En extrayant son Moïse du marbre, Michel- Ange savait-il qu'un certain Sigmund Freud allait bien plus tard danser autour ? Il s'ensuivit un article publié incognito, sans que son auteur en ait jamais donné la raison. Un détail intéresse tout spécialement Freud : le mouvement de la main droite de la statue, qui la sort de l'immobilité du marbre et dont la trace subsiste dans le cordon de barbe du prophète. Ayant élu une sculpture, Freud pouvait- il en rendre compte comme il l'avait fait pour le rêve, le symptôme, le mot d'esprit, par une interprétation d'ordre symbolique ? C'est bien plutôt un certain espace que découvre ici George-Henri Melenotte, où se meuvent Freud et Moïse, cet espace entre à propos duquel Lacan avait discrètement fourni de précieuses indications.
George-Henri Melenotte exerce la psychanalyse à Strasbourg. Il a précédemment publié Substances de l'imaginaire (Epel, 2004).
Avec « L'Instance de la lettre dans l'inconscient » (1957), Lacan relançait un concept de lettre qui, depuis Freud et L'Interprétation du rêve, passait pour central dans l'exercice et la théorie psychanalytiques. Jung lui-même, avec sa calligraphie du Livre rouge, y avait touché.
La lettre selon Lacan a longtemps entretenu des rapports ambigus avec le signifiant. Jusqu'à Lituraterre qui, en 1971, marque un tournant important. La voici désormais bord d'un trou, puis tresse, via le noeud borroméen (1972). Elle fera enfin le tissu qui enveloppe le lieu de l'Autre déserté par l'objet dans la seconde analytique du sexe. Ce que George-Henri Melenotte appelle ici la treille de l'absence. George-Henri Melenotte exerce la psychanalyse à Strasbourg. Il a précédemment publié Substances de l'imaginaire (Epel, 2004) et Freud incognito (Epel, 2017).