Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Albert Londres. En 1867, la colonie française de la Guyanne devient terre de bagne. Jusqu'en 1938, année du décret de leur fermeture, les pénitenciers locaux verront passer quelque 75000 détenus, avec un taux de mortalité supérieur à 20%. Dès 1923, Albert Londres se rend aux Îles du Salut et visite les bagnes de Cayenne et de Saint-Laurent-du-Maroni pour une série d'articles qui sera publiée dans le journal "Le Petit Parisien". Il décrit cet univers carcéral, sans misérabilisme mais avec toute l'humanité et la rigueur professionnelle du grand journaliste qu'il est devenu. Il relate les conditions de vie horribles des bagnards, dresse les portraits de plusieurs forçats (dont l'anarchiste Eugène Dieudonné qu'il contribuera plus tard à faire réhabiliter), raconte la violence, la tyrannie, les injustices, les maladies, les trafics en tous genres. Albert Londres clôt son enquête par une lettre ouverte au ministre des Colonies, dénonçant les dysfonctionnements et les pratiques inhumaines de l'administration pénitencière qui régit ces camps de prisonniers condamnés au travaux forcés. Son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion publique qui découvre le scandale. Les autorités prendront alors conscience du problème et amélioreront progressivement le sort des détenus avant finalement de décider la fermeture des bagnes de Guyanne en 1938.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Albert Londres. Du 22 juin au 20 juillet 1924, Albert Londres couvre le 18e Tour de France pour "Le Petit Parisien", une grande boucle de 5425 km en 15 étapes: Paris - Le Havre - Cherbourg - Brest - Les Sables d'Olonne, Bayonne - Luchon - Perpignan - Toulon - Nice - Briançon - Gex - Strasbourg - Metz - Dunkerque - Paris. Il en tire un Grand reportage où il célèbre les géants de ces temps héroïques du cyclisme, à commencer par l'italien Ottavio Bottechia, vainqueur et porteur du maillot jaune du début à la fin de l'épreuve. Albert Londres décrit la France populaire de l'entre-deux-guerres tout en notant les exploits, les drames, les souffrances, le dopage, tous les petits et grands évènements de cette compétition sportive qui suscite un immense engouement dans le pays. L'auteur de "Au Bagne" n'hésite pas non plus à dénoncer la sévérité et l'absurdité du règlement ainsi que le courage et l'endurance physique exigés des coureurs (des 157 cyclistes sur la ligne de départ, il n'en restera plus que 60 à l'arrivée), comme le souligne l'autre titre de son reportage: "Tour de France, tour de souffrance". Devenu mythique, ce grand reportage sur "Les Forçats de la route" est une référence de la littérature sportive.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Albert Londres. Figure incontournable du grand reportage écrit du XXe siècle, défendant souvent des causes de justice sociale, Albert Londres a sillonné le monde pour les grands journaux de son époque et marqué plusieurs générations de journalistes contemporains. Après avoir décrit l'enfer de l'enfermement dans les retentissants "Au bagne" et "Dante n'avait rien vu", le journaliste s'attaque en 1925 à l'univers alors méconnu des hôpitaux psychiatriques. Pour le "Petit Parisien" il se rend dans plusieurs asiles d'aliénés afin de décrire les conditions de vie des malades mentaux qui y sont enfermés. Il visite les établissements, s'entretient avec le corps médical et les patients, dénonce les scandales sanitaires et les mauvais traitements, et dresse finalement en une douzaine d'articles un très lucide et très pertinent état des lieux de la psychiatrie et de la condition faite aux fous par la société de l'époque. Le journaliste n'hésite pas à exprimer aussi un point de vue politique radicalement humaniste sur ce monde de la folie et de la santé publique dans la France de l'entre-deux guerres.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Albert Londres. Écrit en 1926, "Marseille, porte du Sud" est l'un des plus beaux reportages d'Albert Londres. Lorsqu'il décide de se rendre dans la cité phocéenne, il a déjà sillonné le monde entier, couvert la Grande Guerre et publié de nombreux grands reportages qui ont fait sensation. Il n'en éprouve pas moins, en parcourant le grand port méditerranéen, une stupéfaction de jeune voyageur. Dans Marseille alors centre de transit de l'empire colonial français, il rencontre des aventuriers, des immigrés, des métis, des commerçants, des prostituées, des trafiquants, des tatoueurs, des drogués, des dockers et des marins de tous les ports et de tous les pays du monde. Le Sud s'ouvre à lui et l'idée du départ imprègne toute la ville. Extrait: "C'est un port, l'un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sur tous les parallèles. À tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers. Il est l'un des grands seigneurs du large. Phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s'appelle le port de Marseille. Il a plus de cinq kilomètres de long. Il n'en finit pas. Peut-être bien a-t-il six, ou même sept kilomètres. Môle A, Môle B, Môle C. Il va presque jusqu'au milieu de l'alphabet, le port de Marseille... C'est le marché offert par la France aux vendeurs du vaste monde. Les chameaux portant leur faix vers les mahonnes d'au-delà nos mers, sans le savoir, marchent vers lui. Port de Marseille: cour d'honneur d'un imaginaire palais du commerce universel..."
En 1926, l'auteur de "Marseille, porte du Sud", s'intéresse aux réseaux de prostitution et en particulier au sujet très sensible à l'époque de la "traite des blanches", à savoir l'émigration plus ou moins forcée vers l'Argentine de jeunes femmes françaises pauvres tombées sous la coupe de proxénètes. Après avoir recueilli des renseignements dans le milieu des souteneurs et des recruteurs parisiens, le grand reporter embarque pour Bilbao, Buenos Aires et Montevideo. Sur place, de trottoirs en maisons closes, il mène une passionante enquête de terrain sur la piste des "Franchuchas" malgré l'hostilité de la pègre locale avec ses maquereaux, trafiquants, rastaquouères et canailles en tous genres, tels Vacabana le Maure ou Victor le Victorieux. Il décrit avec minutie les mécanismes et relations de complicité ou d'intérêts bien compris entre tous les membres de ces réseaux de prostitution, notamment entre les filles et leurs protecteurs, ainsi que les diverses communautés impliquées, comme par exemple la puissante "Zwi Migdal", une organisation de proxénètes juifs qui prostitue pour sa part les femmes juives polonaises. "Le Chemin de Buenos Aires", sous-titré "La traite des blanches", est l'une des enquêtes les plus humanistes et les plus engagées d'Albert Londres qui, le premier avec ce livre-reportage, n'hésite pas souligner la responsabilité collective du phénomène et à mettre en cause le système social patriarcal et machiste qui l'engendre et en tire profit.