Bien des ouvrages ont traité des moyens de " sauver notre protection sociale ", ou au contraire d'en finir avec un modèle social archaïque... Ce livre rompt avec cette alternative simpliste entre la préservation de l'existant et la sécurité sociale minimale.
Il s'agit moins de sauver la " sécu " que de comprendre de quoi celle-ci nous sauve ! Par ces effets sur la santé, le travail, l'économie et la formation de nos jeunes, elle constitue un investissement très rentable pour notre avenir collectif. Il est donc essentiel de ne pas dégoûter les jeunes générations d'adhérer encore à la logique de solidarité collective qui assure pour tous un meilleur avenir. Or, à force de ne se préoccuper que de " sauver notre protection sociale ", on a négligé ce défaut majeur de notre système social : l'inégalité flagrante qui s'est creusée entre les générations, au détriment des jeunes. Les retraités bénéficient de dépenses sociales croissantes tandis que les jeunes sont désormais les oubliés de la protection sociale.
L'État-providence doit se muer en État social investisseur qui mobilise des moyens financiers pour investir dans la santé et la qualité du travail. Les moyens financiers pour engager cette refondation existent déjà, mais leur mobilisation suppose de rééquilibrer notre système en faveur des jeunes générations qui doivent soutenir cet investissement collectif.
Depuis vingt ans, l'insolente prospérité de l'économie américaine et la contre-performance européenne et française nourrissent le discours à la mode des " déclinologues " : à défaut d'imiter enfin le libéralisme et la flexibilité de l'Amérique, nous resterions durablement à la traîne. Il faudrait nous en remettre à la " main invisible " du marché, et
amputer la main maladroite et sclérosante de
l'État. Or, ce diagnostic est un contresens total.
L'auteur nous guide ici au coeur des politiques
économiques américaines, et l'on découvre que la flexibilité ou le recul des régulations publiques ne sont pour rien dans une performance qui résulte, bien au contraire, d'une intervention massive de l'État qui soutient la croissance, promeut la recherche et l'investissement dans les nouvelles technologies et assure ainsi le plein emploi. On est à mille lieues de l'État minimal et du laisser-faire chers aux libéraux : toutes les interventions publiques interdites ou étroitement limitées dans l'Union européenne sont utilisées à volonté par les administrations américaines. Avec une documentation imparable et dans un style limpide, l'auteur démontre que le déclin relatif de notre économie provient ainsi de l'abandon du " vieux " modèle keynésien européen que les Américains, eux, ont su préserver ! Mieux, il montre comment certains pays de l'Europe du Nord ont pu obtenir des performances comparables à celles des États-Unis, mais sans développer les folles inégalités qui caractérisent ces derniers. Notre " modèle social " de l'État-providence n'est donc pas en crise, c'est son abandon qui nous mène à la crise.
L'ambition de ce livre est d'apporter des réponses aux questions qui hantent aujourd'hui les démocraties occidentales. Faut-il augmenter les salaires?? Comment faire de l'innovation une source de nouveaux emplois?? Faut-il favoriser les investissements d'expansion pour lutter contre le changement climatique?? Comment éviter que la jeunesse soit une génération sacrifiée?? Faut-il parier sur la qualification des emplois?? Enfin, ne faut-il pas investir davantage dans le social??
C'est à partir de six nouvelles répartitions des revenus, du travail, des qualifications, des innovations, au sein de la société et de ses différentes générations, que peut s'établir une croissance durable, inclusive et partagée par tous.
Ce livre marque un tournant majeur dans la réflexion économique. Il se fonde sur la réconciliation entre ces deux grands économistes?: Keynes, l'homme de la demande et du rôle de l'État, et Schumpeter, celui de l'innovation et de l'entrepreneur. Seule cette audace permet de penser le paradigme sur lequel devrait se construire l'économie de sociétés enfin apaisées.
Aujourd'hui, un jeune sur quatre est au chômage, et toute une génération perd confiance en son avenir. Il y a là une rupture du contrat social qui constitue une véritable bombe à retardement pour la France.
L'avenir n'est pas forcément porteur de régressions. Encore faut-il bousculer nos approches, dépasser nos représentations sociales habituelles : plus que dans le passé, c'est par le concept de "générations" que peut être comprise notre société.
Ce livre fait le pari que nous pouvons répondre à l'immobilisme par un projet suffisamment novateur pour réinsérer les jeunes dans la société. Il porte quatre "contrats donnant-donnant", quatre propositions chiffrées et argumentées qui pourraient permettre de retrouver un juste équilibre entre générations et de créer les conditions d'un nouveau dynamisme.
Chômage, dépenses de santé, financement des retraites, formation : l'approche générationnelle permet de penser différemment les blocages de notre société, et de bâtir de nouvelles formes de cohésion.
Nous vivons de plus en plus longtemps et surtout nous arrivons en meilleure santé à 60 ans, âge auquel nous étions naguère considérés comme vieux.
Autrement dit, un processus de rajeunissement se conjugue au vieillissement, ce qui constitue une opportunité économique et sociale majeure. Confrontée à ces évolutions, la France doit modifier en profondeur ses transferts financiers publics entre les différentes générations pour investir massivement dans sa jeunesse. On trouvera ici dix propositions concrètes afin d'alimenter les débats politiques et de proposer un scénario pour les choix futurs de société.