Impossible, en évoquant la Russie, d'échapper à la tourmente du « pour » ou « contre » Poutine. Je le dis franchement : loin de moi ici l'idée de répondre définitivement à la question « Qu'y a-t-il dans la tête de Poutine ? », ni d'affirmer que Poutine représente un « bien » ou un « mal » pour son pays - en aucun cas je ne me pose en juge -, mais j'ai plutôt le désir d'écouter l'essentiel, c'est-à-dire ce que les Russes ont à en dire, et de montrer comment, bon an mal an, cet homme a accompagné leur vie ces dix-sept dernières années.
En partant de l'extrême-est pour remonter jusqu'à la partie européenne de la Russie - ce qu'avait choisi de faire, au moment de son retour, Alexandre Soljenitsyne, lauréat du Nobel de littérature -, nous allons montrer quels sont les ressorts, les sentiments qui influencent le choix du peuple ; pourquoi voter Poutine n'est pas forcément, dans la tête des Russes, choisir un « dictateur ». Saisir la « petite réalité » dans la « grande » et interroger la société sur son quotidien, ses espoirs, ses angoisses, sa place dans le concert des nations. Sans parti pris ni vision stéréotypée, faire oeuvre de curiosité attentive et bienveillante en exposant le bouillonnement d'une société complexe et si attachante.
A. N.
Depuis 2017, la France a continué de changer, elle a vu apparaître les Gilets jaunes. Dans ce nouvel opus, Anne Nivat poursuit le reportage entamée Dans quelle France on vit. Elle s'est immergée dans huit lieux où des Français très divers lui racontent comment ils vivent,comment ils voient la France et pourquoi, au moment où se profile l'élection présidentielle, beaucoup d'entre eux n'iront pas voter. Chaque lieu choisi correspond à un sujet précis, Givors et la mobilité, Alès et le trafic de drogue, Denain et la souffrance économique, la vallée du Diois et sa capacité d'accueil en question, Fégréac en Loire-Atlantique et ses agriculteurs, Saint-Maixent l'Ecole dont la tranquillité est sollicitée, Andernos-les-Bains et ses "vieux", pauvres ou riches, enfin, Châlons-en-Champagne et l'abstention des jeunes..
Depuis son livre-enquête Dans quelle France on vit, Anne Nivat a continué de parcourir la France, rencontrer et écouter des centaines de personnes issues de générations, de parcours et de milieux différents. Des gens simples et remarquables.
A Denain, Givors, Alès, dans la vallée du Diois, à Saint-Maixent-l'Ecole, Fégréac, Andernos-les-Bains ou Châlons-en-Champagne, elle a observé La France de face. Ni de haut, ni d'en bas.
Elle a vécu des scènes intimes, surprenantes, drôles, inquiétantes, obtenu des témoignages inattendus, émouvants, parfois dérangeants. Tous illustrent l'état de notre pays traversé par la défiance et les colères, mais aussi parcouru d'élans d'humanité.
Au gré des pages se dessine une France à mille lieues de celle que nous croyons connaître, où les préoccupations quotidiennes des Français sont très éloignées des sujets de la vie politique nationale.
Dans ce « road-movie » palpitant et empathique, Anne Nivat nous invite à plonger en nous-mêmes, sans hystérie, préjugé ou concession. Elle rappelle à quel point la démocratie se mérite. L'observer, y compris quand elle semble dysfonctionner, c'est aussi la choyer.
La France. La connaît-t-on ? Comment la raconter ?
Anne Nivat, reporter de guerre, familière des lointains conflits en terres irakienne, afghane ou tchétchène, porte pour la première fois son regard sur l'Hexagone.
Pour cette immersion dans six villes de France, à l'heure où les journalistes sont parfois taxés d'arrogance, la reporter de terrain se place à hauteur de ces femmes et de ces hommes côtoyés durant des semaines, chez qui elle a vécu.
À Évreux, Laon, Laval, Montluçon, Lons-le-Saunier, Ajaccio, tous lui ont confié leurs préoccupations, leurs projets, lui ont donné à voir leur vie. Qui sont ces Français « oubliés » que l'on accuse parfois de « mal voter » et qu'on ne va jamais rencontrer ? Ils ont évoqué ensemble le sentiment de déclassement et celui d'insécurité, le poids du chômage, le malaise des jeunes, le questionnement sur l'identité. Reconversions réussies, humour et espoir jalonnent aussi cette enquête.
À mille lieues des discours stéréotypés charriés par la campagne électorale de cette année 2017, ce récit, dénué de préjugés, sonne « vrai » parce qu'il a été recueilli sans hâte et sans tabou, avec honnêteté, respect et minutie.
Anne Nivat est reporter de guerre indépendante. Habituée à des terrains dangereux où la vie ne tient qu'à un fil, cette longue proximité avec la guerre lui a donné paradoxalement envie d'écrire sur son propre pays, la France.
Elle est l'auteur d'une dizaine de livres, dont Chienne de guerre, prix Albert-Londres 2000, tous publiés aux éditions Fayard.
« Ce livre est le récit de mes différents séjours dans la Tchétchénie en guerre, entre septembre 1999 et mi-février 2000. La guerre telle que je l'ai vue : il s'agit là d'un pur témoignage.
J'ai agi en tant que journaliste free-lance, correspondante de deux quotidiens français, Libération et Ouest-France. Dès le début du conflit, j'avais fait la demande d'une accréditation ad hoc du côté russe ; ne l'ayant pas obtenue, j'ai décidé de regarder la guerre du côté tchétchène.
Cet affrontement qui ne cesse de saigner et d'épuiser les camps en présence n'est malheureusement pas terminé et peut-être ne finira jamais. Aussi faut-il continuer de se rendre sur place pour dire ce qu'il en est.
À moi qui n'avais fréquenté la guerre que dans les livres d'histoire, elle a appris son poids de cruauté, de désespoir et de mort. Au lecteur, j'espère que ces pages auront mieux fait percevoir l'enchaînement tragique des événements, mieux fait comprendre aussi ce peuple, ces hommes et femmes tchétchènes avec qui j'ai partagé l'impartageable. » A.N.
Dans l´URSS du lendemain de la Révolution, Staline prend la décision (rendue officielle en 1934) de créer une entité régionale pour les juifs : ce sera le Birobidjan, à la frontière chinoise. Il est difficile aujourd´hui de se représenter les espoirs soulevés par cette promesse d´un "Yiddishland" pour les populations juives libérées des contraintes de la Russie tsariste et d´un passé de confinement et de pogroms.Propagande ou pas, des dizaines de milliers d´individus sont du voyage, arrivant principalement d´Ukraine, mais aussi d´Argentine, d´Allemagne et d´Amérique. La révolution bolchevique pensait-elle avoir trouvé au Birobidjan la solution de son " problème juif " difficilement compatible avec la conception léniniste des nationalités? Toujours est il que ce territoire autonome juif où le yiddish a été choisi comme langue nationale (avec le russe), existe toujours au fin fond de l´Extrême-Orient russe ! A priori, c´est une province de la Russie profonde comme une autre, mais, à y regarder de plus près, la tonalité juive est très présente, dont les autorités locales usent et abusent pour obtenir subventions et privilèges. Si, depuis que les portes de l´ex-Union soviétique se sont ouvertes, les juifs du Birobidjan ont - presque tous - émigré en Israel, ils sont davantage revenus de la Terre promise plutôt que le contraire. Pour tenter de mesurer le succès du projet Birobidjan et ce qu´il en reste, Anne Nivat a longuement enquêté sur place, mais aussi en Israël, où elle s´est introduite chez des Birobidjanais, et dans la ville chinoise de Harbin, vers laquelle les autochtones se sont toujours davantage tournés plutôt que vers Moscou.
L'Occident tremble. Qui se cache derrière ces voiles et ces barbes ? Qui sont ces musulmans du Pakistan, d'Afghanistan et d'Irak ? Savent-ils vraiment comment nous vivons ? Comment nous voient-ils ? Que connaissent-ils de nous hormis nos armes, nos télés, nos moeurs ? Anne Nivat est partie, seule, dialoguer avec les mollahs des medressahs du Pakistan, accompagner les talibans d'Afghanistan, rencontrer les moudjahidines irakiens. Tous, combattants de l'islam et « adversaires » de l'Occident. En route, loin des grands hôtels d'Islamabad, de Kaboul ou de Bagdad, loin des zones protégées par les armées occupantes, elle a pris le temps de s'arrêter dans des familles, écartant le rideau du quartier des femmes, inaccessible et secret.
Ce livre nous alerte sur l'Occident qui attire, mais effraie. L'incompréhension s'est déjà installée et le fossé se creuse : là-bas, comme chez nous, on vit de stéréotypes, de fausses idées. On subit les images, les discours, la propagande. Si personne n'y prend garde, le « choc des civilisations » finira par prendre le dessus.
« En tant quoeenvoyée spéciale en Tchétchénie, je suis fière, mais également profondément triste doeavoir pu apporter mon témoignage sur ce sombre conflit.
En 1999, c?était mon devoir de journaliste ; aujourdoehui, cela reste mon devoir tout court. Coeest pourquoi joeai décidé de publier ces nouvelles pages sur cette guerre qui se perpétue dans loeindifférence quasi générale et dont on pourra bientôt dire quoeelle noeaura pas eu lieu. »
Gaz, pétrole, islam. Les « grands » de ce monde ont trouvé un nouveau terrain d'affrontement : les cinq États indépendants que sont le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan d'Asie centrale. Déjà, la Chine envoie ses commerçants, l'Iran et la Turquie se cherchent des alliés, la Russie ne veut pas lâcher ses anciennes républiques, les États-Unis installent leurs bases militaires, et Al-Qaïda observe cette pépinière pour groupes extrémistes et terroristes.
Toujours seule, voyageant en taxis collectifs, habillée comme une femme locale, tel un caméléon, Anne Nivat nous transporte dans la vallée de la Ferghana, un territoire grand comme l'Europe, sur l'ancienne route de la soie, par-delà les hauts cols du Pamir. Au coeur de l'Asie centrale, nous croisons avec elle des « gens de plaines » et des « gens de montagne », commerçants, artistes ou paysans. Mais aussi des « gens d'islam ». Certains, pour la première fois, sont sortis de la clandestinité de leur parti politique interdit pour dialoguer avec une journaliste occidentale. Si, là-bas aussi, le fondamentalisme fait peur, survivre au quotidien reste la préoccupation de tous.
Véritable curiosité architecturale,la maison haute, un des sept gratte-ciel de moscou, est une ville dans la ville.
Edifiée en 1952 par des détenus du goulag, elle est l'un des emblèmes de l'« épopée » stalinienne.
Pour approcher au mieux la russie d'aujourd'hui, anne nivat s'est intéressée aux habitants de ce gratte-ciel. qui sont-ils ? comment ont-ils passé les cinq dernières décennies ? comment acceptent-ils la transition vers la démocratie ?
A travers une suite de portraits de ses occupants - des acteurs, écrivains, poètes et compositeurs célèbres, ainsi que des « nouveaux russes » -, l'auteur déroule un tableau vivant, foisonnant, composite, parfois touchant, toujours nuancé, de la société russe contemporaine.
Interrogée sur le plateau d´une émission populaire québécoise sur ses reportages hors normes dans des guerres (Tchétchénie, Irak, Afghanistan), où il ne fait pas bon être journaliste, et encore moins une journaliste femme, Anne Nivat, prix Albert-Londres, séduit si bien son auditoire qu´elle est invitée par un officier supérieur canadien à venir parler à ses hommes sur le point de partir pour une dernière mission. Non seulement elle accepte, mais elle obtient du major Pruneau et de ses supérieurs d´accompagner son détachement de 300 hommes sur le théâtre d´opération, la zone de Kandahar, ex-capitale mythique des Talibans. Une fois sur place, Anne Nivat, troquant le gilet pare-balles contre le tchadri bleu en nylon qui la soustrait aux regards sans l´empêcher d´observer, multiplie les allers-retours entre les différents acteurs de cette guerre sans fin dans laquelle des Occidentaux ont pris le relais des Soviétiques : troupes de l´Alliance occidentale, armée locale formée par ceux-ci, administration corrompue du président Hamid Karzaï se gavant des surplus de l´économie de guerre, sympathisants talibans, ex-Talibans, ex-moudjahidines, ONG plus ou moins désintéressées, candidats à l´exil, etc... La présence supposée de Ben Laden en territoire afghan ayant servi de prétexte à l´engagement occidental, que va-t-il en être de celui-ci après l´exécution du chef d´Al Qaida dans un bunker cossu au Pakistan ? C´est une des réponses que rapporte Anne Nivat, encore sur le terrain en mai 2011, dans ce grand document d´une journaliste d´exception.
« Lendemains de guerre n'est pas une nouvelle analyse géopolitique de la situation «post-onze septembre» en Afghanistan et en Irak. Ce n'est pas non plus un pamphlet anti-américain. Ce livre est un long «grand reportage» dans le style qui n'a cessé d'être le mien depuis que je me suis intéressée au journalisme. J'ai interrogé des centaines de gens qui vivent sur place, aiment leur terre, tâchent de continuer à y vivre malgré le chaos régnant depuis les interventions militaires. J'ai vécu parmi eux, me suis habillée comme eux, ai partagé leur logis et leurs repas.
J'ai avant tout voulu donner la parole à celles et à ceux qui ne l'ont jamais. »
A. Nivat
Anne Nivat aborde dans Lendemains de guerre la réalité de deux pays qui font la une de l'actualité depuis de longs mois, mais pour nous en donner une tout autre vision. Elle nous fait entendre des voix de femmes et d'hommes qui, en lui ouvrant leur maison, ont pu lui livrer ouvertement leur propre analyse de la situation. Elle nous révèle ainsi toute la densité humaine de ce conflit.
Nina, reporter, s'est immergée dans les sales guerres d'Irak et de Tchétchénie.
Falloujah, Irak, mars 2004 : soldats américains et milices d'Al-Qaïda s'affrontent sauvagement. Piégée dans une tempête de sable, la jeune journaliste ôte sa tenue occidentale et revêt l'abaya, longue tunique noire traditionnelle. Quasi invisibilisée, Nina se sent ainsi protégée et prête à tout pour observer la bataille.
Grozny, capitale de la Tchétchénie, fin 1999 : grâce au jeune Mahmoud, Nina s'est coulée dans la sordide réalité de la guerre.
Nice, France, 2014 : Abdel, habitant des quartiers nord, revient sur son désir passé d'aller faire le djihad.
Naissance d'idée, osmose entre Reporters Sans Frontières et Soleil. Anne Nivat - célèbre grand reporter - et Daphné Collignon - auteur de bande dessinée - se rencontrent pour la première fois fin 2006. Une rencontre qui donnera lieu à une association, mais surtout à une incroyable aventure humaine forte et exaltante. Pourtant... Associer un grand reporter à un auteur de bande dessinée peut ressembler à une gageure. L'un toujours en action sur le terrain... L'autre assis tranquillement à sa table à dessin. L'art du journalisme est tissé de faits et de réalités constamment renouve lées ; la bande dessinée semble régner sur la fiction et le divertissement, l'imaginaire et la poésie...
Daphné n'a pas souhaité tisser un portrait d'Anne telle une super héroïne travestie par la télévision et le cinéma. Elle s'est attachée à montrer une femme, vraie, vivante, de chair, de sang, d'émotions, de larmes. Passionnée, paradoxale. Superficielle et profonde dans le même claquement de talons. Quelqu'un qui pense aux gens, ceux qui vivent là-bas et non pas ceux sur le champ de bataille, ceux qui attendent, rient, souffrent, meurent.
Drôle et tragique. Désinvolte et torturée. L'anti-héros.
Pas de grand reporter, pas d'auteur de bande dessinée.
Juste une femme... vue par une autre femme.