À côté des icônes de la Maçonnerie maintes fois citées, on mentionne bien rarement les Autres, ces Frères et ces Soeurs oubliés de la célébrité initiatique dont le parcours, souvent extraordinaire et parfois glorieux, mérite notre légitime curiosité.
Qu'ils soient aventuriers, artistes, hommes politiques, explorateurs, savants, militaires, ecclésiastiques (oui !), écrivains ou simples citoyens, ces Maçon(e)s ne sont pas resté(e)s dans leurs temples et leur histoire nous promet quelques savoureuses découvertes.
Et pourquoi ne pas revisiter également quelques personnages aux noms plus familiers, dont la vie recèle certains épisodes ignorés ?
Partant vers les cinq continents à la rencontre d'une soixantaine d'initiés tous aussi surprenants, pensons à Platon qui affirmait : c'est la vraie marque d'un philosophe que le sentiment d'étonnement.
Nombreux sont les hommes d'esprit qui ont été membres de la franc-maçonnerie. Depuis le siècle des Lumières, en commençant par Voltaire, jusqu'aux humoristes contemporains, en Europe continentale comme chez nos voisins anglo-saxons, Alain Mothu nous fait rencontrer une cinquantaine d'initiés pleins d'esprit, démontrant que, si le franc-maçon est "libre et de bonnes moeurs", rien ne lui interdit d'être également de bonne humeur! A côté des incontournables de l'humour comme Oscar Wilde, Mark Twain, Pierre Dac ou Léo Campion, figurent bien des noms inattendus, occasions de faire quelques souriantes découvertes. Au travers d'un florilège de leurs bons mots, mais aussi l'évocation de leur existence et de leur parcours maçonnique (parfois tout aussi réjouissants), l'auteur fait apparaître une "autre histoire" de la franc-maçonnerie, et montre que non seulement l'humour n'est pas antinomique avec une certaine démarche initiatique, mais qu'il peut aussi constituer une voie d'accès à la spiritualité. Solidement documenté et généreusement illustré, cet ouvrage s'adresse aussi bien au franc-maçon qu'au lecteur profane, offrant un voyage de trois siècles dans le temps, et confirmant, s'il en était besoin, que l'humour partage avec la franc-maçonnerie le privilège d'être universel.
Les réprouvés, les déviants politiques ou sexuels, les transgresseurs de normes morales, religieuses et philosophiques, ou de quelque autre manière que l'on appelle les déclassés du "Grand Siècle", ont toujours intrigué et séduit Madeleine Alcover. On en trouvera à foison dans ce livre. Des visiteurs de l'inquiétante altérité ethnographique ou de l'autrefois hérétique, bien sûr, mais aussi des rebelles aux bonnes manières langagières ou au "classicisme" ; des monstres androgynes ou velus, des sorciers ou leurs persécuteurs, des magiciens et des drogués, des cloîtrés, de probables illuminés, des "gueux", des "déviants" sexuels ; des femmes, enfin, exclues de première classe sous l'Ancien Régime - car elles n'étaient pas toutes, hélas, princesses ou "précieuses". Et encore, une myriade d'individus que, pour mille raisons controversées, on a appelés "libertins" en vertu de leur non-conformisme ou de leurs exigences existentielles : Blessebois, Bouchard, La Mothe Le Vayer, La Peyrère, Fourcroy, etc., sur lesquels sont publiés ici plusieurs mises au point décisives et des documents inédits. Cyrano, on s'en serait douté, n'est pas oublié dans ce recueil : il est même omniprésent et la section la plus longue du volume lui est spécialement consacrée. Celle-ci, globalement, bouscule bien des idées reçues à son sujet, et contre tous les aplatissements idéologiques ou relativistes dont l'accable régulièrement la critique, montre que notre homme était bien un radical d'exception, à la fois excentrique et fortement engagé en son siècle, et d'une rare lucidité. La matière historique qui nous est offerte ici est enfin matière à recul vis-à-vis de nos dévotions et soumissions actuelles. Les non-conformistes ou les marginaux d'autrefois, confrontés à d'autres normes, expulsés vers d'autres horizons, ont peut-être encore beaucoup à nous apprendre sur l'aberration de certaines frontières, comme sur nos facultés de résignation ou de résistance.
Bien avant le Système de la nature du baron d'Holbach, qui couronnera en 1770 plusieurs décennies d'activité souterraine, l'athéisme connaît une diffusion discrète mais réelle, qui traverse la culture des Lumières. Sa présence fut certes alors minoritaire. Parmi plusieurs centaines d'écrits manuscrits antireligieux repérés dans les bibliothèques européennes, seuls quelques-uns peuvent, en effet, être incontestablement regardés comme "athées". Ces derniers représentent cependant, dans leur majorité, les écrits les plus authentiquement philosophiques du corpus dit "clandestin ", tant en vertu de leur engagement conceptuel que par le fait qu'ils se mesurent avec les figures les plus importantes de la pensée européenne moderne: Descartes, Hobbes, Spinoza, Malebranche, Leibniz, Locke, etc.
On trouvera ici : I. Le Philosophe (Du Marsais). II. Origine des êtres et espèces (Boulainviller). III. Lettre de Thrasybule à Leucippe (Féret). IV. Sur les preuves de l'existence de Dieu (Perrelle). V. Essais sur la recherche de la vérité. VI. Réflexions sur l'existence de l'âme et de Dieu. VII. Jordanus Brunus redivivus. VIII. De la raison (Holbach, démarquant Toland).