« Ce «magnifique pays d'assistés», c'est ainsi que nous voit The Guardian de Londres. Pays de fonctionnaires, de retraités, de profiteurs de l'État-providence. Certes, The Guardian reconnaît que grâce au système de Sécurité sociale il y a moins d'écart entre les riches et les pauvres en France qu'au Royaume-Uni ; mais ce système de providence étatique diminue notre esprit de conquête. Refus du risque égale rente, égale peur ? Bureaucratie égal inefficacité ? Vraies ou fausses questions ? Elles sont au coeur des reproches des patrons, qui ne cessent de râler contre les formulaires qu'on leur demande sans cesse de remplir et contre cette bureaucratie... qui ne se laisse pas faire. » Ce mélange unique d'histoire économique, de liberté pamphlétaire, de traditions bousculées, de foucades, de bagarres utiles ou de mécontentements joyeux : c'est la parole de Bernard Maris, et son regard incomparable. Mais oui, souriez, vous êtes français ! Traversez notre beau et bizarre pays, comprenez-le, aimez-le, changez-le !
« Ainsi vous écrivez un livre sur la France ? - Oui. Ah. et sous quel angle ? Le déclin ? L'avenir ? L'universalité ? Le messianisme ? La cuisine ? Les filles ? » C'est vrai, il faut un angle. Alors, disons que je me pose moi aussi des questions de dettes et de créances. Une manière de dresser un bilan, actif passif, mais surtout de redonner au mot dette tout son sens, celui de faute, de culpabilité. Un livre pour dire : non, Français, vous n'êtes pas coupables, vous ne devez rien ; le chômage, la catastrophe urbaine, le déclin de la langue, ce n'est pas vous ; le racisme, ce n'est pas vous, contrairement à ce qu'on veut vous faire croire. Vous n'êtes pas coupables. Retrouvez ce sourire qui fit l'envie des voyageurs pendant des siècles, au « pays où Dieu est heureux ». B.M.
La crise contemporaine, remettant en cause le dogme des marchés infaillibles, suscite un regain d'intérêt pour les auteurs qui insèrent l'économie dans une réflexion anthropologique plus ample et jugent réductrices les anticipations qui misent sur un individu calculateur et rationnel.
Tel fut le cas de Keynes, mais aussi de Freud, dont les intuitions se croisent, comme le montre cet ouvrage. L'énergie motrice du capitalisme est celle de la pulsion de mort, au sens freudien, heureusement mise au service de la croissance. Mais celle-ci n'est-elle pas en train de rencontrer une inflexion majeure ? La course sans fin à une production qui n'est plus régulée par la satisfaction des besoins, mais mue par la seule espérance de gains futurs, ne dessine-t-elle pas un avenir de destruction plutôt que d'abondance ?