Cet ouvrage s'intéresse à l'articulation entre l'idéologie et le processus de subjectivation des individus dans l'histoire. Il montre que l'idéologie, comme réitération du désir profond de la vie, participe au processus de transformation des subjectivités historiques en situation d'aliénation en libérant l'attention prisonnière des contenus représentationnels et généralisateurs de la conscience pour la renvoyer vers le pouvoir d'inventivité de la vie.
Les thèses freudiennes appuyées par la clinique ont requalifié ce que l'on entendait traditionnellement par « psychique », ainsi que la ségrégation entre conscience et inconscient thématisée dans le champ de la philosophie moderne. Alors que l'inconscient avait été conçu comme une négation ponctuelle de la conscience, Freud opère un renversement radical de situation en soutenant que le psychique est de part en part inconscient, alors que la conscience n'est qu'une qualité ponctuelle et intermittente de celui-ci. Dès lors, une philosophie centrée sur la vie de la conscience, telle la phénoménologie, loin de pouvoir faire abstraction de cette révolution freudienne, doit, au contraire, en prendre pleinement la mesure. Les textes réunis dans ce volume cherchent à montrer que la phénoménologie est susceptible de trouver dans la question de l'inconscient non seulement une limite, mais aussi un lieu inédit de réflexion à partir duquel bon nombre de ses propres questions peuvent être relancées et réélaborées.