L'ange mal garé emprunte tout à la fois au poème une forme pleine d'échos et à la prose une allure aux multiples aiguillons, et mobilise des atmosphères, des effervescences et des fragments de mémoire. Entre lanterne magique et brutalité du monde, lumières crues et zones d'ombre, seize textes de Didier Arnaudet et seize eaux-fortes de Carmelo Zagari se rencontrent, se croisent, se prolongent et produisent des blocs de scènes, de fictions, de sensations et d'ellipses vertigineuses.
" Je n'ai ni beaucoup de temps pour t'écrire ni, d'ailleurs, mon petit amour méchant, grand-chose à te dire que je ne puisse dire bien mieux demain de vive voix dans le laps de temps, malheureusement bref, que dure le parcours de la rua do Arsenal à la maison de ta soeur. " Lettres à la fiancée, Fernando Pessoa. Livre sur le rendez-vous mais aussi histoire d'amour qui se donne à parcourir de nouveau.
comment faire sortir l'aphorisme de l'alignement mortifère ? comment enchaîner un mot à une phrase ? comment cesser de se répéter, de commenter ? que reste-t-il de la poésie quand on enlève la pose ? peut-on continuer, reprendre l'expérience des pères avec les pairs pour seuls lecteurs ? en quoi le poétique devient-il, plus poliment, politique ?.
Née à New York en 1971, Sarah Riggs vit en France depuis 2001. Cet ouvrage, paru en 2007 aux éditions Reality Street (Angleterre) est traduit pour la 1ère fois en Français (par les poètes Stéphane Bouquet, Virginie Lalucq, Jérôme Mauche, Éric Suchère et Bénédicte Vilgrain). Très sensible aux ambiances, Sarah Riggs l'est aussi aux manifestations du quotidien et au sens à leur donner ; son ouvrage est par ailleurs construit dans une forme résolument contemporaine. Elle a publié aux éditions de l'Attente trois autres ouvrages à l'écoute de différentes formes d'écriture selon les supports : télégrammes, textos, post-it.
Face à l'instabilité du monde, il prend le parti de se raccrocher à des repères sans garanties particulières.
Il convoque et mélange à plaisir des conversations fragmentées, flottantes, échouées dans un espace fabriqué, inventé de toutes pièces.
Ce qui domine quand on lit Ryoko Sekiguchi c'est l'infinie douceur de son écriture, malgré l'incroyable acuité de son regard. Elle
regarde d'en haut, d'en bas, de l'intérieur, ce qui l'entoure, évidant tous les angles, imperceptiblement. Son précédent livre, Adagio ma
non troppo (Le bleu du ciel, 2007) se déroulait à Lisbonne, s'attachant à la notion de déplacement, en écho au livre de Fernando Pessoa,
Lettres à la Fiancée. Études vapeur et Série Grenade se déroulent sur deux étés, à Grenade en Andalousie. Toujours la chaleur, l'eau (les
bassins, les fontaines), les plantes, la marche, récurrentes dans l'oeuvre de Ryoko, mais ici, le travail sur l'incidence de la perception
fait écho à l'article éponyme de l'Encyclopédie de Diderot. Et Ryoko, qui n'en est plus à une prouesse près, soigne toujours sa construction
narrative : ici, les scènes se déploient sur une journée, du matin de la première page, à la nuit de la dernière page.
Un nécessaire malentendu, troisième volume. Trois façons d'entrevoir ce que la langue, la poésie, la prose, peuvent transformer d'une
histoire la plus banale qui soit. Chaque volume a son propre débit, son propre lexique, son propre système narratif. « J'ai toujours souhaité
et tenté dans mon travail de rendre hommage à ceux qui me font aimer les livres, la littérature, la lecture. Pas de journée sans lecture.
Et parfois le sentiment que celui que vous lisez vous a reconnu et vous fait un signe, vous envoie quelque chose que vous pourrez glisser
dans votre travail. Oui, nous sommes le contemporain d'un texte sans fin ». Après les méli-mélo familiaux (La vie de famille), les débuts
de l'histoire d'amour (« ce qui arrive »), voici donc le troisième volume, Le chemin vers la cabane, la séparation (provisoire), la solitude,
le monde élémentaire re-connu et la lettre perdue. Neuf autres volumes doivent suivre.
Il a été demandé aux amis de Michel Deguy - et à son insu - de former une grande boucle, une « guirlande », un grand huit de textes écrits non sur lui, mais écrits en pensant à lui. L'idée était de lui offrir le 6 juin 2010, à Paris, à l'occasion d'une grande fête prévue à la maison d'Amérique Latine. De grandes signatures d'artistes, de philosophes, de poètes, d'intellectuels signent donc cet important ouvrage dont Valerio Adami (qui signe également un portait), Robert Badinter, Paul Celan, Yves Charnet, Jean-Luc Nancy, Catherine Perret, Olivier Rollin, Esther Tellermann, Andrea Zanzotto...
c'est une nuée d'images.
elle n'occupe pas un territoire préétabli oú il serait aisé de la situer mais elle élabore au fur et à mesure son champ d'action, ses règles d'investigation. son évolution ne se présente pas comme une progression narrative, mais comme une constellation d'informations, de scènes, de temps, qui convoque une infinité de questions, sans prétention à les résoudre. il n'est pas inutile de dire qu'elle creuse, occupe, engorge, puis engendre différentes formes de brusques sorties vers le large.
comme une baïne.
Un livre de 100 photographies couvrant trente ans de travail noir et blanc présentées par les grands poètes d'aujourd'hui (Olivier Domerg, Jean-Marc Baillieu, Pierre Parlant, Véronique Vassiliou, Michael Foucat, Jean-Marc Pontier, Emanuelle Bayamack-Tam...). Cofondatrice d'Autres et Pareils l'association, depuis 1989, Brigitte Palaggi est avant tout photographe. Explorant son parcours depuis ses débuts (soit trente ans de photographie, 1976-2006), cette monographie propose une sélection d'images, souvent inédites, témoignant de différents travaux menés jusqu'ici. Toute monographie relève d'un choix. Celle-ci emprunte la lenteur déambulatoire d'une promenade, ponctuée de chemins de traverse et de raccourcis d'images, égrenant des lieux (la Roumanie, le Panier à Marseille, l'île de Manhattan, la pointe du Finistère, l'Étang de Berre...), situations et thématiques, chères à cette photographe.
entre le fantasme et l'hyper-vécu, chaque minuscule détail est repéré, intégré, déplacé, hors de la confidence.
la logique de la phrase et du vers n'est pas celle du sens. lola montes danse pour la comtesse de ségur, le minotaure, james ensor, milton, beethoven, hawthorne croisent diderot et wittgenstein, dans une fabrique de citations et de glissements sur lesquels jouent, dans le flux de cohérences indistinctes, les différents régimes de la vérité.
Huguette Champroux, poète, auteur de fictions pour France-Culture, nous a quittés en 2003. Cet ouvrage, qui vient combattre une grande et très flagrante injustice littéraire, se compose de recueils publiés du vivant de l'auteur, recueils très souvent dispersés, voire introuvables. Il rassemble aussi de nombreux textes et poèmes inédits. Il donne à Huguette Champroux cette place de grand écrivain qu'elle mérite à plus d'un titre.
Je suis heureux, chère vague, de t'adresser ce livre, j'ai eu un peu de mal, tu verras, avec la dernière phrase, j'avais rêvé d'une phrase un peu plus lente mais j'ai eu du mal à tenir cette lenteur jusqu'au bout, le moindre à-coup pouvait tout précipiter, j'aurais voulu tout arrêter, mais cela reprenait, d'autres vagues revenaient, je rêve encore de toi parfois, je pense à toi, tu verras, je n'ai pas pu tout écrire, je t'embrasse.
Où je vous ai reconnus quatre fois, Andrée, Ben, Bill, Iris, Jack, Marcel, Mrs Lindbergh, Gertrude, William...
En morceaux dans la réplication du mobile, de sa lecture face à face, du volume manipulé intimement en quelque sorte mais seulement en surface, d'une forme de leurre parallélépipède tourné entre les doigts collants, coupant, de tout ceci continûement la resucée nette dans la même région, un ensemble se reconciliait cependant de retour au bloc, patiemment. Et c'était l'affaire.