Partager les émotions des premiers écrivains-voyageurs et retrouver les racines d'un monde intemporel.
Dans un empire chinois livré aux guerriers, pirates et autres trafiquants, Albert Londres (1884-1932) affiche une humeur désinvolte : l'allure rapide, la réplique amusante, tout laisse entendre qu'une belle comédie se joue à Pékin, pourtant menacée par les seigneurs de la guerre.
Loin du ton mélodramatique qui prédomine dans le reportage de guerre contemporain, cette voix décalée, restée étonnamment moderne, renouvelle notre regard sur le monde.
Texte extrait de La Chine en folie, reportage publié dans l'Exelsior en 1922. (Deuxième édition)
EXTRAIT
Qui veut acheter le Palais d'Été ? Qui rêve de démolir vingt mètres de la muraille pour se construire une bicoque avec ces pierres sacrées ?
C'est à vendre.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
« Loin du ton mélodramatique, en Chine, Albert Londres n'y va pas par quatre chemins. » (Bibliomonde)
A PROPOS DE L'AUTEUR
Albert Londres nait à Vichy en 1884. Il passe son enfance à la Villa Italienne, pension de famille tenue par ses parents. Il dévore les oeuvres d'Hugo et Baudelaire. Il entre au Matin. Le 1er août 1914, la guerre est déclarée. Il devient correspondant de guerre. Ses papiers font sensations, son style détonne : plutôt que de se réfugier derrière l'objectivité, il écrit à la première personne. Il raconte ce qu'il voit, ce qu'il ressent et ce qu'il sait.
Il parcourt l'Espagne, puis l'Italie, et met en évidence les bouleversements apportés par le bolchevisme et le nationalisme qui agitent les esprits en Europe. Au Proche-Orient, au Liban, en Syrie, en Égypte, il traite du problème de la domination franco-britannique. Il réussit à entrer dans la toute jeune U.R.S.S. Il enquête sans complaisance, décrit le régime naissant et raconte les souffrances du peuple. En Inde, il se fait l'écho du vent de rébellion qui souffle sur ce vaste pays encore sous domination britannique; et en Chine, il dépeint un invraisemblable chaos.
Y'en a qui font la mauvaise tête au régiment
Les tires-au- cul ils font la bête inutilement
Quand ils veulent plus faire l'exercice et tout l'fourbi
On les envoie faire leur service à Biribi à Biribi
A Biribi c'est en Afrique où qu'l'plus fort
L'est obligé d'poser sa chique [se tenir tranquille]
Et de faire le mort
Où que l'plus malin désespère de faire chibi [s'évader]
Car on peut jamais s'faire la paire à Biribi à Biribi
A Biribi c'est là qu'on marche faut pas flancher
Quand l'chaouch [le sous off'] crie "en avant marche" il faut marcher
Et quand on veut faire ses épates c'est peau d'zébi [quand on veut faire le malin, c'est en vain]
On vous met les fers aux quat' pattes à Biribi à Biribi
A Biribi c'est là qu'on crève de soif et d'faim
C'est là qu'il faut marner [travailler] sans trêve jusqu'à la fin
Le soir on pense à la famille sous le gourbi
On pleure encore quand on roupille à Biribi à Biribi
A Biribi c'est là qu'on râle qu'on râle en rut
La nuit on entend hurler l'mâle qu'aurait pas cru
Qu'un jour y s'rait forcé d'connaître Mamzelle Bibi [avoir des relations homosexuelles]
Car tôt ou tard il faut en être à Biribi à Biribi
On est sauvage, lâche et féroce quand on r'vient
Si par hasard on fait un gosse on se souvient
On aimerait mieux quand on s'rappelle c'qu'on subit
Voir son enfant à la Nouvelle qu'à Biribi qu'à Biribi
Aristide Bruand
« Gabriele d'Annunzio et l'incident de Fiume » est une série d'articles d'Albert Londres publiés entre Mars 1919 et Janvier 1921. Ces articles, parus dans Le petit Parisien, puis dans L'Excelsior après que Londres se soit fait licencier du Petit Parisien sur ordre de Clémenceau, gravitent autour de la personnalité de Gabriele d'Annunzio, personnage hybride, rêveur et martial, poète célèbre et aviateur héros de la guerre, qui influencera Mussolini et les Fascistes, plaçant souvent D'Annunzio au mieux dans le camp des fous aux rêves dangereux, au pire parmi les Fascistes ou les pré-fascistes. C'est juste mais c'est réducteur. Ces articles nous permettent de comprendre la situation dramatique de l'Italie à la sortie de la Première guerre mondiale, la promesse (non tenue) faite à l'Italie par le camp des vainqueurs, la France et le Royaume-Uni, le ressentiment italien résultant dans une agitation sociale et politique intense, et dans un sursaut de nationalisme revendicateur. Albert Londres nous fait aussi découvrir le personnage de Gabriele d'Annunzio, son indignation face au sort des compatriotes de Fiume, et le « coup » de Fiume. Ensuite, c'est au lecteur de juger, non pas sur la base de ce qu'il convient de penser ou de dire, mais en fonction des faits.
Albert Londres ne réécrit pas l'Histoire, il la vit au plus près, en donne environ deux cents échos qui, ensemble, posent un regard, posent un homme, lui fournissent une réputation toute nouvelle et déjà solide.
Nous n'avons, dans ce volume, compilé que les articles signés par Albert Londres. On sait qu'avant d'arriver à Reims en septembre 1914, il avait déjà écrit quelques grands articles. Mais, en l'absence de son nom après le point final, ils ont été écartés. En revanche, la lecture attentive, quatre années durant, des journaux pour lesquels il travaillait à cette époque a permis d'exhumer, en pages intérieures, quelques textes passés inaperçus dans des éditions précédentes. L'exhaustivité a été notre objectif, la rigueur dans la transcription tout autant. En comparant l'original et les diverses copies publiées avant celle-ci, des divergences apparaissent. Elles partent, pour la plupart, d'un bon sentiment : rétablir, dans des phrases parfois longues, à coups de virgules par exemple, un rythme convenu - alors que celui d'Albert Londres ne l'est guère, dans l'économie de respirations qui le caractérise. Sa prose est un flux tendu qui restitue, mieux qu'une langue classique, le tempo des événements.
« Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de choeur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » - Albert Londres, est plus qu'une référence pour de nombreux journalistes en France et dans le monde, mais un mythe qu'évoque notamment l'écrivain biographe Pierre Assouline en rendant un vibrant hommage à « ce journaliste hors pair qui a su donner ses lettres de noblesse à une profession qui expédie, de par le monde, charognards impénitents, vagabonds internationaux et flâneurs salariés du reportage au long cours ».
L'intégrale d'Albert Londres, relue, corrigée, mise en forme et enregistrée au Format professionnel électronique © Ink Book édition.
Contenant :
Biographie de l'Auteur
L'agonie de la basilique (1914)
Contre le bourrage de crâne (1917-1918)
Dans la Russie des Soviets (1920)
Visions orientales (1922)
La Chine en folie (1922)
Au bagne (1923)
Dante n'avait rien vu (1924)
Les Forçats de la route ou Tour de France, tour de souffrance (1924)
Chez les fous (1925)
Le Chemin de Buenos Aires (1927)
Marseille, porte du sud (1927)
L'Homme qui s'évada (1928)
Terre d'ébène (1929)
Le Juif errant est arrivé (1930)
Pêcheurs de perles (1931)
Les Comitadjis (1932)
La Guerre à Shanghai (1932)
Adieu Cayennes (1932) (Nouvelle version de l'homme qui s'évada)