" l'aliénation ou hétéronomie de la société est auto-aliénation; occultation de l'être de la société comme auto-institution à ses propres yeux, recouvrement de sa temporalité essentielle...
A ce point de vue, une part essentielle de la pensée héritée n'est que rationalisation de cette hétéronomie de la société et, comme telle, une de ses manifestations. ses réponses à la question du monde et de l'histoire se situent toujours sur un terrain d'où sont, par construction, exclus l'imaginaire radical comme social-historique et comme imagination radicale, l'indétermination, la création, la temporalité comme auto-altération essentielle.
" critique sans concession de la " pensée héritée " sur la politique, la société et l'histoire, et en particulier de sa version marxiste, ce livre inclassable s'est affirmé comme une des oeuvres majeures de la deuxième moitié du xxe siècle, au carrefour de la politique, de la philosophie, de la psychanalyse et de la réflexion sur la science.
" L'individu moderne vit dans une course éperdue pour oublier à la fois qu'il va mourir et que tout ce qu'il fait n'a strictement pas le moindre sens. " Les intellectuels ont tellement parlé depuis plus d'un siècle de la crise du sens qu'on a fini par ne plus y croire - par oublier que cela pourrait concerner un jour la société tout entière. La montée de l'insignifiance, c'est l'entrée dans une société qui n'a plus d'image d'elle-même, à laquelle les individus ne peuvent plus s'identifier, où les mécanismes de direction se décomposent. Mais une société qui refuse l'autolimitation et l'acceptation de la mortalité est vouée à l'échec. Des deux grandes significations constitutives du monde moderne, celle qui avait fini par s'imposer sans partage - l'expansion illimitée - est aujourd'hui en crise. L'éclipse de l'autre - l'autonomie individuelle et collective - sera-t-elle durableoe Saurons-nous créer de nouvelles façons d'être ensembleoe Les questions soulevées dans ces textes de 1982-1995 se posent à nous de façon toujours plus pressante.
Notre époque vivrait-elle un effondrement de l'imagination politique, un laisser-aller intellectuel généralisé ? on dirait parfois que se sont dilués tous les critères, évaporés les repères les plus élémentaires.
Ce vide étrange rend d'autant plus impérieuse l'exigence de penser lucidement et rigoureusement notre monde. avec ce second volet des carrefours du labyrinthe, cornelius castoriadis poursuit et approfondit son travail, en témoignant de ce qu'il nomme ses " idées mères ". il nous rappelle que nous sommes responsables de notre destin et qu'il faut s'atteler au double mouvement de critique sans indulgence de l'" ordre des choses " et de retour aux sources de notre tradition gréco-occidentale pour y revivifier ce qui prépare son dépassement.
Dans sa stérilité, l'époque s'empresse de proclamer la fin de la philosophie, la clôture de la métaphysique ou la nécessité de nous soumettre derechef à la loi révélée par un autre inaccessible.
La fin de la philosophie signifierait la fin du projet d'autonomie. et ce projet, partiellement incarné dans l'histoire gréco-occidentale, se trouve menacé. expansion autonomisée et létale de la techno-science ; évanescence du conflit politique et social ; démission des intellectuels empressés autour des pouvoirs, tout conspire à créer un type d'être humain absorbé par la consommation et le plaisir du moment, tout à la fois cynique et conformiste.
Comment, avec de tels citoyens, la fameuse démocratie pourrait-elle fonctionner ou même à la longue survivre ?.
Ce volume, où sont repris douze séminaires donnés en 1983-1984 par Cornelius Castoriadis à l'École des hautes études en sciences sociales, est pour l'essentiel consacré à la naissance, à la nature et au fonctionnement de la démocratie athénienne, et plus particulièrement à ce phénomène singulier que fut la démocratie directe telle que la pratiquèrent les Athéniens. Il montre comment ils surent mettre en question l'idée qu'il puisse y avoir une expertise particulière quant aux affaires de la cité; quelles furent les institutions qu'ils créèrent, et surtout la tragédie, pour imposer des limites à la démocratie; et les fins de cette société, telles qu'elles apparaissent dans l'" Oraison funèbre " prononcée par Périclès chez Thucydide. Avec, en filigrane, une discussion d'auteurs anciens (Sophocle, Hérodote, Platon, Aristote) ou modernes (Rousseau, Arendt). On y verra à quel point reste actuelle la question de la participation de tous aux affaires communes: celle de la démocratie.
" ce qui fait la grèce, ce n'est pas la mesure et l'harmonie, ni une évidence de vérité comme " dévoilement ".
Ce qui fait la grèce, c'est la question du non-sens ou du non-être. " le présent volume, qui reprend les cinq premiers mois d'enseignement de cornelius castoriadis à l'ecole des hautes études en sciences sociales en 1982-1983, est consacré en partie à l'explicitation de ces formules, au premier abord déconcertantes, tirées d'un texte inédit de 1979 également reproduit ici. sont aussi abordés dans ce volume des thèmes comme le caractère original de la double création grecque de la démocratie et de la philosophie, la place de l'individu et l'expérience de la mort dans le monde homérique, la nature de la religion et de la mythologie grecques, ou la naissance de l'interrogation philosophique chez certains présocratiques comme anaximandre ou héraclite.
Ces thèmes sont mis en rapport avec ce qui fut l'un des principaux objets de la réflexion de castoriadis : l'apparition de sociétés capables de mettre en question leurs propres fondements. ce qui fait la grèce, 1 est le deuxième volume de la création humaine, publication intégrale des séminaires de castoriadis à l'ehess de 1980 à 1995.
" On connaissant en la personne de Cornelius Castoriadis (1922-1997) le cofondateur de Socialisme ou Barbarie, la revue qui, contre tous les stalinismes, a maintenu l'idée d'autogestion ouvrière et la critique de la société bureaucratique.
On connaissait le philosophe de L'Institution imaginaire de la société, le théoricien de la psyché, l'auteur de la série des Carrefours du labyrinthe. On savait que, grec de naissance, il était familier des grands textes de la Grèce ancienne, d'Homère à Aristote. On ne l'avait jamais vu affronter le plus grand des penseurs grecs, avec le plus lucide des ennemis de la démocratie : Platon. Cornelius Castoriadis a consacré l'essentiel de son séminaire en 1985-1986 à un texte moins connu que La République ou Les Lois : Le Politique, dialogue où Platon fait la théorie du terrorisme idéologique et confronte à l'idéal du philosophe-roi les différents régimes existants.
En Cornelius Castoriadis, Platon a trouvé un adversaire à sa hauteur. " Pierre Vidal-Naquet.
Cet ouvrage inaugure un ensemble qui, sous le titre La Création humaine, regroupera les séminaires de Castoriadis à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, dont le décryptage est en cours. Le présent volume a été vu par l'auteur peu avant sa disparition.
Pour la première fois sont portés à la connaissance du public ces textes qu'on peut qualifier de fondateurs. Ce volume propose des textes philosophiques inédits rédigés par Castoriadis entre 1945 et 1967. On y découvre que le travail critique et militant mené à la revue Socialisme ou Barbarie est allé de pair avec un effort pour dépasser les antinomies de la pensée spéculative traditionnelle. Dès cette époque Castoriadis réfléchit aux conditions d'une praxis autonome qui ne soit pas subordonnée à une théorie souveraine prétendant détenir la vérité de l'histoire humaine et assigner à celle-ci des fins prédéterminées. Cet ouvrage permet d'éclairer sous un jour nouveau une oeuvre qu'on a trop longtemps divisée en deux moments distincts : la période politique de Socialisme ou Barbarie (1949-1967) et la période de L'Institution imaginaire de la société et des Carrefours du labyrinthe (1968-1997).
Qu'est-ce que l'imaginaire ? pourquoi faut-il nécessairement le supposer pour rendre raison de l'histoire, de la société et de ses institutions ? autant de questions auxquelles répond cornelius castoriadis (1922-1997) dans ce texte, qui n'avait encore jamais été publié, et qui constitue une bonne manière de découvrir (ou de redécouvrir) une pensée aussi riche que méconnue.
La publication de ce texte est aussi l'occasion de rendre justice à ce penseur, qui a su donner une densité philosophique inégalée au concept d'imaginaire et promouvoir une nouvelle ontologie de la création. la présente édition propose une introduction par arnaud tomès à la pensée de castoriadis puis une lecture de " l'imaginaire comme tel ".
Les séminaires de Cornelius Castoriadis à l'EHESS (19801995), dont le contenu a nourri quelques-uns des textes les plus importants de la série des Carrefours du labyrinthe, devaient servir de matériau à son dernier grand ouvrage, La Création humaine, qu'il n'a malheureusement pu mener à son terme.
Sur Le Politique de Platon (1999) reprenait une partie de l'enseignement de l'année 1986.
On trouvera dans le présent volume, qui inaugure la publication intégrale de ses séminaires, la transcription - effectuée par Castoriadis lui-même - de ceux de l'année 1986-1987. Il y aborde deux questions pour lui indissociables : qu'en est-il du sujet aujourd'hui ? Et : dans quelle mesure y a-t-il création social-historique de la vérité ?
Sujet et vérité dans le monde social-historique est un nouveau témoignage d'une pensée puissamment originale, pour laquelle la société, l'histoire et la psyché humaine sont les objets privilégiés de la réflexion philosophique.
Le dernier volume des Carrefours du labyrinthe. Le dernier volume (posthume) de la série des six Carrefours du labyrinthe, devenue une référence dans le domaine des idées, non seulement en France mais à l'étranger. Sur les limites de la " rationalité " du capitalisme, la démocratie comme auto-institution explicite de la société, l'interrogation philosophique sur la science et la psyché, Cornelius Castoriadis approfondit dans les textes regroupés ici quelques-uns des thèmes déjà travaillés auparavant. Sous la rubrique " Poièsis ", il aborde plus franchement des aspects de la création humaine - les moyens d'expression de la poésie, l'anthropogenèse chez les tragiques grecs du Ve siècle - qui, pour ne pas être entièrement nouveau chez Castoriadis, avaient rarement été affrontés par lui sous e jour.
" L'individu moderne vit dans une course éperdue pour oublier à la fois qu'il va mourir et que tout ce qu'il fait n'a strictement pas le moindre sens. " Les intellectuels ont tellement parlé depuis plus d'un siècle de la crise du sens qu'on a fini par ne plus y croire - par oublier que cela pourrait concerner un jour la société tout entière. La montée de l'insignifiance, c'est l'entrée dans une société qui n'a plus d'image d'elle-même, à laquelle les individus ne peuvent plus s'identifier, où les mécanismes de direction se décomposent. Mais une société qui refuse l'autolimitation et l'acceptation de la mortalité est vouée à l'échec. Des deux grandes significations constitutives du monde moderne, celle qui avait fini par s'imposer sans partage - l'expansion illimitée - est aujourd'hui en crise. L'éclipse de l'autre - l'autonomie individuelle et collective - sera-t-elle durableoe Saurons-nous créer de nouvelles façons d'être ensembleoe Les questions soulevées dans ces textes de 1982-1995 se posent à nous de façon toujours plus pressante.
Dans sa stérilité, l'époque s'empresse de proclamer la fin de la philosophie, la clôture de la métaphysique ou la nécessité de nous soumettre derechef à la loi révélée par un autre inaccessible.
La fin de la philosophie signifierait la fin du projet d'autonomie. et ce projet, partiellement incarné dans l'histoire gréco-occidentale, se trouve menacé. expansion autonomisée et létale de la techno-science ; évanescence du conflit politique et social ; démission des intellectuels empressés autour des pouvoirs, tout conspire à créer un type d'être humain absorbé par la consommation et le plaisir du moment, tout à la fois cynique et conformiste.
Comment, avec de tels citoyens, la fameuse démocratie pourrait-elle fonctionner ou même à la longue survivre ?.
Fait et à faire. Les carrefours du labyrinthe 5. "Ni fait ni à faire", disaient autrefois les dames bourgeoises du travail de leurs bonnes quand elles en étaient mécontentes. Fait et à faire pourrait être le sous-titre de tout travail philosophique digne de ce nom. Nous ne philosophons pas pour sauver la révolution, mais notre pensée et notre cohérence. La philosophie est la prise en charge de la totalité du pensable - et il nous faut penser ce que nous faisons. La voie de la philosophie s'ouvre nécessairement lorsqu'on réfléchit aux sciences et à leur histoire. Mais, plus encore, la réflexion du social-historique et du psychique est philosophiquement privilégiée. Société, histoire, psyché ne sont pas des conditions extérieures et triviales de la philosophie. Elles lui fournissent l'élément de son existence et, surtout, elles s'expriment dans la philosophie. Car la philosophie, création de significations, est oeuvre de l'imaginaire des sociétés et de l'imagination des êtres humains singuliers.
L'oeuvre de Castoriadis, dont l'influence ne cesse de croître sur le terrain de la réflexion contemporaine, est à la fois abondante, hétérogène et d'un abord relativement difficile. Ce livre, qui rassemble les contributions et interviewes de l'auteur, constitue la meilleure initiation à sa pensée qu'on puisse imaginer. Non seulement ces divers textes sont d'un accès facile mais ils sont
« transversaux » et synthétiques.