der NS-Lager und andere entwurzelte Personen. Die meisten von ihnen kehrten nach der deutschen Kapitulation in ihre Heimat zurück; zurück blieben hingegen fast eine Million Displaced Persons (DPs), die den Antisemitismus in Osteuropa oder den Aufstieg der kommunistischen Regime in diesen Ländern fürchteten, so dass sie sich weigerten, in ihre Ursprungsländer zurückzukehren. Sie fanden sich schließlich für mehrere Monate oder gar Jahre in den drei westdeutschen Besatzungszonen wieder, die von den Kriegsfolgen gezeichnet waren und mehrere Millionen von Flüchtlingen aufnehmen mussten. Ihre Geschichte ist vielfältig; bisweilen wird
Au lendemain de la défaite et de la capitulation sans condition, les artistes enseignants ont joué un rôle déterminant dans le renouveau de la vie culturelle en Allemagne après 1945. Expositions et émergence de nouveaux mouvements, comme les groupes SPUR et ZERO, en témoignent. Fondé sur un considérable travail en archive et la collecte de témoignages précieux, cet ouvrage analyse les institutions d'enseignement artistique des quatre zones d'occupation - devenues en 1949 la RFA et la RDA. L'enseignement artistique dans l'ensemble des territoires occupés n'avait jamais encore été considéré dans sa globalité. Or, il a fortement contribué à la rééducation voire à l'éducation à la démocratie de la jeune génération. Celle-ci a bénéficié de la transmission des savoirs par les aînés, hantés par l'expérience du national-socialisme. Cet aspect très particulier de l'évolution de l'Allemagne met en lumière les interactions entre les enjeux politiques, idéologiques, socio-économiques et intellectuels. Ainsi, l'interprétation de la notion de « démocratie » est différente selon les occupants, suscitant des débats idéologiques autour du formalisme notamment. En 1950 se produisit une nouvelle querelle des « Anciens » et des « Modernes » à Darmstadt, autour de l'historien de l'art Hans Sedlmayr d'une part et du peintre Willi Baumeister de l'autre. Des questions se posent : Que signifie la liberté artistique ? Quelle a été l'influence de ces controverses sur l'enseignement et sur l'art allemand d'après-guerre ?
Que savons-nous des relations culturelles franco-allemandes ? ARTE bien sûr, mais encore ? Ce dictionnaire informe sur les acteurs des relations culturelles bilatérales, les institutions, la nature des échanges, les circulations et les évolutions. Tout n'a pas commencé en 1963 avec le traité de l'Élysée et l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) grâce auquel plus de 9 millions de jeunes des deux pays ont appris à se connaître ces six dernières décennies. Les relations, en grande partie anéanties par la guerre, ont repris dès la seconde moitié des années 1940 grâce à l'engagement de médiateurs souvent méconnus. Qu'on pense aux premiers jumelages noués avec des villes de RFA et de RDA aussi ! Après une première partie synthétique présentant le cadre général des relations franco-allemandes, ce dictionnaire rassemble plus de 350 notices. Près de 200 spécialistes tirent le bilan des réalisations, mais aussi des problèmes qu'il reste à surmonter dans une Europe et un monde en pleine mutation.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le processus d'internationalisation de la science s'acce´le`re et le projet - de´ja` ancien d'établir « un espace europe´en de la recherche » se pre´cise. La science fait de´bat et de´signe de´sormais, dans une conception qui s'e´largit, un ensemble de syste`mes de savoirs, de pratiques et de dispositifs institutionnels. Le contexte de la guerre froide et les pratiques et e´changes scientifiques interagissent. La guerre froide entrai^ne des reconfigurations, entre les E´tats-Unis et l'Europe notamment, sans stopper les circulations entre les blocs rivaux. Trois questions principales traversent cet ouvrage qui s'inscrit dans le champ des « Cold War Studies » : quelle est la place du chercheur dans le re´seau des institutions scientifiques, des structures politiques et des flux financiers ? Comment les re´seaux scientifiques se mettent-ils en place a` l'intersection de la science et de la politique ? Quelles sont les modalite´s des circulations, transferts et e´changes entre les diffe´rentes cultures scientifiques ?
Signé en janvier 1963, le traité de l'Élysée s'insère dans un processus de rapprochement entamé bien en amont, mais marque cependant un moment symbolique majeur et entame l'ère de l'institutionnalisation des relations bilatérales. Il proposait un nouveau modèle d'entente et créait une dynamique sans précédent, faisant du « couple » franco-allemand le véritable moteur de la construction européenne.
Cinquante ans après, cet ouvrage étudie, sur la longue durée, tous les domaines de cette relation privilégiée. Comment le traité fut-il conçu et rédigé ? Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Et quel avenir pour le couple franco-allemand dans l'Europe des 27 ?
De 1945 à 1963, les relations franco-allemandes vivent une mutation fondamentale.
En 1945, l'Allemagne, vaincue, occupée, bientôt divisée, doit regagner la confiance internationale ; le 22 janvier 1963, de Gaulle et Adenauer signent le traité de l'Élysée. Ce traité d'amitié et de coopération rapproche deux pays voisins, longtemps désunis en raison des guerres et de la construction concomitante de l'autre comme "ennemi héréditaire". Comment le rapprochement et la "réconciliation" ont-ils été possibles en un laps de temps si bref ? Les auteurs analysent les interactions entre la guerre froide naissante, le processus de construction européenne et les relations bilatérales.
Dans l'optique d'une histoire franco-allemande intégrée, l'étude prend en compte les relations de la France avec la RFA et la RDA, bien que celles-ci aient alors été profondément asymétriques. Par-delà l'histoire "relationnelle", dans ses aspects diplomatiques et militaires, économiques et socioculturels, l'ouvrage propose une lecture comparée des évolutions des sociétés. Car le rapprochement des cultures politiques, des économies et des modes de vie de ces deux voisins dans l'Europe de l'après-guerre a été aussi un puissant facteur de "réconciliation" bilatérale et d'intégration européenne.
« Le plus bel enfant du traité de l'Élysée » dit-on parfois de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse. Fondé le 5 juillet 1963, l'Office s'adresse à la jeunesse au moment même où cette nouvelle génération - les enfants du baby boom - était particulièrement réceptive au rapprochement bilatéral : elle n'avait pas ou peu connu la guerre et faisait l'expérience de la prospérité. En la gagnant à la cause de la réconciliation, l'OFAJ pouvait agir profondément sur les mentalités.
Cette institution binationale, acteur fondamental des relations socioculturelles, présente une évolution fascinante. Tant en raison de son groupe cible, les jeunes, que de son double lien structurel aux autorités politiques et aux organisations de jeunesse, elle est soumise aux défis des transformations politiques et sociétales, auxquels elle doit trouver des réponses productives. Aussi l'histoire de l'OFAJ est-elle une suite dynamique de projets de renouvellement que les contributions d'auteurs français et allemands, jeunes et moins jeunes, ici rassemblées, se proposent d'évaluer.
De la fondation de l'Empire à nos jours, la société allemande a traversé des phases de « militarisation » et de « Zivilisierung », posant la question des relations et interactions entre pouvoirs civil et militaire. Comment peuvent-elles se dérégler en période de crise ou se restructurer en période de paix?Les différentes contributions considèrent les relations entre État, société et pouvoir militaire dans les perspectives indissociables de politique intérieure et extérieure. Elles mettent l'accent sur les facteurs idéologiques, sociaux et culturels ainsi que sur la représentation du fait militaire et les cultures mémorielles afférentes. Elles analysent les modalités selon lesquelles le pouvoir et le fait militaires ont pu s'immiscer dans la sphère politique et sociétale. Elles démontrent comment l'armée a pu devenir un facteur de changement de culture politique, tant en opposition qu'en soutien au pouvoir civil, s'ancrant ou non dans les mentalités et les représentations collectives. Ces articles traitent des reconfigurations des rapports entre pouvoirs civil et militaire pendant la période impériale, la République de Weimar et le « Troisième Reich », puis, pour l'après-guerre, des situations en RFA et en RDA du temps de la Guerre froide, et désormais dans l'Allemagne réunifiée.